Depuis sa création, l’État d’Israël est un outil d’expansion de l’impérialisme américain au Moyen-Orient. Le prix du projet sioniste est lourd : nettoyage ethnique par le déplacement forcé des populations arabes, crimes de guerre réguliers, droits inférieurs au sein d’Israël entre citoyens juifs et citoyens arabes.
Aujourd’hui, il n’y a pas un jour où l’on ne rapporte pas de nouvelles terrifiantes de Cisjordanie : de pères, mères, enfants, tués froidement par l’armée sioniste ou les colons, sans que ça ne pose problème. Les vidéos d’expulsions régulières tournent également sur les réseaux sociaux, où l’on voit constamment la même scène : une famille de colons, accompagnée de militaires, chassant de leur maison des Palestiniens pour prendre possession des lieux, brandissant un papier montrant qu’ils sont « parfaitement dans leur droit ».
Colonisation, collaboration et résistance
Grandir comme Palestinien, c’est connaître un frère, une mère, un cousin qui a déjà été assassiné par l’occupant. C’est soit l’humiliation quotidienne des check-points en Cisjordanie pour circuler malgré les murs protégeant les colonies juives ; soit vivre dans une bande de terre de 40 km de long coupée du monde, camp de concentration à ciel ouvert. Aujourd’hui, 40 % des hommes Palestiniens sont ou ont déjà été au cours de leur vie emprisonnés par l’occupant israélien, qui use quotidiennement de la détention administrative sans procès et illimitée pour terroriser la population. Après plusieurs guerres israélo-arabes, nombre de médias bourgeois se lassent de voir sans cesse les solutions pacifiques « dans l’impasse », faisant passer la situation comme un simple problème de cohabitation, ou religieux. On s’étonne encore que les Palestiniens refusent le compromis, refusent qu’on leur nie leur « droit au retour ». La vérité est pourtant simple : la Palestine ne connaîtra pas la paix tant que la colonisation ne prendra pas fin.
Aujourd’hui, les forces palestiniennes sont divisées, principalement en deux camps : celui de la conciliation avec l’ennemi, et celui qui assume le combat et poursuit la lutte armée contre l’occupant. Le camp de la conciliation comprend principalement « l’Autorité palestinienne », semblant d’entité gouvernementale dirigée par l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP). Cette autorité ne contrôle que la « Zone A » de la Cisjordanie, c’est à dire la minorité du territoire, acceptant de laisser la majorité du pays sous administration militaire israélienne, collaborant avec l’ennemi qui y développe des colonies. Dans le camp de la résistance, on compte principalement le Hamas, organisation nationaliste islamique, dirigeant la bande de Gaza depuis l’expulsion de l’ennemi après la seconde Intifada, en 2005. À l’époque, après cinq ans de combat, Israël décide d’un retrait militaire et supprime les 21 colonies juives implantées sur place, ainsi que de la mise en place d’un blocus total[1] et de la construction d’un mur de séparation pour isoler la population. Sur le Hamas, le journal de Turquie Yeni Demokrasi (Nouvelle Démocratie) a publié un communiqué qui rappelle : « Le débat sur la ligne idéologico-politique du Hamas […] conduit à des discussions erronées et dangereuses sur l’essence de la question nationale et la nature des mouvements nationaux. […] la condition requise pour soutenir la lutte de libération nationale est de savoir si elle adopte une attitude qui sape l’État souverain et la puissance impérialiste. »
L’opération « déluge d’al-Aqsa » et le siège de Gaza
Préparée depuis plusieurs mois et menée avec l’ensemble des forces de la résistance nationale palestinienne, dont les forces progressistes du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) et du Front démocratique pour la libération de la Palestine (FDLP), l’opération « déluge d’al-Aqsa » est la plus grande contre-offensive palestinienne depuis le début de la guerre de colonisation. C’est le combat de David contre Goliath : un plan d’incursion massif mené par voie terrestre, maritime et aérienne dans les zones israéliennes, pour combattre les colons et saboter des installations, faisant tomber le mur de séparation avec des bulldozers. Simultanément, la résistance attaque 6 bases militaires et 7 zones résidentielles. Un exemple, c’est la conquête du commissariat de Sdérot, qui sera ensuite assiégé par l’armée sioniste.
