Émeutes du 16 mars : la France s’embrase

Le 16 mars, admettant qu’ils n’auraient pas la majorité des députés avec eux, Macron et Borne décident d’engager la responsabilité du gouvernement et faire adopter la loi sans vote du parlement (Article 49-3). Le gouvernement ne rend pas de risque et accélère la cadence dans l’adoption d’une nouvelle attaque sur notre classe. Les grèves et blocages durent depuis la veille : des axes routiers, des sites de production d’énergie, des dépôts pétroliers, des points de collectes d’ordure, etc. A l’annonce du recours au 49-3, les réactions sont immédiates et des appels à manifester fusent, devant l’Assemblée Nationale et les préfectures partout dans le pays. Plusieurs milliers de personnes bravent les dispositifs policiers pour défiler en dehors des parcours syndicaux classiques.

A Paris, Marseille, Lyon, Toulouse, Nantes, Rennes, les manifestations prennent la forme d’émeutes et des dizaines de feux sont allumés sur les parcours pour désorganiser la police. Dans d’autres villes, des manifestations sauvages, où se mêlent jeunes et moins jeunes, ont lieu. La combativité est grande, avec des tirs de mortiers d’artifice en direction des flics en réponse aux tirs de LBD qui blessent régulièrement des manifestants. A Nantes, des cocktails Molotov sont lancés. Partout, les agences d’intérim briseuses de grèves sont prises pour cible. C’est aussi le cas des agences immobilières qui volent chaque mois l’argent des locataires. A Rennes, la devanture d’un commissariat a également été cassée et des pillages de magasin ont eu lieu. La répression s’organise immédiatement : 310 personnes ont été interpellées, dont 258 sur Paris (près de 4% du cortège).

Dans la capitale, un rassemblement s’organisait à la Concorde, avec des milliers de travailleurs et plusieurs centaines de jeunes en cortège depuis la Sorbonne. Très vite en début de soirée, les manifestations tentent de déborder les abords de la place et les lignes de police. Des barricades sont érigées et des incendies allumés dans chaque rue pour défier la Gendarmerie mobile et la BRAVM (Brigade de répression de l’action violente motorisée). Les rues se dépavent et les affrontements s’emballent, les manifestants saisissant tous projectiles à portée de main alors que les flics répriment avec les gaz lacrymogènes. Le tout à une centaine de mètres du palais de l’Élysée.

Ce jeudi 16 mars, un cap a été franchi dans la mobilisation, ces rassemblements spontanés ont dépassé l’agenda syndical et su rattraper celui du gouvernement. La stratégie de « guérilla parlementaire » de l’opposition a montré sa totale inutilité face à la combativité de la rue. Dès le lendemain, le ministre de l’intérieur a convoqué une réunion d’urgence avec l’ensemble des préfets pour redéfinir les modalités du maintien de l’ordre suite aux émeutes. Une attention particulière est donnée à Rennes, décrite comme un « bastion de l’ultra-gauche ». La CRS 8, corps de répression spécialisé dans les violences urbaine, y est envoyé le jour même.

Vue la faiblesse des appareils syndicaux et la sectorisation de la grève reconductible, des formes d’actions se généralisent sortant les opposants du carcan de leur boite, cassant l’isolement corporatiste. Les soutiens à la grève des éboueurs viennent d’autres corps de métiers et des universités. Les points de blocages plus ou moins spontanés se transforment aussi en lieux d’organisation et d’échange. Les masses retiennent ici beaucoup du mouvement des Gilets jaunes qui avait mis en échec le gouvernement il y a quatre ans. La persistance de la grève et le caractère massif des manifestations dans les petites et moyennes villes n’y sont pas étrangères. La seule solution est ici la reconduite des actions de grève et de blocage toujours plus combatives vers une réelle direction prolétarienne révolutionnaire.

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