En France, tout comme dans un grand nombre d’autres pays impérialistes, les réformes successives mettent à mal les « acquis sociaux ». Parfois également appelés « conquis sociaux », ils représentent dans l’imaginaire collectif toutes les réformes sorties des luttes ouvrières en Europe au 19ème et 20eme siècle. Retraites, droits au travail, chômage, congés payés, sécurité sociale, etc. En France, l’idée que ces « acquis » nous sont dus sans condition est très forte, même si l’on se souvient des luttes qui les ont produits : les grèves de 1936, 1968…
Au 21ème siècle, la bourgeoisie ne veut plus de ces réformes, et elle restructure son État pour s’en débarrasser. Depuis la Seconde Guerre Mondiale, elle redistribuait largement ses superprofits dans les pays impérialistes pour faire accepter à la population l’oppression et l’exploitation, à la maison comme à l’étranger. Désormais, l’heure est aux coupes budgétaires, à l’allongement du temps de travail, au recul de l’âge de départ à la retraite. C’est une tactique logique pour la bourgeoisie : elle a le pouvoir de reprendre ce qu’elle a donné, et elle en a besoin pour se sortir de sa crise générale. En face d’elle, elle trouve un mouvement ouvrier qui, parasité par le réformisme, se croit sur la défensive.
Voilà pourquoi nos « acquis sociaux » sous le capitalisme ne sont pas durables et sont désormais attaqués. Lénine écrivait : « La bourgeoisie libérale accorde des réformes d’une main, et de l’autre les reprend toujours, les réduit à néant, les utilise pour asservir les travailleurs, les diviser en groupes séparés et perpétuer l’esclavage salarié. »
Même dans les soi-disant « paradis sociaux-démocrates » du Nord de l’Europe (Suède, Norvège, Danemark), « l’État providence » est depuis longtemps une illusion. Les impérialistes ferment les vannes partout et enfoncent leurs griffes plus profondément dans les pays opprimés et dans notre exploitation ici. Ce n’est pas un signe de leur force, mais de leur faiblesse : ils n’ont que ça pour se maintenir.
Alors que faire ? Évidemment nous nous mobilisons quand le gouvernement bourgeois attaque nos droits, nos « acquis ». C’est la réaction la plus normale : « Les marxistes reconnaissent la lutte pour les réformes, c’est-à-dire pour des mesures qui améliorent les conditions des travailleurs sans détruire le pouvoir de la classe dirigeante. » (Lénine)
Mais ce n’est pas suffisant. Si l’on identifie que le pouvoir de la bourgeoisie est la raison pour laquelle ils peuvent toujours nous retirer nos « acquis », alors il ne suffit pas de demander la retraite à 60 ans ou le SMIC à 2000 €. Il faut leur arracher le pouvoir, avec la conscience que seul notre propre pouvoir pourra garantir de véritables conquêtes durables. La lutte de classes n’est pas superficielle : il faut voir le chemin qui mène à la révolution socialiste en France, par la forme la plus élevée de cette lutte.
La soi-disant « alternative » de la gauche réformiste, qui fait ses choux gras sur les mouvements de masse pour alimenter sa « lutte parlementaire » ne fait que nous ramener à l’arrière et nous refuser la véritable libération : « Plus l’influence réformiste est forte parmi les ouvriers, plus ceux-ci sont faibles, plus ils dépendent de la bourgeoisie, et plus il est facile pour la bourgeoisie d’annuler les réformes par divers subterfuges. Plus le mouvement ouvrier est indépendant, plus ses objectifs sont profonds et larges, et plus il est libéré de l’étroitesse réformiste, plus il est facile pour les travailleurs de conserver et d’utiliser les améliorations. » (Lénine)