Jul : depuis Marseille, des milliers de sons pour la classe ouvrière

Jul a sorti le 9 Juin dernier son dernier album C’est quand qu’il s’éteint ?. Star du rap marseillais, il est numéro 1 de toutes les plateformes de streaming, cumule des millions d’auditeurs par mois, des hits tout au long de l’année, et est le premier vendeur de rap en France.

Jul, c’est tout d’abord un petit gars de Marseille qui a grandi dans sa cité. Il a enchaîné un BEP vente qu’il a lâché avec le BTP avant de se lancer dans la musique. Au début peu consensuel au vu de la variété de styles qu’il peut maîtriser (autotune, rap bien kické, musiques plus dansantes…), il a su toucher un peu à tout dans son style au fur et à mesure des années. Avec pas moins de 28 albums sortis, le gars sort très peu de son studio et il l’assume : tout pour ses fans et l’amour de la musique ! Son succès n’est plus à remettre en question, avec plus de 8 millions d’auditeurs par mois et 20 disques de platines en seulement 10 ans de carrière. Populaire chez les jeunes comme les plus vieux, il a réussi à se placer numéro 1 dans tous les classements. Sa popularité est principalement due à sa proximité avec ses fans et les jeunes de son quartier, qu’il mobilise régulièrement pour tourner ses clips. En plus de son lien avec ses fans, quand ils le croisent ou sur les réseaux sociaux, il va encore plus loin et sort de la « compétitivité » du rap français actuellement. Le schéma qui consiste à sortir des hits et monter encore plus dans les classements par les ventes ne l’intéresse pas : il pense à ses fans qui n’ont pas les moyens d’acheter ses albums ou payer des abonnements de streaming et sort régulièrement des albums gratuits, tous disponibles sur Youtube !

Le rappeur met aussi beaucoup en avant la culture marseillaise : la beauté de la ville l’Olympique de Marseille, mais aussi les quartiers populaires et la culture rap et hip hop très présente dans la ville depuis des années (avec IAM, la Fonky Family ou encore maintenant SCH et Naps). Ce rap, comme dans toute la France, part des quartiers populaires, de la réalité de leur position dans la société avec la pauvreté, la violence, la drogue, parfois la prison. Jul se sert de son expérience personnelle dans ces quartiers et de celles de ses potes, ses fans depuis 2013 pour raconter ses galères et dénoncer ce que vivent les jeunes autour de lui : « Je sais que les potos dans le ghetto ils ont tous la haine contre l’État ». Sa musique il s’en sert, et plutôt bien. En plus de produire des musiques qui font danser une bonne partie de la population, c’est aussi des sons politiques. L’État et la police sont régulièrement visés, et il s’est exprimé plusieurs fois à propos de l’actualité en France en critiquant les politiques antisociales des derniers gouvernements. Pendant le Covid c’était contre le manque de moyens pour l’hôpital public et les soignants ; il avait notamment fait don de 300 000 € aux hôpitaux. Et il y a quelques semaines, avec son dernier album C’est quand qu’il s’éteint ?, c’est la réforme des retraites qu’il critique : « 64 ans la retraite, il respecte pas l’peuple le gouvernement ». Si Jul est au sommet des charts, sans même chercher à l’être, c’est parce qu’il parle à celles et ceux qui constituent la plus large partie de la population en France, les masses populaires.

 

« C’est pour la classe ouvrière j’en place une pour les mamas qui vont passer la serpillère » Sous Terre, JUL

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