C’est comme une évidence. A un rythme accéléré, les luttes et les révoltes continuent, s’étendent, se succèdent. L’État bourgeois n’a pas connu de répit depuis janvier : le mouvement contre la réforme des retraites, le 1er Mai, les grèves comme à Vertbaudet et, au tournant de l’été, les grandes révoltes contre le meurtre de Nahel par la Police Nationale à Nanterre.
Qui peut nier la lutte de classes ? Personne, et c’est bien ce qui ressort des enquêtes d’opinion, où son existence s’impose à tous. La France est traversée par de fortes contradictions, qui sont l’expression de la crise de l’impérialisme français. Si la situation est tempétueuse partout dans le monde, comme en Palestine, en Ukraine, en Russie ou au Manipur, la France ne fait pas exception.
La bourgeoisie l’a bien compris. A travers ses réformes, elle répond à ses propres besoins de restructuration de l’État et, pour cela, elle renforce aussi son épine dorsale, c’est-à-dire ses forces armées. Ainsi, il n’y a pas de hasard si la police prend une place centrale dans la répression d’État, si les dispositifs atteignent à nouveau les niveaux des plus chaudes journées de l’hiver 2018-2019, où des Gilets Jaunes défiaient, conscients, l’État bourgeois.
Alors oui, c’est vrai, la classe bourgeoise est bien consciente de la lutte de classes : elle n’a jamais cessé de la mener, consciemment, dans la direction qui lui était avantageuse. Combien de fois a-t-elle cru avoir écrasé l’esprit de combat du prolétariat et des masses ? Depuis ces journées de Juin 1848, il y a 175 ans, où les ouvriers de Paris se sont dressés en barricades… avant que la troupe bourgeoise ne les exécute par milliers.
Aujourd’hui encore, l’oppression entraîne la résistance, l’existence de classes opposées conduit à leur lutte acharnée. N’ayons pas peur de la tournure que prennent les événements, ne nous résignons pas à jouer à leur jeu et à danser à leur rythme. Souvenons-nous des paroles du grand poète Bertolt Brecht qui écrivait en 1934 dans une Allemagne temporairement conquise par le nazisme :
« L’injustice aujourd’hui s’avance d’un pas sûr.
Les oppresseurs dressent leurs plans pour dix mille ans.
La force affirme: les choses resteront ce qu’elles sont.
[…]
Qui donc ose dire: jamais ?
De qui dépend que l’oppression demeure? De nous.
De qui dépend qu’elle soit brisée? De nous.
Celui qui s’écroule abattu, qu’il se dresse!
Celui qui est perdu, qu’il lutte !
Celui qui a compris pourquoi il en est là, comment le retenir?
Les vaincus d’aujourd’hui sont demain les vainqueurs
Et jamais devient: aujourd’hui. »
Brecht, Éloge de la dialectique