Dans le contexte des discussions autour d’un cessez-le-feu à Gaza, nous partageons cet article de notre édition papier.
« Mon testament est que vous mainteniez votre fusil fermement, votre dignité sans compromission, et le rêve immortel. L’ennemi veut nous voir abandonner la résistance, et transformer notre cause en une négociation sans fin. […] Ne négociez pas ce qui vous revient de droit. […] Soyez fidèles au sang des martyrs, à ceux qui sont partis et nous ont laissé ce chemin plein d’épines. Ce sont eux qui pour nous ont tracé de leur sang le chemin de la liberté, alors ne rendez pas vains ces sacrifices dans les calculs des politiciens et les jeux diplomatiques. »
Testament du dirigeant politique du Hamas, Yahia Sinwar
La Palestine et la lutte mondiale pour l’émancipation
Dans le monde, la contradiction principale, celle qui fait avancer l’histoire, est entre les nations opprimées et la poignée de pays impérialistes, dirigés par d’immenses monopoles. Cette contradiction s’exprime en Palestine, comme ligne de front principale de la lutte entre l’impérialisme et les nations opprimés, comme centre et moteur de la Révolution Prolétarienne Mondiale. C’est en voyant la Palestine que les masses opprimées du monde entier, et en particulier du monde arabe, voient clairement la vérité universelle : sans le pouvoir, tout est illusion, et ce pouvoir ne peut se conquérir que les armes à la main.
En Palestine, la Nation affronte l’impérialisme les armes à la main depuis la création de l’État d’Israël. Cet affrontement séculaire entre les opprimés et les oppresseurs s’est exprimé de manière frappante dans l’héroïque contre-offensive tactique du 7 octobre, à la portée stratégique, c’est à dire avec des conséquences changeant significativement le sens de la guerre. Le 7 octobre, les avant gardes palestiniennes, unis dans le Front National de Résistance, construit patiemment pendant une décennie, avec à sa tête les Brigades du martyr Ezzedin Al-Qassam (branche militaire du Hamas), ont pris d’assaut les frontières d’Israël, et mis en échec les plans de l’ennemi. L’armée Israélienne a été humiliée. L’assaut de Gaza a été donné, comme prévu par les plans de la Résistance.
Toute organisation populaire de Résistance peut vaincre par l’application de ce que sont les enseignements du président Mao, qui considère que l’on doit attirer l’ennemi au plus profond de ses bases, l’entourer, l’encercler, le détruire. C’est cette stratégie qu’ont suivie les Palestiniens, et, depuis, ils portent des coups violents à l’occupation, remportant une victoire stratégique et mettant en crise existentielle la société israélienne.
Gaza, cœur de la Résistance
Gaza, aujourd’hui, est le cœur de la Résistance. Il ne s’agit pas d’un constat froid mais d’une réalité politique. Gaza est une base d’appui pour la Résistance, un lieu, où, depuis 2006, Israël n’a plus le contrôle, et a vu s’échapper la réalité du pouvoir, détenu par le Hamas. Gaza est une immense concentration urbaine, de deux millions d’habitants, qui ressemblent par sa topographie. aux métropoles impérialistes. Ce sont les masses, unies autour de la Résistance, qui ont permis d’appuyer le plan de l’offensive tactique de la Résistance. Cette offensive a aussi été permise par l’unité. Depuis plusieurs années, les différentes factions se sont unies sous un commandement unique, avec comme force principale les brigades Al Qassam du Hamas, et en forces secondaires les brigades Al Qds du Jihad Islamique Palestinien, les brigades Abu Ali Mustapha du FPLP et les Forces de Résistance Nationale du FDLP, deux organisations de la gauche palestinienne. L’unité des factions, au sein de la Chambre Conjointe des Opérations, à permis de démultiplier la force de la Résistance, et d’attirer de nombreux jeunes combattants.
