A l’occasion du 51ème anniversaire de l’assassinat du militant révolutionnaire Pierre Overney par la milice patronale de Renault, nous republions un texte de la Ligue de la Jeunesse Révolutionnaire, écrit l’année dernière. Ce texte est trouvable en suivant le lien suivant : https://liguejr.wordpress.com/2022/02/28/heros-et-heroines-du-proletariat-de-france-1-pierre-overney/
Cette année encore, la LJR a honoré sa mémoire avec des actions dans toute la France :
Héros et Héroïnes du prolétariat de France – Pierre Overney
Un jeune ouvrier et militant maoïste
Pierre Overney était un ouvrier et militant maoïste, membre de la Gauche Prolétarienne, qui a milité depuis les débuts de l’organisation en 1968 jusqu’à son assassinat en 1972. La Gauche Prolétarienne est une organisation née de la volonté de membres d’anciennes organisations de jeunesse communistes de fonder une organisation de combat prompte à porter les aspirations de la jeunesse, loin du révisionnisme ambiant. Fondé en 1968 et auto-dissoute en 1973, cette organisation compte entre 3000 et 5000 membres, pour un courant de sympathie comptant des centaines de milliers de personnes. Elle a réuni la jeunesse révolutionnaire du pays alors que le monde entier connaissait l’onde de choc portée par la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne en Chine, dans la grande lutte entre la révolution et la contre-révolution (qui avait alors triomphé en URSS, où une nouvelle bourgeoisie avait pris le pouvoir) au niveau mondial.
Dès sa création la GP va rapidement se démarquer des autres organisations « révolutionnaires » ou d’extrême gauche. Présente sur tous les fronts la GP va axer son travail sur plusieurs domaines. Ainsi elle va s’implanter principalement dans les usines, là où se trouve le cœur du prolétariat. Elle va notamment être présente dans les usines Renault à Billancourt et sur Paris. De par ce fait, elle va également organiser le prolétariat immigré, et en impulsant par la suite le Mouvement des Travailleurs Arabes, vaste mouvement rassemblant des milliers de membres.
La GP va également assurer une forte présence sur les universités afin de ne pas laisser la jeunesse aux organisations révisionnistes ou bourgeoises, et va connaître un grand succès dans cette entreprise. La GP considérait que les étudiants issus de la bourgeoisie ne servaient à rien si ils n’allaient pas à la rencontre des masses. Peu importe son origine de classe c’est dans quel sens on agit qui importe. De par leur dynamisme et leur volonté réelle révolutionnaire, la GP va recruter de nombreux étudiants qu’elle formera ensuite au Travail de Masse, en les emmenant notamment sur leurs luttes lors des occupations d’usines, ou des actions au cœur des quartiers contre le mal-logement.
De par sa conscience idéologique poussé, c’est tout naturellement que la GP se positionne pour la défense et la libération de la Palestine, ce qui à leur époque constituait une franche rupture et était très mal vu de l’opinion publique. Le camarade Pierre Overney dit Pierrot était notamment très actif dans ces Comités Palestine. Cette volonté de libération de la Palestine était à portée révolutionnaire, comme le disaient eux-mêmes les camarades à l’époque : « la guerre populaire, seul moyen pour le peuple palestinien de récupérer ses droits historiques et légitimes ». Leur soutien à la Palestine se traduisait au quotidien par des actes concrets et déterminés, nous pouvons notamment prendre l’exemple de la manifestation en soutien à la Palestine, ou des militants de la GP participant à la manifestation sur Paris ont intégralement saccagé l’ambassade d’Israël en soutien à la lutte du peuple palestinien.
Originaire d’une petite ville de Picardie, d’un père ouvrier agricole et d’une mère sans profession, il passe son adolescence dans les travaux agricoles puis à l’usine, sans formation. À l’âge de 18 ans, il s’installe à Paris et travaille sur les chaînes de montage dans l’automobile. Il fait son service militaire en 68 et profite d’une permission pour participer aux manifestations, il voit son temps de service allongé pour insubordination. Une fois son service terminé il intègre la Gauche Prolétarienne dès sa fondation où il devient un militant actif. Combatif, il est licencié après avoir tagué les voitures des cadres de Citroën, il travaille ensuite chez Renault où son chef de service reçoit un pot de peinture pour protester contre les licenciements et le harcèlement de la hiérarchie contre les ouvriers, il est à nouveau licencié pour avoir vendu la Cause du Peuple, le journal de l’organisation. À seulement 23 ans, Pierrot avait fait le choix de se battre de toutes ses forces pour changer le monde, et vaincre la bourgeoisie. Il était de tous les combats, Comité Palestine, diffusion de la Cause du Peuple, et très actif dans les actions de la GP.
