Lyon : 3 semaines de soutien à la Palestine

Le Comité de Rédaction de Nouvelle Epoque a décidé de publier cet article qui propose un retour sur la mobilisation à Lyon des soutiens à la lutte du peuple palestiniens lors des 3 premières semaines suite à l’opération Déluge d’Al-Aqsa.

Le 7 octobre dernier, une nouvelle phase de la lutte de libération nationale palestinienne s’est ouverte. En effet, la Résistance Nationale palestinienne est passée à l’offensive depuis Gaza dans une attaque d’une ampleur inédite depuis des années. Après plus de 75 ans d’occupation, de colonisation, de dépossession brutale des terres, de massacres, de désolation, nous avons la preuve que le peuple palestinien continue de faire front face à l’impérialisme et l’Etat laquais d’Israël. Dès le choc initial encaissé, l’état d’Israël s’est mis à cibler largement les civils pour se venger, prétendant viser « les infrastructures militaires du Hamas ». La réaction parle de « barbares », de « sauvages », pour parler du peuple palestinien en juste lutte, soulevant l’indignation des masses dans le monde entier, et particulièrement celle des masses arabes.

Nous savons que l’Etat d’Israël a pour plan le génocide des Palestiniens, la destruction d’un peuple pour le remplacer par une immense colonie occidentale, avant-poste des Etats-Unis dans le monde arabe. Le peuple de Palestine, évidemment, le sait et résiste. Quand cette Résistance fait trembler l’impérialisme, alors tous les droits sont abolis : l’armée sioniste a elle-même promis « d’abolir les lois de la guerre », ce que la Résistance n’a pas fait, malgré les torrents de boue et de missiles déversés contre elle.

Dans les masses, tout le monde connaît la vérité. Personne ne fait confiance aux médias bourgeois qui soutiennent l’épuration ethnique depuis 75 ans, qui soutiennent que l’occupation est « légitime » et qui nient la dignité des masses de Palestine. Tout le monde comprend bien une chose : l’Etat réprimera les manifestations, car il ne veut pas que les habitants et habitantes des quartiers, qui s’identifient aux masses de Gaza, s’organisent et puissent dire ce qu’ils pensent, et surtout car il a peur des débordements tant la situation interne de la France est fragile. C’est pourtant le souhait profond des masses : être appelées, organisées, et pouvoir lutter pour changer le monde. La question de la Palestine touche la dignité profonde des masses populaires, et l’interdiction arbitraire et purement réactionnaire de toute forme de liberté d’expression concernant la génocide en Palestine renforce la haine de classe.

A Lyon, la Ligue de la Jeunesse Révolutionnaire s’est tout de suite mise sur le pied de guerre, tout comme le collectif « La Fosse Aux Lyons » afin de soutenir la juste lutte du peuple palestinien et sa Résistance Nationale.

Rassemblement le lundi 9 octobre à Guillotière. Source : LyonMag

Dès lundi 9 novembre, alors que l’Etat sioniste illégitime se remet du rude coups qu’il a subi, un premier rassemblement est interdit à Lyon. La colère est forte, mais la réponse est encore relativement faible. Les démocrates, progressistes et révolutionnaires, groupés à l’appel de la Fosse aux Lyons dans un rassemblement fort de plus de 150 personnes, parviennent à se réunir face à une police sur les dents, afin de manifester leur soutien à la Palestine, avant d’être attaqué par la police et de devoir quitter les lieux suites à plusieurs charges. Cette première victoire politique en centre-ville est suivie d’une seconde quelques jours plus tards. Un petit cortège de voitures se forme aux Minguettes à l’appel encore de la Fosse aux Lyons. Ce cortège grossit jusqu’à être composé d’une trentaine ou une quarantaine de véhicules, traversant les quartiers populaires de l’est-lyonnais au milieu d’un enthousiasme généralisé. C’est bien ce que nous disions qui se matérialise : les masses veulent être mobilisées, politisées, organisées. Ce cortège en est la démonstration éclatante, et la police présente sur place n’aura pas pu reprimer cette manifestation.

https://www.bfmtv.com/lyon/replay-emissions/bonjour-lyon/attaques-en-israel-malgre-l-interdiction-un-cortege-pro-palestinien-a-defile-dans-la-banlieue-de-lyon_VN-202310110168.html
Une émission du monopole médiatique BFM-TV à ce propos

