Ce samedi, à Douarnenez (Finistère), plusieurs centaines de personnes, associations et collectifs de droit au logement, se sont réunies dans la ville côtière pour dénoncer le mal-logement. La situation sur les côtes bretonnes est chaque année plus précaire pour les habitants. Depuis 2019, c’est une hausse de 19 % des résidences secondaires qui a été recensée, une hausse de près de 30 % des personnes en attente de HLM et un total de près de 15 % des ménages en situation de précarité énergétique. Dans le même temps, toujours depuis 2019, on recense une hausse de 37 % du recours DALO¹ pour faire appliquer son droit au logement. L’an dernier, il y avait au total plus de 187 000 logements vacants en Bretagne, 337 000 résidences secondaires soit environ 523 000 logements inoccupés durant l’essentiel de l’année. Les organisateurs dénoncent également la mise en place du bail mobilité, permettant de louer un logement meublé sur une courte durée, entre 1 et 10 mois, tout comme la location via des plateformes comme Airbnb, à l’année à des prix exorbitants, ou bien principalement pour des touristes à défauts d’habitations pérennes. Ce type de contrat pénalise les habitants dont beaucoup sont contraints de quitter leur logement entre les mois de juin et septembre pour laisser la place aux estivants.
Après des prises de paroles, notamment d’associations locales, mais aussi des autres départements bretons, jusqu’à la maison du peuple de Nantes², des témoignages de personnes sans logement ou en difficulté ont donné un caractère immédiat et concret aux revendications. Le porte-parole de Droit au Logement a relayé l’appel d’aller faire « la fête à Bernard Arnaud » avec des casseroles devant la Samaritaine ce lundi 12 juin, contre la hausse de la précarité. A également été dénoncée la non-application du droit au logement d’urgence, discriminant les personnes migrantes, qui se voient refuser les places… Alors que le gouvernement s’apprête à déplacer des centaines de SDF et personnes sans papiers de la région parisienne vers la région Bretagne pour nettoyer la capitale pour les JO, en expulsant dans le même temps les personnes précaires.
La manifestation s’est élancée dans le centre-ville avec d’innombrables banderoles et pancartes, passant devant des bâtiments vides, des maisons bourgeoises attendant leurs locataires estivaux d’ici quelques semaines pour les beaux jours. Les députés insoumis William Martinet (ancien président de l’UNEF) et Murielle Lepvraud (chantre du militarisme/impérialisme « vert » dans la commission défense de l’Assemblée) ont été hués par une partie de la foule lors de leur prise de parole, notamment pour leur social-chauvinisme et sectarisme linguistique. Le caractère de la manifestation était jeune et populaire, des mots d’ordres anticapitalistes et L’Internationale ont été repris par une bonne partie de la foule. Partout, exigeons : « Des logements pour les gens, pas pour l’argent ! »
¹ Le Droit Au Logement Opposable (ou DALO) a été institué par la loi en 2007 pour les personnes qui ne peuvent accéder par leurs propres moyens à un logement décent et autonome ou à un hébergement ou pour celles qui ne peuvent se maintenir dans leur logement et pour lesquelles les démarches de recherche n’ont pas abouti. Dans les faits, la pénurie de logements disponibles, le nombre de dossiers en attente et l’absence de réquisitions rendent l’application ce droit caduque.
² Réseau construit pendant la mobilisation des Gilets jaunes, principalement animé par des personnes SDF.