Le point de vue féminin révolutionnairesur les événements de juin

Nous partageons ici un texte du Comité Féminin Populaire (CFP), envoyé à notre rédaction fin août 2023, que vous pouvez retrouver dans le numéro 11 de Nouvelle Epoque.

27 juin 2023 : la police assassine Nahel, un jeune homme de 17 ans, un enfant. Le jeune homme, élevé par sa mère, a été condamné à mort par un agent de police pour un contrôle routier. Ce meurtre n’est pas anodin, c’est une attaque non pas contre une femme célibataire et son enfant, mais contre la jeunesse des quartiers, contre la jeunesse du prolétariat. C’est l’État bourgeois qui chaque jour assassine le prolétariat et sa jeunesse, au travail et dans les quartiers.


Suite à la mort du jeune Nahel, la jeunesse se soulève, fait face à la violence d’État, et rend coup pour coup. Face à la juste révolte des masses, les médias bourgeois se déchaînent, défendant corps et âmes les forces de police et l’État réactionnaire. La presse bourgeoise, en grande majorité détenue par les milliardaires monopolistes (Bolloré, Arnault, Bouygues, Lagardère…), se débat pour prouver que la violence des « émeutiers » est disproportionnée, pour trouver un autre coupable que la classe bourgeoise meurtrière.


Les discours s’enchaînent et se ressemblent. Les jeunes sont dépeints comme des « jeunes de banlieues », des racailles qui se déchaînent contre tout et rien, et surtout contre une République qui leur aurait tout donné. Mais nous savons bien ce que la République nous donne : la faim, le froid, la maladie et la mort. Le système est moribond, tout le monde le sait, le seul choix qui nous reste à faire est simple : le choix du révolutionnaire ou le choix du réactionnaire. Nous pouvons choisir de nous résigner, de nous dire que le changement n’est pas possible, que nous pouvons seulement espérer de brefs et superficiels aménagements d’un système en décomposition. Nous pouvons aussi nous battre pour détruire ce système moribond. Qu’il soit réfléchi en profondeur ou non, c’est ce choix qu’a fait la jeunesse. Mais rien ne pourrait expliquer ce choix à la bourgeoisie réactionnaire.


Puisqu’il faut bien trouver un coupable, la bourgeoisie pointe du doigt les mères de familles, souvent seules à assumer l’éducation de leurs enfants, expliquant la juste révolte des masses par un manque d’éducation. L’État appelle à la responsabilité des parents, leur rappelle « qu’il faut tenir leurs gosses » (Éric Dupont- Morreti).


« Parce que ce n’est pas à la Police Nationale ou à la Gendarmerie ou au maire ou même à l’État de régler le problème quand un enfant de 12 ans met le feu à une école.» (Gerald Darmanin) Qu’en est-il lorsque plusieurs milliers de gamins partout en France mettent le feu ? Comme toujours la bourgeoisie se débat et cherche toutes les portes de sortie possible pour éviter d’assumer ce qui est de son fait seul : la misère et la révolte qui l’accompagne.


Ces déclarations annonçaient la suite : expulsions arbitraires des familles des émeutiers, peines de prisons exemplaires pour les révoltés, passage à tabac dans les rues par les policiers en uniforme. L’État et ses criminels en col blanc (ou en uniforme) ne se cachent plus – pour tenir leurs murs qui s’effondrent ils doivent s’armer, assassiner.


Mais n’en déplaisent aux médias bourgeois, les femmes prolétaires, qui élèvent souvent seules leurs enfants sont des combattantes. En tant que telles ce sont des combattantes que nous forgeront toujours plus pour défendre notre classe face aux attaques de la bourgeoisie. Nous l’avons vu : dans les marches pour la justice, ce sont les mères de Nahel, de Mohamed, de tous les autres, ce sont leurs soeurs, ce sont les femmes qui tiennent la première ligne. Ce sont les femmes qui sont accusées des débordements de leur entourage. Mais ne prenez pas nos marches pour la justice pour ce qu’elles ne sont pas, ne prenez pas nos appels au calme pour des appels à la paix. Si nous marchons ce n’est pas pour la justice bourgeoise, nous savons qu’elle ne nous est pas destinée, qu’elle vise à punir ce qui effraie la République bourgeoise, à étouffer la révolte.

Devant les tribunaux engorgés après l’appel de l’État à être intransigeant, une fois de plus nous sommes seules, comme nous sommes seules quand nos enfants meurent sous les coups de la police ou des matons. La justice, nous la ferons et nous serons nous aussi, intransigeantes.

Se lever contre un système agonisant n’est pas un crime, nous avons raison de nous révolter !
Défendons nos enfants, organisons-nous dans nos quartiers !
Combattante, rejoins le Comité Féminin Populaire !