Le 14 janvier 2023, un coup de tonnerre à retenti lors de la conférence de presse clôturant la première carte (Nom des séries de combats de l’UFC) Ultimate Fighting Championship (UFC) de l’année qui a vu l’américain Sean Strickland s’imposer aux points contre le français Nassourdine Imavov. Une victoire éclipsée par celle, en dehors du ring, du camerounais Francis Ngannou, qui a refusé de renouveler son contrat avec l’organisation dans laquelle il était jusque là champion du monde des poids lourds. Il quitte ainsi son titre, sur ses termes, préférant sa liberté à un contrat qui aurait fait de lui « le combattant de MMA (arts martiaux mixtes) poids lourd le mieux payé de l’histoire ». Ce faisant il rejoint d’autres athlètes ayant choisi de quitter l’organisation la plus prestigieuse de la MMA, lui préférant la liberté offerte par d’autres. Parmi ces retraités de l’UFC cette année nous pouvons citer Shane Burgoss qui a préféré continuer sa carrière à la Professional Fighters League (PFL) ou bien Nate Diaz, véritable star du sport ayant combattu les plus grands, qui, comme Francis, n’a pas souhaité renouveler un contrat abusif.
Les contrats abusifs et les mauvaises conditions de travail à l’UFC sont depuis longtemps décriés par les combattants. Diverses tentatives de faire bouger les lignes ont eu lieu et le départ de Francis Ngannou de l’organisation phare du sport montre le dernier volet en date dans cette lutte. Car celui-ci pour la renégociation de son contrat avait plusieurs demandes, telles que la possibilité d’être sponsorisé par des compagnies autres que les partenaires de l’UFC, un contrat de trois combats sans extension en cas de victoire…
Deux autres de ses demandes méritent une attention toute particulière car elles auraient eu des implications pour l’ensemble des combattants sous contrat avec l’UFC : une assurance maladie pour les combattants et une représentation syndicale. Concernant la première de ces demandes, on est en droit de se demander comment, dans un sport dont les risques pour la santé ne sont plus à démontrer, une organisation peut se permettre de faire l’impasse sur une assurance maladie. La demande concernant la représentation syndicale est une lutte de longue date de la part des combattants et anciens combattants de l’UFC et a toujours fait l’objet d’une opposition farouche des têtes de l’organisation d’arts martiaux, car elle mettrait en péril leur business basé sur la marchandisation des athlètes.
Ces exigences de Francis Ngannou font suite aux revendications d’anciens athlètes ayant tenté de s’organiser pour faire changer les choses sur les droits des combattants, comme Nathan Quarry et Cung Le en 2016. Leur tentative avait reçu un accueil modéré, que ce soit de la part des athlètes ou bien du public, les deux ayant subi une campagne de diabolisation de la part de l’UFC. La décision de Francis de quitter son titre de champion du monde, préférant se battre pour de meilleures conditions de travail pour tous ses collègues que pour une organisation ne les respectant pas, était peut être ce qui manquait pour faire pencher la balance.