Après un an d’agression génocidaire sioniste, le soutien à la direction de la Résistance, le Hamas, et à la lutte armée, est en nette hausse. Ce soutien populaire à la Résistance est d’ailleurs la cause de l’échec sanglant du Plan des généraux. En effet, la Brigade de Jaballia, dans le nord de Gaza, est considérée comme une des plus importante et plus combative du pays. Elle compte 5000 personnes capables de porter les armes, fondues dans la masse de la population qui les soutiennent. Les généraux Israéliens ont décidé de vider Jabalia, pour isoler la Résistance. C’est finalement leur conception de la lutte contre-insurrectionnelle en Palestine : vider le pays de ses habitants, car sans habitants, pas de Résistance. Mais cette stratégie ne fonctionne pas. Après plusieurs semaines de bombardements brutaux, moins d’un tiers de la population a accepté de partir, les autres refusant. Les images d’horreurs nous sont parvenues, en particulier le tri des populations, avec des milliers d’hommes envoyés à l’exécution, les femmes et les enfants déportés dans le sud ou emprisonnés. Mais les masses refusent le départ et continuent à soutenir massivement la lutte armée, et la brigade de Jabalia continue d’opérer et d’infliger de lourdes pertes aux sionistes. Les discussions autour d’un cessez-le-feu en Palestine signifient ceci : les objectifs militaires n’ont pas pu être atteint car la Résistance est un obstacle trop grand.
Cisjordanie et Liban : des fronts se lèvent
En Cisjordanie, la Résistance opère également et les opérations se sont renforcés autour en particulier des Brigades des Martyrs d’Al Aqsa. Ces brigades sont des groupes dissidents du Fatah, en partie décrédibilisé par sa direction de l’Autorité Palestinienne corrompue. Mais l’isolement, les murs, les opérations régulières de l’Armée Israélienne et l’absence de base d’appui de la Résistance ont permis de faire payer un lourd tribut à la Résistance. Toutefois, le soulèvement des masses palestiniennes de Cisjordanie a obligé Israël a redéployer la majeur partie de son armée à l’Est du pays, l’empêchant de concentrer ses forces sur Gaza. Au Liban, des dizaines de milliers de jeunes ont grandi dans les camps de réfugiés palestiniens. Ce sont ces jeunes qui ont rejoint en masse le Hezbollah, qui a soutenu Gaza pendant plus de 13 mois avant de signer un cessez-le-feu ; une victoire tactique de grande portée pour la Résistance au Liban. Preuve en est, ce cessez le feu est considéré comme une reddition et une humiliation par la société israélienne.
Israël, en difficulté
Alors que la Résistance se porte bien, jusqu’au cœur des zones assiégés comme Jabalia, et continue à porter des coups à l’armée israélienne et à remporter des victoires stratégiques, la société Israélienne, elle, est en grande difficultés. La croissance s’est effondrée, de 6,5% en 2022 à 1,1% en 2024 (ce qui est très faible pour un pays comme Israël, qui est en fait une semi-colonie américaine et non un état impérialiste). Le déficit public a doublé. Le nombre de travailleurs palestiniens dans le BTP bloqués à fait s’effondrer de 80% le nombre de chantiers. Et cette crise économique majeur, malgré le soutien des États-Unis, s’accompagne d’une crise politique.
Depuis plus d’un an, d’immenses manifestations réclament le départ de Netanyahou, accusé d’avoir mis en danger la société israélienne. L’armée a tenté un coup de force lors de la démission forcée du ministre de la Guerre, Yoav Gallant. Une partie des Haredim, orthodoxes juifs exemptés du service militaire, refusent de participer à la guerre pour des raisons religieuses ; et l’armée manque cruellement de bras (50 000, selon certaines sources). Ces contradictions sont l’expression non pas d’un soulèvement humaniste pour une solution à deux États, comme le prétendent de nombreux liquidateurs de la cause palestinienne, mais de contradictions de plus en plus fortes au sein de la société israélienne.
L’invincible résistance du peuple
Gaza est une preuve supplémentaire que l’application des principes de la guerre populaire rend le peuple invincible. Dans une topographie proche de celle de nos métropoles impérialistes, encerclée par une des armées les mieux équipées du monde, en confrontation direct avec l’impérialisme Yankee qui soutien matériellement, politiquement, financièrement Israël, la Résistance palestinienne et l’héroïque peuple palestinien, résiste et porte des coups toujours plus durs aux impérialistes.
Le peuple a créé une base d’appui, a développé une armée à travers le Front Uni de la Résistance. L’offensive tactique du 7 octobre a attiré l’ennemie dans la base ou la Résistance est forte, dans les « sables mouvants de Gaza », qui sert de tombeau aux soldats sionistes. Les gazaouis ont creusé des tunnels qui protègent l’infrastructure militaire de toutes les destructions.
Malgré les immenses massacres, malgré la puissance des bombes des impérialistes, malgré la brutalité, et surtout malgré la supériorité militaire écrasante de l’agresseur américano-sioniste, le peuple palestinien lutte, les armes à la main, et se dirige vers la libération.
