Mayotte : l’opération Wuambushu ou la nouvelle école de la répression française

Mayotte, une colonie de l’impérialisme français, est de nouveau sous le feu des projecteurs. En effet, le ministère de l’intérieur a entrepris de mettre en place un nouveau chapitre de l’histoire de la répression française en s’attaquant aux immigrés clandestins de l’île mahoraise, issus majoritairement des autres îles comoriennes.

L’histoire de cette région du monde étant peu connue, nous ne pouvons nous passer d’un rappel historique concernant l’archipel comorien. Les Comores constituent un ensemble géographique ancien uni par l’appartenance ethnique, l’histoire commune des quatre grandes îles qui composent l’archipel et la religion des habitants, l’Islam. C’est une réalité que la France reconnaissait lors de sa colonisation de l’archipel en 1843 et jusqu’à l’« indépendance » en 1975. Cependant, depuis 1975, l’instrumentalisation de conflits passés entre les habitants de Mayotte et les autres îles des Comores et le financement des services français des notables de Mayotte (une élite francophile qui a pour rôle d’assurer que le rattachement permettra un meilleur niveau de vie de la population, alors que 84 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, pendant le PIB par habitant est 9 fois supérieur à celui des autres îles des Comores) a eu pour résultat un vote au cours duquel il a été voté à 64% le maintien de Mayotte sous le giron français. Ce vote se déroule alors que 80% de la population mahoraise à l’époque était analphabète, ne savait pas parler français et avec des faits de violence, intimidation et même d’expulsion des comoriens de Mayotte, partisans de l’unité de l’archipel.

Mais pourquoi le pouvoir français a-t-il voulu garder Mayotte ? Citons le site des archives de la Défense Nationale, après le déplacement de la base de la Légion Étrangères de la Grande Comore vers Mayotte en 1975 : «cette base constitue le point d’appui principal du théâtre «Océan Indien» pour assurer la surveillance des zones économiques exclusives associées à l’ensemble des îles de la zone de responsabilité, contribuer à la lutte contre l’émergence des nouvelles menace liées aux trafics et conserver une capacité régionale d’intervention rapide».

En bref, la France a gardé Mayotte pour surveiller et défendre ses intérêts économiques en Afrique et surveiller ce que les autres impérialismes font dans la région.

L’île a maintenant une nouvelle utilité avec l’avènement de l’opération secrète de Darmanin à Mayotte nommée « Wuambushu » (terme qui signifie « Reprise » en Mahorais), validée par Emmanuel Macron et que le syndicat SGP-Police considère comme une opération qui apportera de nouvelles méthodes à importer en Hexagone pour mener la répression anti-immigration.

Pour cette opération, un demi-millier de policiers spécialisés dans la répression des quartiers populaires et des mouvements sociaux (comme la brigade CRS 8) ont été déployés en renfort des 750 policiers et des 600 pandores déjà présents.

Le but de l’opération ? Nettoyer l’île en 2 mois en expulsant les immigrés illégaux, ce qui permet aussi dans le contexte actuel de préparer la présentation de la loi immigration au parlement.

Les missions des policiers sont : la destruction en 2 mois de tous les bidonvilles à l’aide d’engins de chantier, d’arrêter et de renvoyer un maximum d’immigrés illégaux, d’arrêter tous les trafiquants, passeurs et délinquants de l’île.

Tous les acteurs de terrain considèrent, outre cet apprentissage de nouvelles méthodes, que cette opération est avant-tout un «coup de com’» voué à l’échec. L’objectif ne serait en réalité pas l’achèvement complet des objectifs, et cette opération risque de provoquer l’embrasement de l’île dans des révoltes.

A nouveau, l’état bourgeois français montre l’intérêt qu’il porte à la sécurité et à la vie des habitants des territoires en marge de la Métropole.

Néanmoins, l’opération mi-policière mi-coup de com’ rencontre une contestation qui contrecarre les plans de Darmanin. Outre les mauvais résultats et les associations habituelles comme le Droit Au Logement (DAL) ou la Ligue des Droits de l’Homme (LDH) qui se soulèvent contre cette opération, des membres de la justice française ont déclaré l’expulsion de certains bidonvilles illégales car ne respectant pas les conditions d’expulsions et de relogement.

Le principal problème rencontré par l’état français réside dans le fait que les Comores petit archipel de l’océan Indien, tiennent tête à Paris, preuve que l’impérialisme français est dans une grave crise. En effet, Azali Assouman, président des Comores, s’est engagé dans un bras de fer diplomatique avec la France en refusant de recevoir un bateau transportant 60 Comoriens renvoyé sur la Grande Comore en prétextant qu’ils n’étaient pas dotés de leur carte d’identité. Le 27/04, l’archipel a informé qu’il rouvrirait ses ports aux bateaux en provenance de Mayotte transportant uniquement des Comoriens dotés d’une carte d’identité, ce qui est assez rare pour des immigrés illégaux de garder les papiers de leur pays d’origine.

Les masses de Mayotte sont nombreuses à aller au front contre les policiers en exercice pour protester contre cette nouvelle opération de destruction massive de leurs habitats, qui ne fait aucun sens pour elles. En bref, nous n’avons pas fini d’entendre parler de Wuambushu et de voir le gouvernement Macron continuer de se ridiculiser en menant sa guerre anti-peuple.

Les forces de l’ordre repoussées par les masses insurgées.