Cet article est la traduction non-officielle d’un article du média en ligne The Red Herald.
Le 1er octobre, la Fédération Suisse des Travailleurs Turcs, qui fait partie de l’AGEB (l’Union des travailleurs migrants en Europe), a appelé à des actions de solidarité à Bâle, en Suisse, le samedi 7 octobre, en faveur des « Mères du samedi » et de la répression qu’elles subissent de la part du vieil État turc. L’AGEB explique dans l’appel : « Le fascisme continue d’attaquer les “Mères du samedi” qui manifestent tous les samedis pour s’enquérir du sort de leurs enfants, parents et camarades disparus en détention et pour punir les responsables. Rejoignons l’action qui se tiendra à la Claraplatz de Bâle le 7 octobre en solidarité avec les “Mères du samedi” et dénonçons le fascisme. » (…)
Le groupe des Mères du samedi a commencé ses mobilisations le 27 mai 1995, réunissant une trentaine de personnes sur la place Galastaray à Istanbul, plusieurs années après une énorme vague de répression du vieil État turc, suite au coup d’État de 1980. Selon certaines sources, le nombre de personnes disparues de force entre 1980 et 2000 en Turquie s’élèverait à plus de 1 300, bien que des organisations telles que Human Rights Association dénombrent plus de 17 500 personnes disparues de force et des assassinats politiques non identifiés en Turquie.
Certaines des premières Mères du samedi étaient de la famille de personnes disparues ou tuées. Après cette première mobilisation, elles ont commencé à se réunir tous les samedis, et de plus en plus de familles de personnes disparues et d’activistes se sont joints aux mobilisations. Lorsque le groupe des Mères du samedi a commencé ses activités, le vieil État turc était au plus fort de sa vague répressive, c’est-à-dire entre 1993 et 1997.
Les Mères du samedi ont subi des attaques policières brutales entre 1998 et 1999, et ont arrêté les rassemblements jusqu’en 2009, année à partir de laquelle les mobilisations ont repris tous les samedis. Au cours de ces années, les mobilisations se sont étendues à d’autres villes telles que Batman, Diyarbakır, Cizre et Yüksekova. La répression a été une constante pour ce groupe d’activistes depuis le début de leur activité. Depuis des années, il est courant de voir des dizaines de policiers encercler les mobilisations, attaquer les manifestants et embarquer les militants et les manifestants qui soutiennent ces femmes. (…)
Le 25 août 2018, le gouverneur du district de Beyoğlu interdit la mobilisation et leur accès à la place Galatasaray. Les Mères du samedi et les activistes qui les soutiennent ont continué la marche, et ont été fortement réprimées, avec 47 gardes à vue. Ces détenus ont été poursuivis au nom de la loi turque sur les « réunions et les manifestations », étant accusés de « refus de se disperser malgré les avertissements et l’usage de la force ». La « justice » du vieil État turc a refusé leur acquittement. En revanche, la Cour constitutionnelle turque a rendu une décision claire en 2019 : il est illégal d’interdire les mobilisations des Mères du samedi sur la place Galatasaray. Mais leur loi n’est que du vent lorsqu’elle va à l’encontre des intérêts des classes dirigeantes, et c’est pourquoi, semaine après semaine, ces mobilisations restent interdites et attaquées.
Les Mères du samedi ont déjà fait l’objet d’actions de solidarité, notamment lorsque le vieil État turc a ouvert leur procès, comme nous l’avons expliqué, entre 2018 et 2021. Des actions ont eu lieu dans plusieurs grandes villes européennes comme Londres ou Cologne ainsi que dans plusieurs villes turques comme Adana et Dersim.
La lutte des Mères du samedi se poursuit, et la solidarité avec elles se poursuit également, ainsi que les protestations contre le vieil État turc, qui tente par tous les moyens de réduire le peuple au silence. Malgré cela, le peuple reste en lutte et les Mères du samedi retournent dans les rues semaine après semaine.