Lyon : une soirée de mi-mandat contrastée pour l’équipe municipale

Ce mardi 5 décembre, le maire de Lyon et le maire du 8e arrondissement, Gégory Doucet et Olivier Berzane, ont rencontré leurs administrés dans l’hôtel de ville d’arrondissement pour «se retrouver» et dresser un bilan de mi-mandat. 3 ans après leurs élections respectives avec une faible majorité et une très forte abstention majoritaire, messieurs Doucet et Berzane se présentaient sans aucune certitudes devant des habitants du 8e arrondissement pour un moment de mise en scène politicienne devant les caméras. Mais c’est sans compter sur la mobilisation d’une 20aine d’habitants et habitantes du quartier des Etats-Unis et de Viviani, mobilisé et soutenu par le Comité Populaire d’Entraide et de Solidarité du quartier.

La soirée est ouverte par Olivier Berzane lors d’une longue introduction pompeuse, accompagné par un animateur, dans un choix scénographique rappelant une mauvaise émission télévisée : tel Laurent Delahousse et son invité politique, un enchaînement de questions-réponses préparées entre le maire d’arrondissement et son acolyte donne le ton de la soirée.

Olivier Berzane laisse alors la place à Grégory Doucet qui le promet : la parole est libre, cela sera un exercice de redevabilité pour lui et son équipe (sic). Malgré ceci une membre de l’équipe de maire vient à la rencontre d’une habitante du quartier des Etats qui souhaite s’exprimer en lui ordonnant de ne pas parler du logement ou des problèmes avec Grand Lyon Habitat, sans autre effet que de pousser encore plus l’habitante à s’exprimer fortement.

Après ce temps d’échange totalement orienté, l’équipe municipale projette une vidéo d’une vingtaine de minutes. Cette vidéo est la retranscription d’une enquête sociologique, portant sur «un échantillon représentatif» d’habitants.

Alors que le début de la vidéo est plutôt honorable pour l’équipe municipale, la suite change de registre : petit à petit, les questions centrales du pays et des masses s’installent. Le logement, l’accès au centre-ville et la question de la voiture et des transports, la sécurité. Rien ne va, tout est dénoncé. Les points négatifs s’accumulent, les axes positifs se réduisent. Lyon est une ville en crise, et même un clip promotionnel dans lequel on sélectionne les réponses et les extraits ne peut le cacher.

S’engage alors la partie phare de la soirée, les questions-réponses avec le maire, Grégory Doucet, qui après 8 réunions sur les dernières semaines comment à être rodé et habitué aux questions, et ça se sent. Olivier Berzane lui, peut-être toujours vexé d’avoir été publiquement mis face à ses contradictions et son inaction l’année dernière à la même période de l’année et tourné en ridicule par les habitants et le CPES, ne participe pas.

Comme dans la vidéo, les mêmes sujets reviennent sur la table, encore et encore. Le logement, l’intégration des classes et quartiers populaires, la sécurité, la question des voitures et de l’accès au centre-ville.

Comme l’année dernière, un représentant du Comité Populaire d’Entraide et de Solidarité (CPES) des Etats-Unis a effectué une longue prise de parole face à une salle remplie, demandant au maire de Lyon de se positionner pour ou contre les pratiques mafieuses des bailleurs sociaux, au côté de ses administrés ou au côté des mafias du logement social, tout en demandant une réunion afin de faire évoluer la situation. Cette longue prise de parole, particulièrement applaudie, faisait suite à celle d’une habitante du quartier des États-Unis qui décrivait son quotidien de locataire auprès de Grand Lyon Habitat, entre chauffage et ascenseur en panne, moisissures et mépris de la part du bailleur qui ferme la porte de ses agences au nez de ses locataires.

Comme un symbole, Grégory Doucet a commencé ses réponses par celles portant sur le logement, mais a soigneusement évité de revenir sur la question des bailleurs, le tout sous l’œil attentif du directeur de Grand Lyon Habitat.

Après 30 minutes de réponses politiciennes le débat est interrompu : l’heure est trop tardive nous avance-t-on. Tant pis pour les innombrables questions qui restent en suspens, on reviendra l’année prochaine. Peut-être aurait-il fallu commencer à l’heure prévue, 18h30, et pas avec 45 minutes de retard ? Peut-être, mais quoi qu’il en soit, le débat est clos et les maires une fois de plus sont sans réponses face aux questions légitimes des habitants, montrant une fois de plus qu’ils ne servent pas les habitants et ne sont pas des alliées dans notre lutte pour la dignité !

Ce contre-temps fâcheux n’arrête pas les habitants membres du CPES qui se dirigent d’abord vers Grégory Doucet, auquel ils redemandent ce qu’il peut, et veut, faire. Pendant ce temps, Olivier Berzane ronge son frein, et sitôt qu’une membre du CPES lui adresse la parole et lui propose de prendre le mail du comité, il explose, lâche entre ses dents «je sais qui vous êtes je ne suis pas dupe», et préfère fuir la confrontation aussi rapidement qu’un rat quitte le navire en train de couler.

La conversation se reporte alors sur le directeur de GLH, Jean-Noël Freixinos, et son directeur de l’antenne Etats-Unis. Samir Chergui. Freixinos explique alors à ses interlocuteurs avec force minauderies et mains sur les bras qu’ils «ne comprennent pas» : le chauffage facturé pour 250 jours, c’est car on lisse les charges. Les moisissures dans les chambres des enfants, c’est normal GLH en entend parler tous les jours. Mis face à ses contradictions, il en vient à nier la dangerosité des moisissures, refusant même de continuer à discuter plus longtemps lorsqu’il lui est dit que d’un point de vue médical c’est un facteur de risque pour le développement de maladies respiratoires infantiles.

Les habitants organisés au sein du CPES nous ont déjà informé de leur volonté de poursuivre leur lutte, recontactant d’une part le maire et son adjointe au logement, et de l’autre poursuivant leur recherche d’un avocat pour les accompagner dans la lutte contre les mafias locatives et pour le pouvoir de décider et de choisir ce qui est bon pour son logement. Nous continuerons bien évidement à suivre de près les évolutions de cette lutte.

Prise de parole d’un membre du CPES. Source : Nouvelle Epoque
Prise de parole d’une habitante du quartier des Etats-Unis lors de la réunion publique. Source : Nouvelle Epoque
L’antenne GLH de Mermoz ferme ses portes en pleine journée sous les yeux abasourdis des habitants venus discuter des problèmes qu’ils rencontrent. Source : Nouvelle Epoque