Le monde, aujourd’hui, est plongé dans sa plus profonde crise depuis au moins la Grande Dépression de 1929. Cette crise est à la fois causée par le rapport humanité-nature ; dans son aspect conjoncturel – la pandémie, et par des contradictions internes au mode de production lui même.
D’où vient la crise actuelle ?
La crise est une nécessité pour le capitalisme, car l’anarchie de la production (en régime capitaliste) crée de telles contradictions qu’elles doivent tôt ou tard se résoudre. Le capitaliste cherche toujours plus à augmenter la production de marchandise pour faire toujours plus de profit sans se soucier de leur écoulement. Tôt ou tard il y a trop de marchandises produites et commence une nouvelle crise. C’est ce qui amène à une crise de surproduction relative de marchandise, c’est à dire que le capitalisme produit plus de marchandises que la société ne peuvent en absorber. Cela ne signifie pas que la société ne pourrait pas absorber plus de marchandise dans un autre système, mais simplement que la capacité des masses à acheter des biens n’est pas en fonction de ses besoins mais de son argent. C’est pour cela que les marxistes disent qu’elle est relative et non absolue.
Chaque crise règle pour un temps cette surproduction de marchandise relative, en détruisant les forces productives. C’est à dire que des entreprises par milliers disparaissent ne pouvant plus vendre leurs marchandises, les machines et les bâtiments sont vendues ou détruits, les prix des marchandises baissent et donc les stocks peuvent de nouveaux être écoulés et un nouveau cycle peut repartir. Pendant ces crises il y a aussi une destruction de la forces de travail (chômage, les maladies, les mauvais conditions de vie) mais tout cela intéresse le capitaliste car il peut faire baisser les salaires. La classe ouvrière et les masses mondiales vivent dans la misère, non parce qu’elle ne produit pas assez d’objets de consommation, mais parce qu’elle en produit trop. Mais cela ne signifie pas que ce cycle est infinie car chaque crise aiguisent encore plus les contradictions du capitalisme1.
Au début du XXe siècle le capitalisme est passé à un autre stade, celui de l’impérialisme. Avec ce nouveau stade s’est développé le monopole, c’est à dire une concentrations de plus en plus grande d’industries dans quelques mains. Nous utilisons ce terme car ils ont le monopole sur une branche, un secteur d’activité. Il partage cette branche d’ activité avec d’autres monopoles, s’entendent sur les prix pour les maintenir aussi haut que possible. Comme nous l’a appris Lénine :
« Le monopole est le passage du capitalisme à un régime supérieur »2.
Au même moment les banques deviennent de plus en plus puissantes et, de même que les industries, elles se concentrent. Écoutons de nouveau Lénine :
« Au fur et à mesure que les banques se développent et se concentrent dans un petit nombre d’établissements, elles cessent d’être de modestes intermédiaires pour devenir de tout-puissants monopoles disposant de la presque totalité du capital-argent de l’ensemble des capitalistes et des petits patrons, ainsi que de la plupart des moyens de production et des sources de matières premières d’un pays donné, ou de toute une série de pays. »3
Nous assistons à la fusion du capital industriel et du capital bancaire qui donne naissance au capital financier. Notre époque actuelle est dominée par ces immenses groupes que l’on nomme habituellement « les multinationales ».
Pourquoi Lénine a t-il nommé cette période impérialisme ? Car ces puissants monopoles ont besoin d’exporter vers d’autres pays leurs capitaux qu’ils ont en abondance. C’est ce que les économistes bourgeois nomment les Investissements Directes à l’Etranger (IDE). Mais, quand cela ne suffit pas, alors les monopoles poussent leurs états respectifs à soumettre de nouveau pays qui sont dominées par d’autres monopoles d’autres puissances. Il y a donc des guerres de rapines comme toutes les guerres depuis 1945, visant à s’accaparer les richesses et les marchés de peuple souverain. Mais comme nous l’apprend encore une fois Lénine
« les monopoles n’éliminent pas la libre concurrence dont ils sont issus ; ils existent au-dessus et à côté d’elle, engendrant ainsi des contradictions, des frictions, des conflits particulièrement aigus et violents. »4
C’est pour cela qu’une crise aigue pousse toujours plus vers un conflit inter-impérialistes, vers une nouvelle guerre mondiale.
Le monde actuel : La domination sans partage de l’impérialisme US.