La surenchère sioniste ne se fait pas attendre, car Israël a perdu en un week-end ce qu’elle fait subir régulièrement aux Palestiniens ces dernières années. Dès la semaine suivante, la bande de Gaza est massivement bombardée, notamment avec des attaques chimiques au phosphore blanc, qui explose et brûle lors de l’impact, et qui est interdit par les accords internationaux. Ordre est donné d’évacuer en 24 heures plus d’1 million de personnes. Un « siège » de Gaza est décrété contre les « animaux humains » palestiniens, selon les termes du ministre de la Défense israélien. Si officiellement, le but est d’écraser la résistance, en réalité, c’est la continuation de la tentative génocidaire d’effacer l’existence du peuple palestinien. Israël a coupé toute eau, nourriture et énergie à Gaza. Le 11 octobre, la seule centrale électrique de Gaza a cessé de fonctionner. Les châtiments collectifs et les meurtres par famine sont internationalement reconnus comme crime de guerre et crime contre l’Humanité. Israël bombarde systématiquement hôpitaux, ambulances et zones résidentielles, ce qui constitue également des crimes de guerre. Plus de 2400 morts, dont au moins 700 enfants sont à déplorer après une semaine d’acharnement. Outre plusieurs centaines de morts annuels, tués par les militaires ou colons israéliens, les derniers massacres de ce type commis par l’armée coloniale remontent à 2009 et 2014. Ces assauts sur Gaza ayant fait plus de 1000 et 2300 morts, essentiellement civils, n’ayant jamais valu à Israël le qualificatif de « terroriste » dans les médias bourgeois. En 2021, les sionistes avaient organisé le meurtre de plus de 250 personnes à Gaza et le déplacement de 70 000 supplémentaires.
Pourquoi toutes les grandes puissances soutiennent Israël ?
La « seule démocratie du Moyen-Orient », comme on l’appelle, est un État sans constitution, qui donne des droits différenciés selon si l’on est citoyen juif ou arabe. Elle rallie à elle seule l’ensemble des puissances impérialistes, donc les USA et puissances européennes, mais aussi Russie, Chine et Japon. La colonisation est avant tout un business juteux : des investissements dans le bâti, les diverses infrastructures, l’agriculture et surtout les télécommunications et la défense. L’impérialisme français est lui aussi concerné, notamment ses grands groupes bancaires comme AXA, la BNP, le Crédit Agricole, mais aussi Orange pour les télécoms. Au niveau des pays arabes, malgré la ferme solidarité de la rue, les gouvernements réactionnaires ne haussent plus le ton. Israël a signé depuis 2020 le « pacte d’Abraham » avec les Émirats arabes unis et Bahreïn, puis le Soudan et le Maroc, moyennant de nouveaux avantages et contrats des USA pour l’armement où la diplomatie en échange de la normalisation des relations.
La propagande réactionnaire inonde les médias, plus violente que jamais. Il ne paraît même plus choquant que Darmanin fasse interdire l’ensemble des manifestations de solidarité avec Gaza, interpelle et verbalise pour « port du keffieh ». Dans la même lancée, le gouvernement s’oppose à un « cessez-le-feu humanitaire » au conseil de sécurité de l’ONU.
Car le soutien des impérialistes à ce massacre est aussi matériel : plusieurs puissances ont intensifié leur aide à Israël depuis le lancement du Déluge d’Al-Aqsa, par d’importants moyens militaires, logistiques et financiers. Les États-Unis ont déjà envoyé des navires, avions et autre matériel de guerre sur place, et l’Allemagne et le Royaume-Uni prévoient de le faire. Joe Biden veut également mettre en place un « programme de soutien sans précédent pour la défense d’Israël » à hauteur de plus de 100 milliards de dollars.
Plus de 1000 enfants ont été assassinés à Gaza en 9 jours, une véritable politique génocidaire est en cours. À la barbarie des impérialistes et de leurs hommes de main sionistes doit répondre la solidarité du prolétariat avec tous les peuples opprimés.
[1] Israël contrôle l’ensemble des entrées et sorties du territoire. Environ 150 camions de vivres y entrent chaque jour, assez pour maintenir la population juste au-dessus du seuil de sous-nutrition, c’est « la faim sans la famine ».