Dans l’Etat Français, une lutte de longue durée est en train de s’enraciner. Depuis les journées insurrectionnelles de décembre 2018, les choses ont changé. Depuis le 5 décembre, le mouvement de lutte populaire s’est intensifié.
Mais, comme en décembre 2018, une profonde lutte de classe existe au sein même du mouvement. Les influences des différentes classes, les intérêts immédiats des fractions de classes, etc, rentrent en contradiction.
Par exemple, le mouvement est emmené principalement par les syndicats, souvent CGT, les plus combatifs et les plus hégémoniques : électricité, portuaires, cheminots de la SNCF, ouvriers de la RATP… ces syndicats sont limités par l’absence de perspective politique et révolutionnaire, et les confédérations tentent de les enfermer dans une vision corporatiste « dure », ou chacun tente de protéger les intérêts de sa corporation, mettant au même niveau toute « corporation », ouvrier d’un secteur, cadres d’un autre, telle ou telle profession libérale…
Mais ce corporatisme subit des coups de boutoirs violents. Lorsque l’on unit autant d’ouvriers en lutte, l’encadrement peut exploser. Ce n’est pas encore le cas mais on voit s’entrechoquer des stratégies corporatistes maximalistes (Laurent Brun de la CGT cheminot par exemple, les directions de l’électricité qui soutiennent les coupures de courant), avec les aspirations prolétariennes. A ce niveau, la lutte se joue surtout au niveau du symbolique. Les actions symboliques « dures » sont typiques du révisionnisme de la CGT. Mais la base prolétarienne ne veut pas du symbolique : elle veut frapper le patron, au portefeuille ou chez lui, matériellement ou physiquement.
La prolétarisation de l’enseignement, ou le professeur passe du statut de petit bourgeois vendant son savoir à l’état à celui de prolétaire gardant des enfants et rémunéré pour la vente de sa force de travail (en particulier en primaire et maternelle) provoque aussi une entrée massive de l’enseignement dans le mouvement, avec tout un tas de contradictions entre situation réelle et culture de classe bourgeoise.
Il y à une contradiction forte qui s’exprime : d’un côté, les syndicats réformistes et opportunistes, révisionnistes, tentent d’encadrer les actions dans le « symbolique » : coupure de courant temporaire de lieu de pouvoir, jet de symboles du métier aux pieds d’un politicien, manifestations avec pour seul but le nombre, etc. Mais la partie la plus prolétarienne du mouvement elle se bat avec ses moyens : coupures d’électricité de zones industrielles entières, paralysie des transports, affrontements violents (comme les pompiers), envahissements et occupation, piquets de grève tenus par la force…
Quoi qu’il en soit, cette séquence de lutte a montré l’importance de la lutte politique et idéologique au sein même du mouvement. Notre Front Uni a porté partout le mot d’ordre de « la grève aux grévistes » et de l’unité à la base, à partout tenté de faire hausser la conflictualité et d’étendre la grève et les blocages. Dans chaque Parti, dans chaque organisation, dans chaque mouvement, la lutte de classe s’étend jusqu’à l’intérieur. Battons-nous contre nos ennemis, mais combattons également dans nos rangs pour la ligne prolétarienne !