Ceux qui osent lutter, qui osent organiser, sont accueillis avec joie, rejoints, comme face à l’intervention policière qui tente de stopper le cortège. Ensuite, le mercredi suivant, une nouvelle manifestation a lieu. Interdite au dernier moment dans un déni démocratique quasi quotidien, elle regroupe plus d’un millier de personnes au centre de la presqu’île, part en manifestation sauvage. La colère se massifie. Par ailleurs, le 13 octobre, un cortège à l’appel de la Fosse aux Lyons est formé dans la manifestation syndicale, pour porter la ligne de l’unité de notre classe au niveau mondial et de notre lien avec les peuples opprimés. Ce succès en appellant un dernier, la première manifestation non réprimée a lieu le samedi 14 octobre Place Guichard, et regroupe plus d’une centaine de personnes pour une veillée en hommage aux morts de Gaza dont les plus de 2000 enfants.

Dans le même temps, des dizaines de graffitis et de nombreuses affiches apparaissent partout en ville : à l’initiative des masses, mais aussi des activistes révolutionnaires qui s’activent dans les quartiers du 8e et de Venissieux pour systématiser la colère. Une campagne s’effectue ainsi avec pour slogan : « qui sont les terroristes ? ». Beaucoup de gens n’ont jamais manifesté, ne savent pas comment faire pour briser l’isolement qui les empêche de sortir dans la rue : les retours sont toujours positifs, saluant le « courage » et la « détermination » des activistes. « Merci pour ce que vous faites », voilà ce qu’ils et elles entendent le plus. Les activistes n’hésitent pas à aller discuter avec les parents et leurs enfants (qui comprennent parfaitement ce qu’ils se passe). Les réactions sont unanimes et la réflexion apportée par les révolutionnaires est perçue comme un apport important. Tant dans les universités qu’au marché, et au milieu des halls des quartiers, les révolutionnaires sont présents et les masses les soutiennent pour leur soutien clair et sans ambiguité à la Résistance Nationale palestinienne.

La semaine suivante commence le bombardement intensif de Gaza. L’Etat d’Israël ordonne à la population gazaouie de se déplacer. Même l’ONU dénonce une « épuration ethnique », c’est dire. Le plan de génocide de la population gazaouie est dévoilé ouvertement, assumé. Le mardi, l’hôpital Al Ahli de Gaza est bombardé par l’aviation sioniste, causant plus de 400 morts. Cette attaque est d’abord revendiquée par l’armée israélienne, mais les mensonges ne tardent pas à naître face à l’immense colère des masses, dans le monde arabe et dans le monde entier. Dès le soir, des émeutes éclatent dans le monde entier. Des consulats américains et israéliens sont pris pour cible et les masses arabes laissent éclater leur colère.

A Lyon, la Fosse aux Lyons propose une nouvelle veillée en soutien aux habitants de Gaza, permettant aussi à chacun de se recueillir, avant le déferlement de colère. Le 21 octobre, des milliers de personnes se regroupent place des Terreaux, dont les membres de la FAL. Le travail politique paie et les masses commencent à briser la peur de l’isolement et de la répression. Le rassemblement est important, combatif, et présage de nouveaux développements de la lutte contre le génocide qui frappe Gaza.

D’autant que les activistes révolutionnaires et démocrates n’ont pas stoppé leur activité. Un travail est réalisé pour mettre en contact les habitants des quartiers et les masses voulant lutter, et de nombreuses actions de collage, tractage, déploiement de banderoles, manifestations, ont lieu. Ce travail appuie le rassemblement organisé par les habitants et habitantes du quartier des Etats-Unis et les membres de la LJR. En effet, les quartiers prolétaires constituent le moteur et le carburant de la Révolution, et donc de toute solidarité anti-impérialiste. Une petite centaine de personnes se rassemble le soir du 25 octobre et partent en manifestation spontanée après une prise de parole rappelant l’importance du soutien à la lutte de la Palestine et à la Résistance dans son ensemble, jusqu’à la libération de la mer au Jourdain.

Après plus de trois semaines d’intense mobilisation (NDLR : cet article a été écrit fin octobre), il faut dresser un constat ; les masses veulent s’organiser, veulent lutter, et le font. Il est donc nécéssaire pour les militants révolutionnaires et anti-impérialistes de plonger au coeur des quartiers. La mobilisation en centre-ville est importante, mais d’un point de vue stratégique c’est bel et bien du coeur des quartiers que tout partira, que tout est possible et imaginable.

L’indignation est à son comble, et la lutte pour la Palestine permet de briser la chappe de plomb de l’isolement des quartiers populaires. Alors n’attendons plus, plongeons au coeur de ces derniers !