Le 21 mai 2024, Timothée Esprit, ouvrier de l’usine chimique de TORAY CARBON FIBERS s’est vu convoqué à un entretien préalable à licenciement. Timothée est un militant syndical de combat, secrétaire fédéral de la Fédération Nationales des Industries Chimiques de la CGT (FNIC-CGT), qui mène la lutte dans son entreprise de plus de 12 ans pour la dignité ouvrière et l’exploitation capitaliste.
Il est accusé d’avoir publié des photos, sur son profil Facebook, de combattants du Front Populaire de Libération de la Palestine. C’est la bonne excuse : la direction de l’entreprise cherche depuis longtemps à évincer les salariés gênants pour ses intérêts. TORAY a donc clairement pour objectif de tenter de briser le syndicat CGT de l’entreprise, car celui-ci lui donne du fil à retordre : mené par Timothée, ce caillou dans la machine capitaliste est leur plus grande terreur !
Voilà ce qu’il à déclaré : « Mon seul crime, mes camarades, constitue un crime que vous partagez tous ici : le crime d’être solidaire, engagé, militant, syndicaliste, le crime de manifester pour la Palestine, le crime de faire grève pour nos retraites, le crime d’écrire des tracts, le crime de battre le pavé contre les injustices, le crime d’être un homme ou une femme digne et fière, le crime d’être un combattant pour la cause de la classe ouvrière »
Face à la répression, la Ligue de la Jeunesse Révolutionnaire et les Jeunes Révolutionnaires, décident de faire front commun autour de la défense du dirigeant syndical. Le constat est le suivant : la faiblesse actuelle du mouvement syndical peut être conjurée. Le mot d’ordre est simple et ouvert: « soutien à Timothée Esprit, licencié pour avoir défendu la Palestine ! ». La campagne est la première de ce type, une campagne ouverte à tous les sympathisants de la cause syndicale, sur une base combative et de classe. Un communiqué permet de poser les bases idéologiques de la campagne, rappelant que Timothée Esprit n’est malheureusement pas un cas isolé, et que c’est toute la lutte des classes qui s’aiguise :
« Les temps troublés reviennent et ce n’est pas anodin que plus de 1000 syndicalistes ont été inquiété par la « justice » depuis la bataille des retraites, que des actions de barbouzeries ont lieu contre les syndicalistes en lutte, que les médias étalent au quotidien un anti-syndicalisme débridé, car le syndicat reste le dernier endroit d’organisation et de solidarité de la classe ouvrière. La CGT doit redevenir le puissant syndicat de la classe consciente d’elle même. Quand la classe ouvrière perd des droits c’est tous les droits du peuple qui reculent, au contraire quand elle est à l’offensive, les patrons tremblent, le cours des choses est inversés, les progrès sociaux s’étendent. »
Rapidement, la campagne s’inscrit sur le terrain. Timothée Esprit est représenté dans chaque action, des dizaines de milliers de personnes prennent connaissance de son existence. D’abord, un rassemblement unitaire est organisé à Pau, aboutissement de plusieurs grèves dans les usines du groupe Toray par des ouvriers, en soutien à leur dirigeant ; puis, le communiqué est proposé à de nombreuses organisations, qui produisent parfois leur propre communiqué. Une liste conséquente d’organisations le signent : des organisations politiques, des syndicats étudiants… Ce sont également des organisations de défense des droits démocratiques ou de soutien à la Palestine, comme Perspectives Musulmanes, Urgence Palestine, ou encore la Campagne Unitaire pour la Libération de Georges Abdallah, qui apportent leur soutien à Timothée Esprit.
Cela permet de s’organiser sur le terrain. A Lyon, Toulouse, Paris, Saint Denis, à Aubervilliers, La Courneuve, Strasbourg, Limoges, Bordeaux, Rennes, Nantes, Montpellier, Marseille ou Lille, des affiches sont collées par des activistes et sympathisants. De nombreuses banderoles sont également déployées pour faire connaître Timothée Esprit, avec le soutien des masses.
Au quartier populaire de Kennedy-Villejean à Rennes, des slogans sont chantés par les habitants pour Timothée. Pendant le Lyon Antifa Fest, un discours est prononcé entre deux concerts par la Fosse aux Lyons, insistant sur Georges Abdallah et Timothée Esprit. A Hérouville-Saint-Clair, dans la banlieue de Caen, des dirigeants syndicaux menant une grève dure se déplacent sur un événement du Comité Palestine Hérouville, pour affirmer leur soutien au dirigeant de la FNIC-CGT. Au cœur d’une manifestation sauvage pour la Palestine aux Minguettes, un des quartiers les plus pauvres de la métropole lyonnaise, plusieurs centaines d’habitants écoutent un discours expliquant la situation de Timothée Esprit, avant de repartir en cortège.
Depuis des décennies, jamais une campagne de soutien à un dirigeant syndical n’avait pris ce tour politique, porté à la fois par des syndicalistes, des ouvriers grévistes et quelques masses des quartiers populaires, porté dans de nombreux événements, manifestation, avec un aspect combatif.
C’est le cœur de tout cela. Ce n’est pas simplement le nombre de personnes mobilisées, mais la « qualité » de la mobilisation, c’est à dire les noyaux combatifs se développant dans tous les secteurs de la société : à l’usine et au quartier, dans le syndicat, dans les universités, pavant la voie à des campagnes bien plus larges, promettant de nombreuses victoires.