Inde : l’opération Kagaar continue

Pour donner à nos lectrices et lecteurs une impression de l’ampleur de l’opération d’encerclement et de contre-guérilla menée par le vieil Etat indien, nous publions des extraits d’un article paru en septembre 2024 dans la revue indienne People’s March. L’article liste de nombreuses atrocités, mais les contre-offensives tactiques de la révolution et la large mobilisation des masses indiennes prouvent que la guerre populaire en Inde peut surmonter cette tentative des réactionnaires d’écraser le peuple.

L’opération Kagaar, l’offensive stratégique contre-révolutionnaire lancée par l’État indien contre le mouvement révolutionnaire indien sous la direction du PCI (maoïste), se poursuit avec toute la cruauté, la brutalité et la haine possibles. L’État brahmanique Hindutva, qui s’est avéré ouvertement fasciste, utilise tous les moyens de répression contre les classes et les secteurs opprimés du pays. Au Jharkhand, l’opération a été baptisée « Opération Propre ».

Le ministre central de l’intérieur, Amit Shah, s’est rendu dans l’État du Chhattisgarh au cours de la dernière semaine d’août. Après une réunion avec les représentants du gouvernement et de la police de l’État, il a déclaré qu’ils élimineraient les maoïstes d’ici à mars 2026. Cela montre bien que le gouvernement a besoin d’éliminer tous les obstacles qui l’empêchent de faciliter l’exploitation et l’oppression de la population.

Alors que l’opération multiforme est spécifiquement déclenchée dans les zones du mouvement révolutionnaire, une situation similaire existe dans tout le pays en ce qui concerne les classes, les sections et les nationalités opprimées.

Le 10 mai, les habitants de Pidiya et Itavar, dans le district de Bijapur, étaient en train de cueillir des feuilles de Tendu, l’une de leurs sources de revenus habituelles. Ils ont soudain commencé à entendre des coups de feu. Alors qu’ils essayaient de comprendre ce qui se passait, ils ont vu des membres des forces armées arriver de tous les côtés. Ils se sont mis à courir dans tous les sens lorsque la police a tiré sur eux. Douze d’entre eux sont morts, dont deux cadres nouvellement recrutés par la PLGA (Armée Populaire de Guérilla de Libération). L’incident a suscité de vives protestations de la part de la population et des organisations tribales, ainsi que des critiques équivalentes de la part du parti d’opposition, le Congrès, à propos de l’opération « Kagaar » qui se poursuit dans l’État du Chhattisgarh. […] Le Sarv Adivasi Samaj, une organisation tribale, a observé un bandh [grève] le 28 en signe de protestation contre l’incident. Elle a demandé qu’une enquête soit menée. La Chambre de commerce de Bastar a apporté son soutien au bandh. Tous les établissements commerciaux ont été fermés pendant une demi-journée. Le Chhattisgarh Bachao Andolan, une organisation qui regroupe plusieurs organisations tribales, a condamné l’incident et exigé qu’une enquête judiciaire soit menée.

Voici la déclaration du Forum Against Corporatisation and Militarisation (FACAM) concernant un incident survenu dans un village situé sur les rives de la rivière Indravathi. Elle donne les détails de l’incident ainsi que la nature de l’opération en cours – « Le 12 mai 2024, deux enfants, Laxman et Boti Oyam du village de Gurga, dans le district de Bijapur, ont malheureusement été tués dans une explosion après avoir déclenché sans le savoir un obus de mortier non explosé enterré dans le sol. L’obus de mortier a été laissé sur place après que les paramilitaires de l’État indien aient procédé à des tirs de mortier lourds dans les forêts, dangereusement proches des villages. L’explosion s’est produite près des forêts du village d’Odspara, dans le district de Bijapur, sur les rives de la rivière Indravati, où les enfants, accompagnés d’autres adultes de leur village, étaient allés cueillir des feuilles de Tendu. Pendant qu’ils ramassaient les feuilles, les enfants lançaient des pierres, dont l’une a touché l’obus de mortier et a déclenché l’explosion. 20 enfants étaient présents dans la zone, dont deux ont été tués. La mort de ces enfants illustre la triste réalité quotidienne de la transformation de la région de Bastar en zone de guerre au nom de la lutte contre le maoïsme. Les villageois l’avaient prévu et avaient déjà demandé à la police d’enlever ces obus de mortier non explosés à plusieurs reprises ».

