Depuis ce lundi 27 avril, premier jour d’un plan de déconfinement, des manifestations ont eu lieu un peu partout au Liban. Ces mouvements de protestation s’inscrivent dans la continuité de la révolte de l’automne 2019 qui avait abouti à la chute du premier ministre Saad Hariri.
Le Liban fait face à une importante crise économique. En mars, le pays extrêmement endetté, s’est déclaré en défaut de paiement, ce qui signifie que l’État libanais n’est depuis plus en mesure de rembourser ses emprunts. Dans ce contexte, et alors que 50% de la population du pays est passée sous le seuil de pauvreté depuis l’automne, la livre libanaise a perdu 60% de sa valeur, entraînant une importante hausse des prix. Dans un pays miné par la corruption et totalement dominé par l’impérialisme occidental, la crise sanitaire liée au Covid-19 a encore aggravé la situation économique et sociale d’une immense partie de la population.
Dans ce contexte, quelques mois après la première vague de protestations, les révoltes ont donc repris un peu partout dans le pays, et notamment à Tripoli, dans le nord. Dans cette ville, un manifestant ouvrier a été tué par les forces de sécurité, faisant augmenter le niveau de colère de la population.
Le secteur bancaire et l’armée visés par les manifestants
Les manifestants, considérant que les banques ont une responsabilité dans la crise économique – et donc dans la faillite de l’État – ont attaqué et incendié plusieurs agences bancaires à Tripoli, dans le nord du pays, mais aussi à Saïda dans le sud. Une agence de la banque franco-libanaise a notamment été brûlée par les manifestants à Tripoli, attaquant ainsi directement un institut bancaire impérialiste, créé en 1930, alors que le Liban était sous mandat français.
L’armée, qui avait déjà violemment réprimé les révoltes de l’automne, a également été prise pour cible, avec notamment des jets de cocktails molotovs et de pavés, causant plusieurs dizaines de blessés dans les rangs des forces de répression.
Alors que le confinement prend fin dans de nombreux pays, le Liban est le premier pays à voir des révoltes éclater sur son territoire. Ces révoltes, qui s’inscrivent dans la continuité de la vague de protestations qui a secoué l’Afrique, le Moyen-Orient et l’Amérique du Sud au cours de l’année 2019, laissent entrevoir des perspectives positives dans la lutte contre le capitalisme et l’impérialisme, alors que la crise du Covid-19 plonge dans une pauvreté extrême des milliards de personnes à travers la planète.