Si la GP a eu un tel succès à l’époque, c’est grâce à plusieurs facteurs. Tout d’abord la GP était une organisation de combat politique et pratique. Pas de discours à l’Assemblée Nationale, ou de jérémiades sur les plateaux télés, comme nos pseudos « communistes » ou révolutionnaires d’aujourd’hui. La GP avait deux devises très marquantes, « Rendre coup pour coup » et « Pour un œil, les deux yeux, et pour une dent la gueule entière ». Ces devises étaient très régulièrement mises en pratiques. Lorsque qu’un petit chef usait de son pouvoir au sein d’une usine, la GP envoyait un commando le remettre à sa place. Lorsque le rythme des cadences étaient trop élevées ; la GP pratiquait le sabotage sur les chaînes de travail au cœur de l’usine. La GP était également au cœur des masses, et luttait pour elles de façon concrète et au quotidien. Ainsi de multiples logements étaient réquisitionnés pour loger dignement des habitantes des quartiers, des tickets de métro étaient réquisitionnés pour que les ouvriers ne payent pas pour aller travailler. Ce que la GP disait, elle le mettait en action, à des lieux de ce que les pseudo-révolutionnaires font aujourd’hui.
De plus, suite aux accords de Grenelles et à la trahison ultime des directions syndicales, la GP va se forger dans la lutte contre les pourritures de directions syndicales dont la CGT. Il était courant que de nombreux affrontements aient lieux entre ces deux organisations. Il est aujourd’hui facile de se rendre compte que les directions syndicales ne sont pas le cœur ardent de la révolution et que bien souvent elles ne représentent personnes à part elles-mêmes et leur bureaucratie. Mais à l’époque, c’était une fois de plus une rupture majeure. Tout comme le fait que dès l’époque la GP dénonçait et combattait le révisionnisme du P « C » F, qui aujourd’hui est un fait acté mais qui à l’époque était source de tensions. La GP et donc Pierrot sont une inspiration encore aujourd’hui de par leur combativité et leur lien profond avec les masses opprimés du pays.
Pierrot enfin, est mort assassiné le 25 février 1972, alors qu’il tractait avec des camarades devant l’usine Renault Billancourt pour appeler à une manifestation en commémoration du massacre de Charonne commis 10 ans auparavant. Auparavant ouvrier dans cette même usine, Pierrot est resté jusqu’au bout fidèle au drapeau rouge et à ses convictions. En effet, alors qu’un ancien parachutiste, déployé en Algérie, le chien de la milice patronal Tramoni a sorti son pistolet en menaçant Pierrot, celui-ci serait resté et aurait dit « vas-y tire » affrontant la mort comme tout bon révolutionnaire, en face et la tête haute. Mort sur le coup, le camarade à tout de même été vengé quelques années plus tard par des ex-membres de la GP qui ont à leur tour assassiné le chien Tramoni. Les obsèques de Pierrot ont rassemblé quelques 200 000 personnes sur Paris, Drapeau Rouge flottant bien haut en tête du cortège et animé de la conviction que Pierrot n’est pas mort tant que nous continuons à lutter !
Lorsque nous abordons la question de la Révolution nous abordons aussi la question de la vie et de la mort. En fin de compte nous mourrons un jour, mais pourquoi aura-t-on vécu ? Vivre pour le peuple ou vivre pour des intérêts égoïstes, c’est un choix que nous faisons. Mourir pour le peuple c’est vivre pour le peuple et donner ainsi tout son sens à notre existence. Pierre Overney est mort pour la Cause du Peuple, et ainsi il vit à jamais dans les luttes du prolétariat français et mondial. Pierrot n’est pas mort en vain, il vit au travers de nos luttes et est un exemple quotidien et au combien exaltant pour la Jeunesse de notre pays.
Pierrot, héros de la classe ouvrière, à jamais à l’avant-garde de nos luttes !
Nous vous conseillons la lecture du livre rédigé par d’anciens membres de la Gauche Prolétarienne : « Les nouveaux partisans, histoire de la Gauche Prolétarienne » ainsi que le livre de Robert Linhart « l’Établi » qui relate le quotidien de la lutte dans une usine.