Dans les campagnes du Brésil, les masses paysannes et indigènes continuent le combat qui les oppose aux grands propriétaires terriens et aux monopoles étrangers. Le combat de ces paysans est aussi le nôtre : la quasi-totalité des entreprises du CAC40 (39) ont une filiale au Brésil. En 2022, le pays est la 1ère destination des investissements directs à l’étranger des monopoles français, en faisant le troisième plus gros investisseur étranger pour 40 milliards de dollars. Ceux qui exploitent et tuent les ouvriers et paysans du Brésil, qui pillent la terre, sont les mêmes qui se gavent sur notre travail : les géants Casino, Carrefour, ArcelorMittal, Renault, Engie, etc.
Les révoltes paysannes se poursuivent dans le pays, sans que les récentes élections ne changent la perspective révolutionnaire pour les paysans en lutte. Depuis cet été, les saisies de terres se poursuivent et la Ligue des paysans pauvres (LCP) appelle à la révolution des paysans en armes pour reprendre possession de leurs terres. Fin juillet, alors que les persécutions judiciaires se poursuivent contre des paysans rebelles, le gouvernement annonçait une nouvelle aide aux grands propriétaires fonciers, l’équivalent de 62 milliards d’euros. Suite à ces annonces les 26 et 27 juillet, ce sont 800 familles paysannes qui se sont emparées de terres de grands domaines dans les états de Pernambouc (est du pays) et Goiás (où est enclavée la capitale, Brasília). Ces terres appartiennent aujourd’hui pour partie à une riche famille de politiciens corrompus et d’hommes d’affaires, pour l’autre partie à l’État brésilien, ancien terrain privé lié à l’exploitation sexuelle et la traite d’êtres humains selon le Mouvement de paysans sans terre (MST). Ce dernier terrain avait déjà été occupé en mars pour attirer l’attention de l’État, mais expulsé sans suite par la police militaire.
Le 19 août, 100 familles paysannes soutenues par la LCP se sont saisies de 6 800 hectares de terres abandonnées dans l’état du Minas Gerais (au sud du Brésil), appartenant à une société minière. Le 21 août, dans le Permambouc, de actions de défense de terres ont été organisées contre un grand propriétaire qui tentait d’étendre son terrain avec un prétendu permis de construire. Plusieurs dizaines de paysans se sont opposés à la sécurité privée, puis à la police militaire corrompue. Deux jours plus tard, c’est 80 familles qui récupèrent une partie des terres volées en organisant une journée de travail collective dès 6 h du matin, après l’avoir décidé en assemblée. Au chant de l’hymne « Conquérir la terre », c’est 4 hectares qui étaient déjà cultivés à midi. Malgré les intimidations des grands propriétaires et de la police, les paysans ont tenu bon.
Plus récemment, dans l’état du Paraná (sud), des tensions se ont ravivées entre autochtones de l’ethnie Kaingang et un grand propriétaire revendiquant leurs terres. En 1995, l’État a cédé à la communauté 6 300 hectares de terres à la communauté, chevauchant des terrains que les grands-propriétaires refusent de céder. Déjà en 2017, une occupation avait été organisée, aboutissant à un accord aujourd’hui non respecté. 300 indigènes ont donc décidé de récupérer définitivement leur dû le mois dernier, l’affaire étant renvoyée devant la justice, avec en attendant une interposition de la police miliaire.
Les fruits des terres du Brésil sont aujourd’hui dans nos supermarchés. Les grandes enseignes payent la répression de la paysannerie révoltée et la corruption des autorités avec leurs marges records. Exploitation, répression, inflation, pollution ne sont que les conséquences d’un système à bout de souffle, en crise permanente.