On parle depuis longtemps de l’émergence de déserts médicaux, des espaces dans lesquels l’accès aux soins est rendu extrêmement difficile par le manque de professionnels de santé y exerçant. En Bretagne, dans le département des Côtes d’Armor, la proportion est de 1 médecin pour 380 habitants, toutes spécialités confondues, un chiffre ne permettant pas un accès satisfaisant aux soins. Cette faible concentration de médecins amène aussi à la fermeture de certains services importants dans les hôpitaux, comme la maternité de Guingamp : les mamans doivent se rendre dans les hôpitaux de Lannion et Saint-Brieuc, à 30 minutes de route environ, ou bien à la clinique privée de Plérin.
La mobilisation pour l’accès aux soins dans le département à commencé à Guingamp, autour de la situation catastrophique de l’hôpital et de la fermeture de sa maternité, où les accouchements sont pour l’heure « suspendus ». A l’initiative de l’union locale de la CGT et de la CGT Centre Hospitalier Guingamp, impulsant une coordination locale pour la santé, plusieurs manifestations et des actions coup de poings ont été menées sur la ville et contre la direction de l’hôpital. Cette mobilisation a vite trouvé un écho dans le reste du département qui connaît les mêmes conditions désastreuses d’accès aux soins.
La pression municipale mise sur l’État
Au cours de la mobilisation, une solution est apparue en accord avec l’ambassade de la République de Cuba, pour accueillir plusieurs médecins cubains pour permettre de maintenir ouverts les services menacés. C’est un vrai pied de nez fait à l’État français, qui refuse cette aide et poursuit ses politiques de fermetures. Dans le même temps, un arrêté municipal type a été diffusé mettant directement l’Etat en cause dans la gestion de la situation sanitaire de la zone. Cet arrêté a été repris par plusieurs municipalités et prévoit des pénalités financières auprès de l’Etat et de l’Agence régionale de santé (ARS), jugés responsables de « troubles à l’ordre publics » tant que l’offre sanitaire ne revient pas à un niveau suffisant.
A la suite de la publication de cet arrêté par 57 mairies du département, la préfecture a réagi en assignant devant le tribunal administratif de Rennes les maires de certaines de ces communes. L’espoir de l’État est de faire pression pour ne pas avoir à répondre de la destruction des services de santé par les différents gouvernements de ces dernières années. Il souhaite pouvoir poursuivre tranquillement la privatisation des services de santé, au dépends des besoins du peuple, et pouvoir tirer toujours plus de profits.
Une mobilisation populaire historique
Plusieurs manifestations départementales et régionales ont eu lieu pour mettre la pression sur les pouvoirs publics. Le mois dernier, plusieurs milliers de personnes ont manifesté depuis l’hôpital de Carhaix pour mettre la pression sur l’État pour obtenir la réouverture totale des urgences de l’hôpital, régulées depuis l’été 2023. La ville n’avait pas connu une manifestation de cette ampleur depuis 2008, quand les habitants s’était mobilisés déjà contre le projet de fermeture de la maternité et du service de chirurgie de l’hôpital.
Gaël Roblin, élu municipal à Guingamp et porte-parole de War-Sav1, dénonce ainsi la situation sur twitter : « Des syndicalistes, des élus, des habitants qui ne se contentent pas des paroles préfectorales nous disant que l’état est pro actif pour l’accès aux soins. Si c’est vrai nous lui laissons trois mois pour réouvrir les urgences de Lannion et Carhaix H24, garantir la possibilité d’accoucher à Guingamp. D’ici là nous allons remplir des cahiers de doléances pour illustrer la détresse de la population et l’impliquer dans la lutte. On les apportera le samedi 1er février à Guingamp en sous préfecture, en manifestation évidemment. »
Malgré la répression, la mobilisation ne faiblit pas pour la défense de l’accès aux soins. Ce 10 décembre, une nouvelle manifestation régionale a été organisée à St-Brieuc, réunissant plus de 200 personnels de santé et habitants. La dernière et quatrième annonce de suspension des accouchements à Guingamp a été annoncée début octobre par l’hôpital de la ville et l’ARS, jusqu’au 30 avril 2025. Le prochain rendez-vous régional est donc donné le 1er février, à la sous-préfecture de Guingamp.
1 Gauche indépendantiste bretonne