L’importance mondiale et historique de la lutte actuelle en Palestine

Fedayin palestiniens (guérilla) lisant les citations du Président Mao

Quelle est la place de la Palestine dans la lutte révolutionnaire des peuples à l’échelle mondiale ?

Cette question brûlante d’actualité mérite une réponse tant elle porte d’importance dans la lutte anti-impérialiste. Car si la Palestine compte énormément au Moyen-Orient en particulier, elle dépasse largement les frontières et est une lutte connue et reconnue mondialement, des camps paysans du Brésil jusqu’aux universités au cœur de l’impérialisme US.

Comment bien comprendre l’importance mondiale et historique de cette lutte ? C’est la question à laquelle nous allons répondre dans cet article.

Tout d’abord, la lutte du peuple Palestinien est exemplaire par sa durée et son implacabilité. Déjà à l’époque de la guerre du Vietnam, les révolutionnaires d’Asie, disaient que la lutte Palestinienne et les luttes en Asie orientale (Chine, Vietnam, Laos, Cambodge…) constituaient « deux parenthèses qui délimitaient un continent en lutte contre l’impérialisme » (Beijing Review). Cette image n’est pas un hasard.

En effet, l’impressionnante longévité de la lutte du peuple palestinien n’est pas le témoignage d’une époque reculée. Au contraire ! Malgré les tentatives répétées de faire capituler le peuple palestinien (pour ne citer qu’elles, le plan Rogers 1970, camp David 1978, Madrid 1991, Oslo 1993…), aucune machination n’a pu éradiquer la position juste de la libération nationale par la guerre révolutionnaire.

En 1971, le dirigeant de la délégation palestinienne en Chine prononçait ces mots devant 10 000 personnes venues célébrer la « Semaine Internationale de la Palestine » : « La longue histoire de lutte de l’humanité confirme une vérité scientifique importante : pour les peuples opprimés qui souffrent de l’oppression et de l’occupation étrangères, la souveraineté sur leur destin ne peut être gagnée que par la voie de la lutte armée, d’une guerre populaire de libération. Confrontée au sionisme, la révolution palestinienne s’est rendu compte, grâce à une juste guerre de libération, que son ennemi n’est pas seulement le sionisme avec ses organes colonialistes et ses projets expansionnistes et racistes, mais aussi l’ennemi numéro un des peuples de tous les pays – l’impérialisme dans le monde, dirigé par les États-Unis, et ses complices. »

Plus de 50 ans plus tard, cette vérité basique de la lutte du peuple palestinien n’est elle pas encore plus vraie ? Peu importe que celui qui a prononcé ces mots, Yasser Arafat, les ait renié en approuvant les plans impérialistes des années plus tard. La lutte du peuple palestinien a surmonté les trahisons des dirigeants bourgeois qui finissent toujours par vendre l’avenir de leur peuple pour un « État » factice ou des maigres concessions.

Car c’est bien la combativité continue du peuple palestinien qui ne cesse d’inspirer. Les forces armées du peuple palestinien, quelle que soit leur allégeance, fonctionnent bien comme des guérillas, disparaissant et apparaissant en fonction de la situation, se mêlant dans les masses et s’enracinant en elles. Aujourd’hui, l’exemple des tunnels de Gaza est particulièrement parlant à ce sujet.

Si l’on prend en compte les centaines de milliers de participants aux soulèvements récurrents contre l’occupation depuis l’Intifada, le nombre de combattants au sein du peuple palestinien atteint des niveaux énormes, bien supérieurs proportionnellement à la mobilisation de forces conventionnelles (par exemple l’armée russe de conscrits en Ukraine) ou même insurrectionnelles (comme les Talibans en Afghanistan lors de leur victoire en 2021 contre l’armée US).

Par leurs liens culturels, linguistiques et religieux, les Palestiniens agissent réellement comme une avant-garde pour les peuples arabes qui les entourent. L’opinion des masses en leur faveur dans tous les pays arabes le prouve. Dans les pays limitrophes (Liban, Jordanie) où de nombreux réfugiés palestiniens vivent, cette réaction est attendue. Mais on voit que ce mouvement est largement plus étendu : Yemen, Maroc, Turquie, Algérie… Même dans les pays où les dirigeants réactionnaires ont tourné le dos et fermé les yeux, les masses ne se sont pas trompées et ont immédiatement adopté la position du peuple palestinien.

Mais plus largement, cette résistance acharnée, de plus de 7 décennies, contre l’occupation et pour la libération nationale, constitue un phare mondial. Il n’est pas étonnant qu’en Asie, Afrique et surtout en Amérique Latine, les secousses de la lutte en Palestine soient ressenties. La Ligue des Paysans Pauvres (LCP) du Brésil affirmait justement en décembre 2023 : « Nous sommes frères contre un même ennemi. […] Nous sommes les palestiniens du Brésil ! ».