Les USA sont la principale puissance impérialiste dans le monde. Aucune autre puissance ne peut venir mettre à mal son hégémonie. La crise actuelle est pour elle une opportunité d’asseoir encore plus sa domination en détruisant les forces productives concurrentielles. Comprenons bien que ce n’est pas seulement vers la concurrence extérieure mais aussi entre les propres monopoles US, comme nous l’avons déjà vue avec la crise des subprimes. Les USA utilisent toute la panoplie de l’impérialisme pour dominer : la domination économique ; le soft power (c’est à dire via la domination de l’information et de la culture) ; le hard power, la violence militaire.
Comme nous l’avons expliqué, les monopoles ont toujours plus besoin de nouveaux marchés et pour cela il faut éliminer la concurrence. En cette période de crise, le temps des demi mesures est passé. Toutes les gesticulations de Trump ne sont pas des crises de folies mais l’expression de l’impérialisme US le plus agressif.
Les monopoles US sont de loin ceux qui dominent la planète. Le stock d’IDE Américain était en 2018 de 7464 milliards de dollards et plus de la moité des 500 plus grosses entreprises mondiales sont US. Il faut rajouter à cela les innombrables filiales à l’étranger de ces monopoles.
C’est le cœurs de la finance mondiale. De nombreux pays sont endettés de prêt ou de loin auprès du système bancaires US. Le dollars est officieusement la monnaie mondiale. De plus la domination ne se fait pas qu’a ce niveau, par exemple dans l’industrie informatique au combien centrale à notre époque, les USA sont largement dominants. Ce n’est pas parce que tous nos matériels sont estampillés Made in China qu’ils sont contrôlés par la Chine. Les USA continuent à dominer le marché des composants les plus importants. Les entreprises chinoises de l’informatique sont dominés par les transnationales US, Japonaises, de Singapour et de Taiwan. Tout en comprenant que Singapour et Taiwan sont de type capitaliste bureaucratique, c’est à dire soumis à l’impérialisme, principalement US. Nous pourrions citer le troisième constructeur mondial d’avion, le brésilien Embraer, qui n’a de brésilien que le petit drapeau national. Une grande part de la production est extra-brésilienne (les portes d’avions par exemple sont faîtes à Toulouse) et le capital est US. Ils utilisent aussi la loi d’extraterritorialité du droit américain5 comme une arme de guerre massive contre les concurrents, comme par exemple la BNP qui a du payé 9 milliards de dollars au fisc US, pour violation d’embargo. Aucun autre Etat ne peut se permettre de telle action contre la 10e banque mondiale.
Un nouveau pas a été franchi avec les fonds d’investissements qui sont devenues les nouveaux super monopoles. Le fond d’investissement BlackRock à sous son contrôle prêt de 6000 milliards de dollars d’actifs, presque autant que le PIB de l’Allemagne et de l’Etat français réunis. Il est le principal actionnaire, à 88%, de S&P 500, c’est à dire les 500 première entreprise US. Il est le 4e investisseurs dans le CAC 40. Son poids en Europe inquiète même l’Union Européenne. Nous pourrions aussi citer Vanguard, qui détient 5000 milliards de dollars d’actifs et qui comme BlackRock investit partout dans le monde. Ces « super monopoles » sont tous liés aux Etats-Unis, nous pouvons même dire que l’Etat américain travaille pour eux.
Cette concentration de plus en plus grande accentue toujours plus l’exploitation de la classe ouvrière partout à travers le monde. La crise actuelle ne va qu’accentuer la domination de ces monopoles en dégradant toujours plus la vie des masses mondiales.
1 La contradiction fondamentale du capitalisme consiste en ce que la production sociale est subordonnée à la classe des capitalistes. L’appropriation capitaliste n’est pas seulement l’appropriation des produits du travail des ouvriers par les capitalistes. C’est parce que les capitalistes sont les propriétaires des moyens de production sociaux qu’ils s’approprient les produits du travail social. La contradiction fondamentale du capitalisme réside, par conséquent, dans la domination du capital sur le travail social. Il découle de cela que la production sociale elle-même existe non pour la satisfaction des besoins de la société, mais pour la satisfaction des besoins du Capital. Principes d’économie politique. Luis Ségal, p.144
2 Lénine, L’impérialisme, stade suprême du capitalisme, Œuvres, tome 22, p. 287.
3 Lénine, L’impérialisme, stade suprême du capitalisme, Œuvres, tome 22, p. 228.
4 Lénine, L’impérialisme, stade suprême du capitalisme, Œuvres, tome 22, p. 286-287.
5 https://fr.wikipedia.org/wiki/Extraterritorialité_du_droit_américain