L’année 2023 a probablement été l’année la plus intense pour la lutte des classes dans l’État Français depuis l’hiver 2018-2019 et une des plus grosses années de lutte des classes du 21e siècle. Si nous n’en voyons pas immédiatement les effets, les masses ont montré qu’elles assumaient entièrement et combativement la Nouvelle Époque qui s’ouvre, celle de la décomposition de l’impérialisme, et surtout la tendance à la Révolution. Le Comité Populaire d’Entraide et de Solidarité (CPES) du quartier des États-Unis souhaitait faire un bilan des six mois écoulés avant l’été et développer sa ligne politique pour pousser au développement du mouvement révolutionnaire, avec une rentrée sociale à la hauteur du prolétariat. Les masses, la classe et la jeunesse attendent une direction politique avec une stratégie claire ; un évènement politico-culturel ayant pour but de la donner et d’intégrer un maximum de monde, politiquement et pratiquement, a été organisé ces 15 et 16 septembre, à Lyon.
L’évènement avait deux objectifs : d’abord, développer l’idéologie prolétarienne dans le milieu organisé politiquement, par un grand meeting à la Bourse du Travail, qui fût un succès. Ensuite, un tournoi de foot en soutien à la Palestine organisé au cœur du quartier des États-Unis, à la demande des masses et organisé en partie par elles. L’idée étant principalement de développer la ligne politique puis de montrer dans la pratique ce qu’elle donnait, pour continuer à conquérir des positions, tant au quartier que dans la jeunesse prolétarienne et dans le milieu syndical.
Tant pratiquement qu’idéologiquement, trois grands axes ont été développés devant plus de 50 personnes, à travers trois discours et une série de questions et de réponses. Ces questions ont permis de porter la contradiction et donc de développer encore plus la ligne révolutionnaire, et la façon de trouver la ligne rouge pour développer la Révolution en France. Alors que la «fête de l’Huma» avait lieu au même moment, fête organisée par le Parti «Communiste» Français – vil appendice révisionniste de la bourgeoisie -, et que le traître à la classe Fabien Roussel débatait avec Edouard Phillipe – ex-ministre de Macron en poste durant les Gilets Jaunes -, il n’est pas anodin que des dizaines de personnes, dont beaucoup de jeunes, aient décidé de se rassembler dans la seconde métropole du pays afin de débattre de la forme que doit prendre la Révolution dans l’État français et des moyens pour parvenir à conquérir le pouvoir.
Le premier axe, développé par une représentante nationale des CPES, issue du CPES de Solaure (NDLR : un quartier prolétaire à Saint-Etienne), développe l’idée du quartier prolétarien comme base et moteur de la Révolution, comme forteresse imprenable des révolutionnaires. Le meeting a expliqué en quoi et comment les masses des quartiers pouvaient être le moteur de la Révolution, appelant les révolutionnaires et les militants politiques organisés à lutter et vivre avec les masses des quartiers populaires, s’y intégrer organiquement et développer politiquement l’initiative des masses. La question des Assemblées Populaires, organes de la démocratie prolétarienne, a pu être discuté.
Le second axe, développé par un militant de la Ligue de la Jeunesse Révolutionnaire, fût d’insister sur l’importance de la Jeunesse qui est au cœur de la lutte des classes. Sa prise de parole commença par sa demande à la salle d’applaudir tous les révoltés du Glorieux Soulèvement de juin, principalement toutes celles et ceux encore en prison pour s’être justement rebellé. Il insista sur le rôle primordial de la jeunesse prolétarienne qui s’est soulevée en juin, la Jeunesse qui a été au cœur des combats des retraites et de Sainte-Soline. La jeunesse est le cœur du nouveau, elle n’est pas encore usée par la vieille société, elle est pleine d’initiative, et a le cœur en feu pour la Révolution. Principalement, la jeunesse organisée doit être amenée dans les quartiers pour travailler avec les masses, se mettre sous la direction consciente de la politique révolutionnaire, s’y développer avant d’aller dans d’autres secteurs de la société comme les syndicats. La nécessité de la violence révolutionnaire, organisée politiquement et la seule à même de nous émanciper et d’abattre le capitalisme, fut explicitement énoncée. Enfin, la nécessité de s’accorder autour d’un programme minimum commun et autour de grands axes de travail, afin de s’unir là ou la réaction veut nous diviser, fut mise en avant.