Cette compréhension juste et correcte de la situation est un exemple de l’esprit internationaliste porté en 1963 dans la « Lettre Chinoise » : « C’est pourquoi la lutte révolutionnaire des peuples d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine contre l’impérialisme n’est pas du tout une question à caractère régional, mais une question qui concerne l’ensemble de la cause de la révolution mondiale du prolétariat. ». Elle doit nous inspirer jusqu’à la France, un pays impérialiste qui appuie le sionisme pour son propre intérêt.

Meeting à Pékin, en 1969. Sur la banderole on peut lire : « Le peuple chinois soutient résolument le peuple palestinien et les autres peuples arabes dans leur lutte contre l’impérialisme US et le sionisme »

A propos du 7 octobre : une contre-offensive tactique aux effets stratégiques

Comment la situation a-t-elle évolué avec le 7 octobre ? Les impérialistes voulaient bel et bien enterrer la question palestinienne avant cela. Avec les accords d’Abraham et les plans US dans la région, le peuple palestinien devait selon eux se disperser aux quatre vents et être effacé de l’Histoire. Bien sûr, nous aurions vu à la télévision régulièrement des images de massacres, des nouvelles colonies sur les terres palestiniennes, mais l’opinion favorable à la Palestine aurait adopté le défaitisme et la conciliation.

La contre-offensive tactique du 7 octobre a remis la Palestine au centre de l’attention du monde entier. En cela, et en bien d’autres aspects encore, on peut trouver certaines ressemblances avec l’offensive du Têt au Vietnam en 1968. Cette comparaison, développée dans des magazines bourgeois (Politico, Time, The National Interest) n’est pas anodine. L’offensive du Têt est aujourd’hui considérée comme un tournant dans la guerre du Vietnam, où la libération totale de la péninsule et le retrait des troupes américaines a pour la première fois été concrètement possible.

Pourtant, dans les mois qui ont suivi cette offensive, la destruction et la violence ont été déchaînées par les impérialistes et leurs alliés Sud-Vietnamiens. 15 000 civils vietnamiens sont tués, 630 000 deviennent réfugiés, les pertes des forces révolutionnaires sont 3 fois plus élevées que celles des occupants et des collaborationnistes. Dans le Sud-Vietnam, le régime recrute 200 000 hommes de plus et les généraux US demandent davantage de troupes.

Mais la société sud-vietnamienne explosait en même temps en plein vol : la bourgeoisie pro-US s’isolait de larges portions du peuple qui considéraient que le gouvernement ne pouvait pas protéger les citoyens, et que le président était un « petit dictateur ». Des manifestations avaient lieu, réprimées par l’État. L’opinion internationale et US passait de plus en plus dans le camp opposé à la guerre. Toute ressemblance avec Israël n’est pas accidentelle.

Bien sûr, il y a des limites à la comparaison, mais ces quelques lignes seulement suffisent pour comprendre simplement comment le 7 octobre 2023 peut avoir, en Palestine, des ramifications stratégiques. Malgré son agressivité que même l’impérialiste Biden a souhaité tempérer, le commandement israélien n’a pas éradiqué le Hamas ou toute autre force de résistance. Au contraire, l’accord signé par toutes les factions palestiniennes à Pékin en juillet 2024 pour « l’unité nationale » montre que le rapport de forces au sein des factions palestiniennes n’est plus en faveur de la capitulation mais bien de la lutte, malgré toutes les incohérences politiques des factions bourgeoises et petite-bourgeoises.

Une de la Cause du Peuple, ancienne édition

En guise de conclusion

Voilà un an que la Palestine est dans toutes les bouches et dans tous les esprits. Ça n’est pas un hasard. Nous avons vu que cette grande lutte de libération nationale a un retentissement mondial. Nous avons aussi vu que la contre-offensive tactique du 7 octobre conduit à des conséquences d’importance stratégique pour la lutte du peuple palestinien et pour la lutte des peuples opprimés contre l’impérialisme en général.

Ainsi, la place particulière de la Palestine se clarifie. La Ligue Communiste Internationale indique dans son document de fondation : « Il y a deux forces qui opèrent dans le mouvement révolutionnaire dans le monde entier : le mouvement communiste international et le mouvement de libération nationale, le premier étant la direction et le second la base. ». A l’heure actuelle, la lutte de libération nationale du peuple palestinien représente bien la force de base du mouvement révolutionnaire. Pour triompher, elle se hissera au rang de réelle révolution palestinienne grâce à une direction prolétarienne. Elle est déjà aujourd’hui un phare, un centre, qui attire l’attention de tous et permet de tirer des leçons. En tant que révolutionnaires, nous devons être attentifs à cette réalité et bien saisir à tous les instants l’importance de cette lutte.

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