Édouard Philippe, premier ministre de l’État français, a présenté ce mercredi 11 décembre le contenu de la réforme des retraites. Comme on pouvait s’y attendre, cette réforme va directement à l’encontre des intérêts des travailleurs et travailleuses. En effet, elle prévoit d’instaurer un système universel par points qui prendra en compte toute la carrière professionnelle dans le calcul de la pension de retraite, contre les 25 meilleures années actuellement (ou les six derniers mois pour les fonctionnaires). De plus, même si le gouvernement a affirmé que la valeur du point ne pourra pas baisser, nous pouvons légitimement en douter car il suffira qu’une loi vienne, dans quelques années, modifier la loi actuelle pour que la valeur du point puisse baisser, et le montant des pensions de retraite avec.
La réforme prévoit également de supprimer les régimes spéciaux de retraite, acquis de longue lutte par les travailleurs de secteurs où les conditions de travail sont particulièrement difficiles, comme à la SNCF ou à la RATP. Les travailleurs de ces entreprises, qui peuvent partir en retraite plus tôt, vont donc se retrouver au régime général, perdre une partie de leur pension et devoir travailler plus longtemps. Enfin, comme prévu, le gouvernement souhaite mettre en place un « âge pivot » à partir duquel les travailleurs pourront toucher leur pension à taux plein. Le gouvernement prévoit de fixer cet âge pivot à 64 ans et de le faire évoluer en fonction de l’espérance de vie. Cela signifie que si des travailleurs veulent partir en retraite à 62 ans, l’âge légal actuel, ils partiront avec une pension amputée d’une partie de son montant. Le but de cette mesure est de forcer les travailleurs à travailler toujours plus longtemps et de faire des économies sur ceux qui, trop abimés par leur carrière, ne pourront pas se permettre de partir à 64 ans.
Alors que le gouvernement vient de présenter sa réforme, nous avons appris que Jean-Paul Delevoye, haut commissaire en charge de la réforme a « oublié » de déclarer ses liens avec le Monde de l’assurance dans sa déclaration d’intérêts, mais également qu’il demeurait depuis 2017 Président d’un Think Tank, poste pour lequel il a touché plus de 140 000€, alors pourtant qu’il est anticonstitutionnel de cumuler un poste de ministre (ou haut commissaire) avec un quelconque autre poste.
Alors que la réforme, en brisant le système de retraite des travailleurs et travailleuses, va bénéficier directement aux complémentaires privées, les liens entre Jean Paul Delevoye et le Monde de l’assurance (et donc les complémentaires privées de retraite) apparaissent comme un scandale de corruption et de conflit d’intérêt de plus au sein de l’État français.
Face à cette infâme réforme, les syndicats de travailleurs appellent à amplifier une mobilisation déjà très forte et sont désormais déterminés à faire durer le mouvement jusqu’au retrait total du projet. Fait rare, le gouvernement a même réussi à fâcher la CFDT, syndicat de sociaux-traîtres, qui soutenait pourtant depuis le début le projet de réforme. Ainsi, pour la première fois depuis 2010, l’ensemble des syndicats de travailleurs appellent à la mobilisation pour le mardi 17 décembre.
Face à l’infâme réforme des retraites, la lutte continue, toutes et tous en grève et en manifestation le mardi 17 décembre !