Qu’es ce que l’impérialisme ? Pourquoi le combattre ?
En cette période de grève, où plusieurs secteurs sont entrés dans un affrontement très dur avec le pouvoir de la bourgeoisie, avec un soutien populaire assez fort, il est important de souligner que la bourgeoisie française que nous affrontons marche sur deux pieds. L’un est actuellement attaqué par les secteurs les mieux organisés de la classe ouvrière par la grève : c’est l’exploitation.
L’autre jambe de la bourgeoisie, c’est le pillage des colonies et des semis-colonies, les pays opprimés par les bourgeois impérialistes de tel ou tel pays. Cette seconde jambe permet à la bourgeoisie de s’enrichir au delà de l’exploitation des ouvriers du pays, de ramener en métropole des marchandises et les profits accumulés, et d’utiliser cette richesse pour aménager de manière capitaliste le territoire, renforcer l’Etat, essayer de tromper les prolétaires en disant : on pille ensemble les colonies ! On en tire notre richesse ! Restons unis !
C’est le système impérialiste qui est la caractéristique déterminante de notre époque, la division entre des puissances impérialistes (USA, France, Allemagne, Russie, Chine, UK et bien d’autres) et des pays opprimés qui prennent la forme de colonies directement contrôlées par les impérialistes, ou de semi-colonies qui ont une indépendance formelle mais pas d’indépendance réelle (comme les peuples ayant connu la « décolonisation »).
Pour La Cause du Peuple, il est important de continuer à former ses lecteurs aux questions théoriques et les lier à la pratique de notre mouvement.
L’Etat français est un Etat impérialiste. La bourgeoisie française exploite, comme nous l’avions expliqué dans un précédant article, le prolétariat dans l’Etat français. Mais en dehors, il procède de manière différente.
L’impérialisme a été défini précisément par Lénine il y à plus d’un siècle, mais reste totalement d’actualité. On pourrait même dire que les caractéristiques s’appliquent mieux à notre siècle qu’à celui de Lénine !
D’abord, l’impérialisme c’est la production et le capital centralisés à un très haut degré : par exemple, des entreprises comme Carrefour dominent le secteur de la distribution, emploient des dizaines de milliers d’employés (jusqu’à 750 dans certains magasins !). Leur pouvoir est énorme : les banques ont le prêt ; la presse a la menace de l’opinion, l’industrie et la distribution peuvent décider de l’avenir économique d’une ville, d’une région ou même d’un pays en dominant l’activité économique, en « créant des milliers d’emplois ».
Le deuxième aspect de l’impérialisme, c’est la fusion du capital industriel et bancaire, qui devient le capital financier : dans un grand groupe monopoliste, on peut s’avancer « à soi-même » de l’argent, par exemple. On trouve chez les réformistes une opposition récurrente entre « économie financière » et « économie réelle ». Mais la réalité du système impérialiste, c’est que le capital financier contient en lui même les autres capitaux, il n’en est pas séparable.
Le troisième point, c’est le fait d’exporter des capitaux : on implante des usines à l’étranger (là où la main d’oeuvre est à bas coût, donc le taux de profit est le plus élevé), on y pille des ressources via des entreprises implantées, etc. La Guadeloupe, la Martinique et la Guyane sont de très bon exemple : on y ouvre des usines, des entreprises, mais il n’y a pas de capital propre, il n’y a presque pas de capitalisme local. Le pays devient dépendant des capitaux extérieur, et le développement du pays est stoppé. Ainsi, les « pays sous développés » ne le sont pas par la faute à pas de chance, mais bien à cause de l’exportation de capitaux, qui empêchent le développement du pays. Ces capitaux sont maintenus et défendus par la force militaire contre les ennemis de telle ou telle puissance impérialiste (qu’ils soient des opprimés ou d’autres impérialistes), comme avec l’opération Barkhane au Mali.
Le dernier aspect de l’impérialisme, c’est la fin du partage du globe par des grandes puissances et les unions internationales de capitalistes : les entreprises s’entendent pour dominer un secteur particulier, réalisent des fusions/acquisitions pour concentrer les capitaux et remettre en question la domination du marché, et sur le plan politique, les grandes puissances impérialistes se repartagent le monde par les guerres de proxy (Syrie, Libye…) et les guerres mondiales (1914-1918 / 1939-1945).
Tous les révolutionnaires dans l’Etat français combattent l’impérialisme français. C’est une condition primordiale pour prétendre à vaincre l’oppression de l’Etat bourgeois ici et ailleurs. En effet, l’Etat Français est puissant grâce à notre impérialisme. Chaque lutte anti-impérialiste dans un pays dominé l’ébranle, le fait souffrir, lui fait perdre les bases de sa domination matérielle. En nous attaquant au « cœur de la bête », nous soutenons la lutte des peuples opprimés. Et ces derniers, en attaquant l’impérialisme, comme en Algérie, au Mali, comme en Mé 67, en 2009 en Guadeloupe-Martinique, ou comme en 2018 en Guyane, sapent les bases de la puissance de la bourgeoisie Française.