L’axe syndical fut le troisième axe développé, par un militant syndical étudiant et salarié. Ce dernier axe est essentiel. En effet, il s’agit de l’organisation la plus importante numériquement pour les masses ouvrières, là ou une conscience de classe est encore présente malgré les attaques et ravages du révisionnisme, et qui est donc nécessaire pour la conquête du pouvoir dans l’Etat Français. Le plus important a été de rappeler que le syndicalisme est avant tout politique, c’est-à-dire qu’il se situe au cœur de la contradiction entre Travail et Capital, et qu’en ce sens il pose la question du pouvoir. Toutefois, pour la poser dans un sens prolétarien, dans le sens de la prise du pouvoir par le prolétariat, alors il faut une direction politique, un quartier général de la Révolution. Le syndicalisme n’est pas libre, autonome, mais au contraire sous la direction consciente de la direction politique révolutionnaire, de l’organisation politique, qui ne le dirige pas bureaucratiquement mais en développant, avec les masses syndiquées, le plan, l’action, le bilan, et en menant la lutte de deux lignes en pratique autour de l’activité concrète. De nombreuses questions ont été soulevées par ce discours, et les réponses ont rappelé que c’est la direction politique et non la forme organisationnelle qui définissait le syndicat et son rôle, réformiste ou révolutionnaire. Une fois de plus la question de l’unité de tous les syndicalistes fut évoquée, car il n’y a qu’une seule classe, il ne devrait donc y avoir qu’un seul syndicat !
Ces trois axes doivent être placés sous une direction unique, l’Etat-major de la Révolution, et marcher en commun, car, de fait, ils ne sont pas séparés et sont tous des émanations des différents secteurs des masses. La jeunesse des facultés ira travailler au quartier en soutien des CPES pour briser les murs de l’université, et faire en sorte que les étudiants et étudiantes servent le peuple et non leur seul intérêt. Lier les axes « quartiers prolétaires » et « syndicats » est une nécessité car le révisionnisme a creusé de larges fossés entre les différents secteurs des masses, alors que nous faisons partie de la même classe et avons un intérêt commun. Les syndicats permettront également de développer des bases politiques et logistiques dans les entreprises où travaillent les gens du quartier et les étudiants. C’est un processus dialectique qui unit sans cesse ces secteurs pour n’en faire plus qu’un : les masses révolutionnaires mises sous la direction unique de la classe ouvrière à travers son organisation politique unique. La bourgeoisie a un Etat-major unique, nous devons donc faire de même.
Le tournoi de foot en soutien à la Palestine a permis de développer le contact entre militants révolutionnaires et habitants et habitantes du quartier, en mobilisant une centaine de personnes. La récente organisation propalestinienne « La Fosse Aux Lyons » était également présente. Dans une perspective à long terme, ces évènements permettent de mobiliser les jeunes et très jeunes et de les faire grandir dans une culture rouge, de forger la prochaine génération qui brisera définitivement les chaînes du capitalisme. A court terme, nombreux sont ceux ou celles qui ont acheté des numéros de Nouvelle Epoque, discuté des problèmes du quartier et des moyens de mener des luttes (par exemple, comment libérer les mamans qui gardent les enfants pour lutter, comment lutter contre les charges abusives…) ou donner de l’argent pour le centre culturel Tanweer à Naplouse en Palestine. Porter la question de la Palestine, c’est aussi porter la question de la Révolution en France. Car parler de la Palestine, c’est parler de Résistance, de Pouvoir, mais aussi un moyen de mobiliser politiquement ici et maintenant les masses, de les organiser, de leur apprendre à militer et à débattre démocratiquement, à gérer eux-mêmes le quartier où elles habitent.
Cet évènement politico-culturel a été une grande réussite, un des plus gros événements organisé par des révolutionnaires à Lyon dans un quartier prolétaire depuis des années. Il a prouvé que la ligne porté par les CPES et la LJR se matérialisaient dans la réalité, et que le marxisme, loin d’être démodé ou dépassé, est l’idéologie qui permettra de passer du règne de la nécessité au règne de la liberté.
De plus, cet évènement a développé les bases d’un travail politique de grande ampleur pour organiser la jeunesse, les masses des quartiers et les ouvriers dans les syndicats, sur une année qui s’annonce intense et fructueuse, qui annonce un développement fructueux des forces révolutionnaires dans la seconde métropole de France.
Comme nous le disions dans un éditorial passé : « Au feu les doutes et les incertitudes : de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace ! »