[…] Le 23 mai, 7 camarades de la PLGA, dont un membre du PPC (Comité du Parti de Section), ont été tués à Porro Padko, dans la région d’Indravathi, dans la division de Maad. Les cadres organisaient une session de formation pour les enseignants des écoles du Comité populaire révolutionnaire. La police a encerclé les locaux et ouvert le feu. Les villageois ont également été poursuivis par la police. Plus de 30 d’entre eux ont été arrêtés. Le 25, la présidente du CPR de la région de Gangalur, dans le Bastar occidental, la camarade Neela, et un autre ACM, le camarade Vijje, président du DAKMS, ont été arrêtés sans armes dans le village de Kamka, torturés et tués. Deux autres camarades femmes ont été arrêtées.

[…] Le 15 juin, une escouade armée de 8 membres de la PLGA a été encerclée dans la forêt des villages Duruveda-Farasveda de Maad dans la soirée. Les tirs ont commencé tôt le matin et les 8 membres ont été tués. Deux d’entre eux sont des membres du PPC et les autres sont des membres de la PLGA. Le comité divisionnaire de Maad a publié une déclaration selon laquelle les 8 camarades ont héroïquement résisté à l’encerclement de la police jusqu’à la dernière balle et ont donné leur vie. Un policier a été tué dans les tirs, selon la déclaration du département de la police.

[…] Le 2 juillet, la police a effectué une patrouille dans la zone forestière de Maad et a tiré sur la population en toute connaissance de cause. L’Inspecteur Général du Bastar a ensuite déclaré que les maoïstes tués appartenaient à l’équipe de protection de la Compagnie 1 de la PLGA du Comité central. Mais les faits sont différents. Les habitants du village de Gammidi se sont rendus au siège du district de Narayanpur pour récupérer les corps de leurs proches. Ils ont déclaré aux représentants du gouvernement et de la police, ainsi qu’aux journalistes qui les ont approchés, que quatre des personnes tuées dans les tirs de la police étaient originaires de leur village. L’un d’entre eux était membre de la PLGA. Comme lors des incidents actuels, la police a encerclé quelques villages, dont Gammidi, et tué des villageois, l’un travaillant dans son « penda » (terre cultivée à flanc de colline), l’autre se rendant dans un autre village pour alerter ses proches, l’un en courant et l’autre en grimpant à un arbre lorsqu’il a vu les forces armées.

[…] Parmi les camarades martyrs des fausses rencontres figurent des membres du comité de zone, du comité du parti de la section, du comité du parti de village, des membres du parti et de la PLGA, ainsi que des révolutionnaires. La police effectue des patrouilles continues dans les villages pour terroriser la population. Les gens hésitent de plus en plus à entreprendre des activités agricoles et à collecter des produits forestiers. Les gens sont battus, arrêtés et harcelés et les femmes agressées sexuellement.

Dans l’État riche en minerais du Chattisgarh, les exécutions extrajudiciaires et les enlèvements par les forces de sécurité se produisent à un rythme effréné en raison de la politique de militarisation et de corporatisation menée par les classes dirigeantes indiennes. Le 8 juin 2024, un jour seulement après la proclamation des résultats des élections générales, les forces de sécurité ont enlevé trois militants du Moolwasi Bachao Manch. Sodi Bhima du village de Jabbagatta dans le district de Bijapur, Madkam Joshan du village de Gudraguda dans le district de Sukma, et Madkam Joga du village de Gomaguda à Bijapur ont été enlevés par le personnel de la police de Polampalli dans le district de Dantewada. Le 13 juin, Krishna Kumar Kadti a été arrêté au poste de police de Dornapal, dans le district de Sukma. Ces militants indigènes ont été arrêtés par les forces de police alors qu’ils tentaient de rencontrer les autorités administratives afin d’organiser un événement en mémoire du génocide de Silger [massacre d’indigènes].

La PLGA riposte à cette opération par des actions de guérilla à différents niveaux. Le 19, la PLGA a bombardé un nouveau camp de police à Irukubatti, dans la région de Maad, dans le district de Narayanpur. Lors d’un incident survenu dans le sud du Bastar en juillet, deux membres du COBRA (Combat Battalion for Resolute Action), l’unité de guerre dans la jungle des forces paramilitaires du CRPF, ont été éliminés et quatre autres membres de diverses forces ont été blessés lors d’une embuscade. Un combattant de Bastar de Nelangur a été capturé et éliminé par la PLGA le 14 juin.

Le Comité du parti concerné a déclaré qu’il était l’un des informateurs ayant conduit à la rencontre Duruveda-Farasveda. Le 16 juin, un informateur du village de Maspur à Maad a été éliminé par la PLGA pour ses activités anti-populaires. Les comités de parti des différentes divisions ont lancé et respecté des appels au bandh lors d’incidents survenus dans leurs localités respectives. Le 30 mai, la division de Gadchiroli a observé une journée de condoléances à la mémoire des martyrs de Kakur-Tekametta. Cette journée a été suivie par des appels au bandh en juin et juillet dans les divisions du sud et de l’ouest de Bastar.

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