Au Mans, dans la salle d’audience, le jeune homme a un air de défi malgré les 15 jours de détention provisoire qu’il vient d’effectuer en prison. Il dit s’être révolté pour « la haine de l’injustice subie et la volonté de [se] faire entendre pour que Macron se réveille ». Et avant d’être condamné, la procureure lui demande : « C’est à vous de rendre justice à Nahel ? » Il lui répond sans sourciller : « Et vous, vous avez fait quoi pour lui rendre justice ? »
Cet exemple n’est pas isolé. Tandis que le gouvernement bourgeois se terre dans sa répression insensée, ses projets de loi contre le peuple et ses intrigues pour préparer la présidentielle de 2027, une génération entière de prolétaires et de révolutionnaires a appris beaucoup de leçons en moins d’un an de lutte.
De janvier 2023 à aujourd’hui, la situation a changé des dizaines de fois, avec une seule constante : la mobilisation des masses avec le sentiment, partagé par tous, qu’on en a marre, que ça ne va pas. Assez des réformes pour arranger la grande bourgeoisie et nous faire bosser jusqu’à en crever. Assez des mouvements qui ne mènent qu’à la négociation avec le gouvernement. Assez des 49.3. Assez des blablas électoralistes sur les prochaines élections, l’union de la gauche, le Parlement. Assez de la blague de la « démocratie bourgeoise » où l’on prend des écologistes pour des terroristes. Et, avec une grande explosivité, assez des violences policières qui sont le quotidien des quartiers prolétaires.
Les masses ont montré leur mécontentement, et en le faisant, elles ont aussi montré leur force. L’État bourgeois est un colosse aux pieds d’argile ; si les masses se soulèvent, il s’écroule. Toute son énergie et ses finances passées à renforcer ses fondations, à armer ses forces de police, à entraîner son armée contre le peuple, à développer sa propagande… Tout ça ne sert qu’à colmater une base qui est pourrie jusqu’aux racines. Lorsque le gouvernement, pour faire passer son budget, est obligé d’aller chercher 15 milliards d’euros dans le remboursement des médicaments tandis qu’il augmente le budget militaire, c’est un signe de faiblesse, et non de force.
Aucune des raisons fondamentales des révoltes de cette année n’a eu de réponse. Qu’elles aient été contre les réformes, l’exploitation, la parodie de démocratie ou encore les violences policières… toutes ces raisons de se révolter subsistent. Elles n’existent pas de façon abstraite, dans l’air. Elles vivent concrètement dans les cœurs et les esprits de millions de prolétaires, exploités quotidiennement, méprisés par l’État et qui ont pourtant la tête levée. La révolution socialiste trouvera sa base. Le calme est trompeur : il précède toujours la tempête.