Derrière l’oppression des femmes se cache un élément fondamental, déterminant l’ensemble des autres variables de cette oppression : c’est l’exploitation de ces dernières. Chaque année, les associations féministes, le gouvernement et une somme d’intellectuels prétendent dénoncer cette exploitation en mettant en avant une date « à partir de laquelle les femmes travaillent gratuitement », sous-entendu « pour les hommes ». On voit alors des femmes aisées, des journalistes, des ministres et même des patronnes s’en offusquer ; cette année le 4 novembre. Ce que ces femmes bourgeoises oublient, alors qu’elles ne produisent rien et bénéficient du capitalisme, c’est que l’exploitation des femmes ne se fait pas de manière abstraite. Elle se fait au sein de la classe. L’exploitation capitaliste se base sur ce que l’on appelle le « vol de la plus-value », c’est-à-dire la captation d’une partie de la richesse que nous produisons, au détriment de notre salaire. Alors que notre classe produit l’intégralité de la richesse, nous n’en bénéficions et ne décidons de l’utilisation de cette richesse qu’à hauteur de notre salaire.
La date du 4 novembre est faussée et sous-estime largement la surexploitation des femmes. Elle se base sur les écarts de rémunération horaires, incluant certes les emplois prolétaires, mais aussi et surtout les postes à responsabilité et l’ensemble des postes d’encadrement, ou les écarts de salaires horaires sont les plus grands entre femmes et hommes. Pour le prolétariat, la plus grande manifestation de l’exploitation des femmes se fait dans la division entre travail dit « productif » (la production marchande) et travail dit « reproductif » (l’entretien de la famille, l’aide à la personne), notamment dans le travail domestique. Au sein de notre classe, cet appauvrissement et subordination des femmes se fait principalement par les temps partiels (déclaré ou non comme subis), nécessaires pour assurer plus de temps dédié à l’entretien du foyer et l’éducation des enfants. Cela enferme les femmes prolétaires dans des contrats précaires, les rendent d’autant plus vulnérables aux yeux du patronat et dépendantes dans le cadre du mariage.
Il y a quelques mois, le magazine Marianne a publié ce qu’ils ont appelé le « jour du dépassement capitaliste », fixé au 22 septembre : jour symbolique à partir duquel les salariés de France ne travaillent plus pour eux, mais pour les actionnaires. Alors, comment les salarié-e-s de France en général pourraient être effectivement exploité-e-s à partir du 22 septembre, et les femmes en particulier, à partir du 4 novembre ? Cela ne tient pas la route. Cette donnée est elle aussi biaisées, ne prenant en compte que les salariés des entreprises du CAC40, y incluant l’ensemble des éléments non productifs, notamment le grand nombre de cadres vivant en France, pour une majorité d’ouvriers travaillant dans les pays exploités. Là encore, sous des airs faussement progressistes, les grands médias se gargarisent dans une dénonciation en trompe l’œil de l’exploitation du prolétariat de France.
Si l’on prenait pour acquises ces deux données en plaçant de l’écart salarial horaire au sein du « jour du dépassement capitaliste » (deux données que nous remettons en cause ici), alors on pourrait placer le jour à partir duquel les femmes travaillent gratuitement aux alentours du 21 août 2022. En réalité, considérant les carrières hachées et temps partiels subis dans l’équation, l’exploitation des femmes prolétaires débute encore bien avant. Jamais on ne verra les grands médias, les organisations féministes bourgeoises et le gouvernement calculer cette date clé pour la simple raison qu’il mettrait en lumière une chose : les femmes prolétaires ont raison de se révolter !