Dans les communications officielles, le fait est simple : le coronavirus touche tout le monde, sans distinction. Le virus unit les nations, unit les classes sociales, les conditions, dans une même roulette Russe, où le nombre de balles dans le barillet ne dépend que de critères qui transcendent les situations : l’âge, le poids, et tout ce que l’on appelle « les comorbiditées ».
Pourtant, les chiffres officiels des décès dus à l’épidémie nous montrent des chiffres de mortalité, où, au contraire, le virus semble particulièrement viser les américains noirs. Les chiffres sont édifiants : selon le Courrier International, on trouve par exemple, dans le comté de Milwaukee 81% des morts chez les américains noirs, qui représentent pourtant 23% de la population. Dans le comté de Cook, 70% pour 26% de la population. À Chicago, 70% des morts sont des noirs, 40% dans le Michigan, bien au dessus de leur représentation dans la population. On peut trouver des théories du complot : le virus aurait été crée pour anéantir la population noire, par exemple. Pourtant, la réalité semble bien plus simple – et plus convaincante.
En fait, simplement, la plupart des noirs font parti de la frange la plus exploitée du prolétariat. Un rapport officiel de l’Economic Policy Institute, de fin mars, disait : « moins d’un travailleur noir sur cinq et environ un travailleur hispanique sur six sont en mesure de travailler à leur domicile ». En effet, les travailleurs les moins bien payés ont des emplois ouvriers où aucun télétravail n’est possible. « Seulement 9,2 % des personnes faisant partie du quart inférieur de l’échelle des rémunérations peuvent travailler à distance, contre 61,5 % des personnes appartenant au quart le plus élevé. » rapporte le même document. Les travailleurs noirs ne peuvent pas se confiner, ont beaucoup plus besoin de sortir pour survivre, vivent souvent dans des logements trop petits et insalubres. Il y a également, dans les classes populaires, beaucoup plus de facteur de comorbidité, en particulier aux États-Unis, où la nourriture de bonne qualité peut être très chère par rapport à la malbouffe.
Et, dans la classe ouvrière, qu’elle soit noire, hispanique ou blanche, l’obésité est un fléau. Il faut, finalement, noter une chose. Le racisme systémique, aux États-Unis, enferme les américains noirs dans le rôle de prolétaires pauvres. En 2017, pas moins de 21% des noirs sont en dessous du seuil de pauvreté, contre 8% des blancs. Et le nombre de noirs très proche du taux de pauvreté, en particuliers les travailleurs de l’industrie, est très élevé, bien plus que pour les blancs.
Si nous n’avons aucun chiffre, nous pouvons sérieusement penser que tous les prolétaires, finalement, sont beaucoup plus touchés par le virus que les cadres, en particulier ceux de l’industrie, du transport et des métiers dits indispensables : la classe ouvrière. Ce ne sont pas forcément les plus pauvres et les plus précaires qui sont spécifiquement touchés, même si aux USA, ne pas avoir de travail condamne à l’abscence de soins. Ce sont les prolétaires, obligés de vendre leur force de travail, de sortir, tous les jours, pour survivre. Il ne s’agit pas d’un virus qui cible les noirs, mais d’un système où les plus pauvres, souvent noirs, sont beaucoup plus touchés. Comme toujours, les crises affaiblissent et détruisent les prolétaires en premier lieu.
Le mensonge de la communication officielle est détruit par ces quelques statistiques. Il n’y a pas d’égalité face au virus.