A Rennes, les administrations s’acharnent contre Mohammed, étudiant algérien sans-papiers

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Nous partageons ici un article qui nous a été soumis par le syndicat étudiant FSE de Rennes. Nous partageons ici le lien de la cagnotte lancée par le syndicat pour soutenir Mohammed : linktr.ee/fse_rennes

À Rennes comme partout en France, la crise du logement s’est montrée impitoyable depuis le début de l’année universitaire, laissant des centaines d’étudiant.e.s dormir dans leur voiture, en camping ou à la rue.

Mohammed cumule tous les « critères » de précarité

Depuis Septembre, Mohammed1 est sans logement fixe et sans accès aux soins nécessaires pour continuer ses études dans de bonnes conditions. Étudiant en Master à l’Université de Rennes 1, il cumule tous les critères de précarité; il est étranger, sans-papiers, handicapé moteur et sourd. Sa situation est l’illustration parfaite de l’absurdité de l’administration française : Arrivé en France en 2016 pour ses études, il devient handicapé et quelques années plus tard, inapte à poursuivre son cursus, il perd donc son titre étudiant, et par la même occasion son logement CROUS2 et son accès aux soins.

C’est donc privé de tous droits et avec une santé très instable que Mohammed se réinscrit à Rennes en 2023, déterminé à poursuivre son Master. Mais son statut de sans-papier lui met des bâtons dans les roues et sa santé physique et mentale se dégrade à vitesse grand V, alors qu’il navigue entre les AirBnB, trop chers et non adaptés. Mais maintenant que son parcours à été interrompu (à cause de sa santé rappelons-le), il est plus difficile pour lui d’obtenir un titre de séjour, qui demande généralement un parcours “irréprochable”.

Cependant, la vie de Mohammed est mise en danger si il est sans domicile fixe, un fait attesté par des médecins qui l’ont suivi avant même qu’il arrive à Rennes. Ce n’est donc pas qu’une simple négligence des administrations que dénonce la Fédération Syndicale Étudiante (FSE) vis-à-vis de Mohammed, mais bien une atteinte à l’intégrité physique et morale d’un étudiant.

Critères pour finir son cursus : obtenir la régularisation et le logement

La FSE Rennes s’engage dès fin septembre dans une lutte, d’abord contre le CROUS Bretagne, qu’elle estime responsable du manque de logements sociaux, et de l’absence totale de logement d’urgence même dans un cas de vie ou de mort comme celui de Mohammed. C’est une mobilisation difficile, car le CROUS s’est montré fermé aux demandes et a exprimé un refus clair en tant que fonctionnaires, et donc suivant des textes de lois. Le directeur se montre intraitable, malgré plusieurs rassemblements et occupations au siège du CROUS. Il préfère envoyer la police.

C’est à l’occasion de la venue de la ministre Sylvie Retailleau à Rennes, en novembre, qu’un nouveau rassemblement est organisé par le syndicat. Prenant peur pour son image, elle somme le recteur d’intervenir. Mohammed obtient alors un premier logement d’urgence à l’INSA pendant 1 mois, pour lequel le CROUS a participé à hauteur de 300€ sur les 500€ de loyers.

Nous sommes aujourd’hui début mars, et après plusieurs mois de mobilisation et visibilisation pour Mohammed, le syndicat a obtenu des avancées : Mohammed est logé dans un centre médico-social (cependant loin de la fac et à durée indéterminée), et une cagnotte a été lancée et largement soutenue, permettant de compenser au moins pour un moment l’extrême précarité financière de Mohammed.

Les syndicalistes tentent avec Mohammed, de faire avancer le dossier de régularisation, même si les procédures sont longues et complexes à cause de l’obscurité qui entoure l’administration préfectorale. Des militant.e.s de plusieurs organisations se sont rassemblé·e·s devant la préfecture fin février, pour demander des réponses. Malgré l’absence de réaction du préfet, une lettre a pu lui être transmise, les militant·e·s restants optimistes sur la suite et ne baissant pas les bras.

Il est d’autant plus important de rester soudé·e·s et d’obtenir cette victoire pour Mohammed, que les politiques réactionnaires tentent d’écraser la dignité de nos camarades étrangèr·e·s et sans-papiers, notamment avec l’adoption récente de la loi Immigration et un flicage généralisé des étudiants étrangers.

1Le prénom a été modifié.

2Le Centre régional des œuvres universitaires et scolaires (CROUS) est l’administration qui gère les logements étudiants publics en France.

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