Le 7 octobre avait lieu le premier tour des élections présidentielles au Brésil. Le pays est en crise politique depuis 2016 avec les scandales de corruption et les coups de force de l’opposition face au gouvernement de Dilma Roussef, qui avait été renversé il y a deux ans. La crise économique dans le pays est quant à elle rampante depuis bien longtemps, et elle porte cette crise politique et sociale.
Alors que le Parti des Travailleurs, la « gauche » de gouvernement qui n’avait pas hésité à éradiquer des favelas pour préparer la Coupe du Monde et les Jeux Olympiques, avait tenté de présenter l’ancien président Lula, celui ci est désormais emprisonné pour sa corruption dans la gestion de l’entreprise Petrobras. Le PT l’a remplacé par l’ancien Maire de São Paulo, Fernando Haddad, bien moins populaire. Du côté des autres forces politiques ayant gouverné, les candidats modérés étaient totalement discrédités par l’état du pays, et n’étaient pas soutenu par des forces importantes de la société compradore brésilienne, comme l’armée.
Dans ces conditions, le candidat fasciste, pro-militaire, conservateur, misogyne et anti-communiste Jair Bolsonaro et son parti, le PSL, ne pouvaient que réaliser une percée, bien que les médias et les observateurs au Brésil ne l’attendaient pas aussi massive que les 46 % réalisés par l’ancien militaire au premier tour dimanche dernier.
Maintenant, en attendant le deuxième tour qui aura lieu le 28 octobre, la situation électorale est désormais claire : qu’une coalition importante d’anti-Bolsonaro se forme ou que ce fasciste l’emporte, le fascisme en tant que force de classe, lui, transforme déjà durablement la nature de l’État « démocratique » brésilien. C’est dans ce sens que vont les déclarations d’Hamilton Mourão, second de Bolsonaro et ancien général, qui a ouvertement admis qu’un coup de force de l’armée était envisageable dans le cas où les choses n’iraient pas dans le bon sens, comprendre, dans le sens du fascisme.
Les révolutionnaires et communistes brésiliens, déjà touchés par une répression intense depuis plusieurs années qui a envoyée plusieurs de leurs militantes et militants vers la prison, ont appelé au boycott des élections, et le total de votes blancs, nuls et d’abstention est de plus de 38 millions. Le journal A Nova Democracia considère ce score comme le « plus important boycott de cette farce électorale ». Ce boycott n’a pas été passif mais actif, dirigé par des révolutionnaires comme le montrent les exemples de Morro da Fumaça, où un travailleur a détruit un bureau de vote au marteau avant d’être arrêté par la Police Militaire, ou a Campinas, où deux appareils de votes ont subi un sabotage.
Des organisations révolutionnaires comme le Mouvement Etudiant Populaire Révolutionnaire (MEPR) ont participé activement à cette campagne dans les facs, les favelas, les communautés rurales et les villes. Nous partageons leurs photos et vidéos dans cet article.
Nous reprenons leur slogan : Não Vote, Lute! Eleição não, revolução sim! (Ne vote pas, lutte ! Election, non, révolution, oui ! )
Très bon article.