Le gouvernement d’Emmanuel Macron prévoit de réformer de fond en comble le système de retraite en instaurant un système à point, en mettant fin aux régimes spéciaux et en créant un « âge pivot ».
Actuellement, au sein de l’État français, il existe 42 régimes de retraites différents adaptés aux situations spécifiques de nombreux secteurs. La pension de retraite est basée sur un calcul fait à partir du nombre de trimestres travaillés et l’âge légal de départ est fixé à 62 ans. La réforme prévue par Emmanuel Macron et son gouvernement vise à modifier tout ça.
D’abord, la réforme vise à supprimer les 42 régimes différents pour créer un régime unique. Ainsi, les travailleurs de la SNCF et de la RATP par exemple qui, du fait de la difficulté de leur métier, bénéficient d’un régime spécial avec un âge de départ en retraite plus jeune que la moyenne, perdront ce régime spécial et partiront en retraite au même âge que tous les travailleurs. Pour ces travailleurs, la réforme signifie donc la nécessité de travailler des années de plus dans un secteur difficile physiquement et psychologiquement. La logique macronienne ici est d’unifier par le bas les régimes de retraite : plutôt que de mieux protéger les travailleurs et travailleuses ne bénéficiant pas d’un régime spécial, Macron préfère briser les régimes spéciaux et loger à la même enseigne tous les prolétaires sur la base du régime le moins avantageux. Il y a derrière cette politique une logique vicieuse de division du prolétariat. En effet, Macron et son gouvernement essayent de monter les travailleurs les uns contre les autres en affirmant que les cheminots, agents RATP et autres travailleurs bénéficiant d’un régime spécial sont des privilégiés, des nantis et que les droits dont il bénéficient sont injustes car les autres travailleurs n’en bénéficient pas.
En suite, la réforme prévoit de créer un système de retraite à point dans le cadre duquel chaque euro cotisé vaudra le même nombre de points. Ces points seront en suite convertis en pension de retraite à la fin de la carrière du travailleur ou de la travailleuse. Ce système est totalement injuste car, encore une fois, les travailleurs ayant de faibles salaires et qui cotisent donc moins, toucheront une retraite de misère pendant que les DRH aux salaires mirobolants toucheront une belle retraite. Les inégalités de salaire qui existent déjà aujourd’hui dans le montant des pensions de retraite seront demain encore plus fortes avec la réforme de Macron, ce qui est honteux car ce sont bien les prolétaires, qui touchent souvent un salaire très faible, qui, par leur travail quotidien, font tourner la société. Il est également à noter que le système de retraite à points risque de plonger dans l’incertitude des millions de retraités. En effet, le risque d’un tel système est qu’à la moindre crise budgétaire, la valeur du point soit diminuée par le gouvernement et que cela entraîne une baisse du montant des pensions de retraites, qui sont déjà dérisoires pour des millions de personnes âgées.
Par ailleurs, ce système de points risque d’être extrêmement désavantageux pour les millions de travailleurs précaires qui enchaînent les CDD, les périodes de chômage et les jobs à temps partiel ou en intérim. Ces travailleurs cotisent moins et auront donc une retraite plus faible. En effet, actuellement, le montant de la pension de retraite est basée sur les 25 meilleures années de la carrière d’un travailleur (les six derniers mois pour un fonctionnaire). Demain, avec la réforme, c’est l’intégralité de la carrière qui sera prise en compte, ce qui signifie que les années de creux, les années à galérer en CDD, en intérim et à temps partiel seront prises en compte. Cela entraînera mécaniquement une baisse du montant de la pension pour des millions de personnes. Les travailleurs qui bossent sans contrat de travail à cause de patrons voyous seront également désavantagés car cette période de travail non déclarée ne leur fera gagner aucun point. Les femmes, qui subissent la précarité bien plus violemment que les hommes et sont sur représentées chez les personnes en CDD ou en temps partiel, seront elles aussi parmi les premières victimes de cette réforme. Par ailleurs, la question de la prise en compte des périodes de grossesse reste encore aujourd’hui en suspens. Ainsi, si Macron essaye de se faire passer pour un Président féministe depuis le début de son mandat, c’est bien une réforme misogyne qu’il s’apprête à faire passer.
Les interrogations demeurent encore aujourd’hui à propos des carrières hachées du fait de problèmes de santé ou d’accidents du travail. En arrêt maladie, un travailleur, touchera des points, mais le gouvernement n’a pas encore annoncé publiquement comment ceux-ci seront comptés. Il est ainsi possible et même probable que les prolétaires victimes d’accidents du travail ou de problèmes de santé au cours de leur vie professionnelle soient désavantagés par cette réforme. Encore une fois, ce sont les ouvriers qui font les frais d’une réforme antisociale et non les cadres supérieurs qui, dans leurs beaux bureaux, risquent beaucoup moins d’être victimes d’accidents du travail ou d’avoir des problèmes de santé. Cela est tout à fait cohérent avec la logique de Macron qui considère qu’il ne faut pas parler de « pénibilité » car cela laisserait penser que le travail est pénible. Macron n’a visiblement jamais été manutentionnaire ou encore travaillé sur des chantiers par grand froid en hiver ou par forte chaleur en été.
La réforme prévoit enfin la mise en place d’un « âge pivot » qui sera de 64 ans. Concrètement, cela signifie que les travailleurs et travailleuses pourront partir en retraite à 62 ans, mais que si ils veulent toucher leur retraite à taux plein, ils devront attendre 64 ans. Cet âge pivot, couplé à la suppression des régimes spéciaux, va encore accroître les inégalités : alors que les cadres ayant un salaire élevé pourront se permettre de partir à 62 ans du fait de l’argent mis de côté au cours de leur carrière, les ouvriers n’auront pas d’autre choix que d’attendre 64 ans car ils ne pourront pas se permettre financièrement de ne pas toucher leur retraite à taux plein. Alors que les cadres ont une espérance de vie supérieure de trois à six ans (selon le sexe) à celle des ouvriers, cet âge pivot constitue un véritable assassinat contre les ouvriers qui voient disparaître leurs chances de pouvoir profiter de leur retraite en bonne santé. De plus, alors que les plus de 55 ans sont sur représentés parmi les victimes d’accidents du travail, cette réforme risque d’encore amplifier ce phénomène en obligeant des millions d’ouvriers et d’ouvrières à travailler plus longtemps, mettant ainsi en jeu leur sécurité.
Macron, en politicien vicieux, prévoit de faire passer cette réforme après les élections municipales afin de ne pas pousser les masses populaires à voter contre lui. Cependant, ce n’est pas dans les urnes que cette réforme doit se combattre mais bien dans la rue, par la grève. Ainsi, nous devons toutes et tous nous joindre aux appels à la grève pour le 5 décembre !
Face à l’infâme réforme des retraites, on a raison de se révolter !