Alors qu’ils sont au contact direct des personnes touchées par le virus, les pompiers manquent cruellement de matériels de protection. N’étant pas prioritaires pour les masques FFP2 et ne faisant pas partie des personnels pouvant être dépistés, les pompiers doivent assurer leur rôle en prenant des risques très importants. Malgré plusieurs alertes, les syndicats de pompiers se sont vus rester sans réponse, pas un seul mot, pas un seul geste n’a été fait pour tenter de régler cette situation. Un manque de considération grave pour celles et ceux qui mettent leur vie en danger au service du peuple. Nous publions ce témoignage d’un pompier révolutionnaire qui nous a été transmis.
À la veille du déconfinement, je tiens à témoigner des problèmes que nous rencontrons chez les sapeurs-pompiers car rien n’a changé pour nous depuis le début de l’épidémie. Alors que nous sommes en première ligne, c’est en sous-effectif et avec peu de moyens que nous devons tant bien que mal venir au secours de la population. En effet, nous avons d’abord été dans le flou le plus complet les premières semaines, aucune indication précise ne nous a été donnée pour l’intervention auprès des personnes touchées par le virus, notre seule consigne était de nous arrêter quand nous tombions malades. Or, nous sommes depuis le début et encore aujourd’hui en manque de masque, au point que nous prenons les masques chirurgicaux seulement pour les interventions COVID-19 tandis que les masques FFP2 sont donnés au compte goutte et réservés seulement aux interventions auprès de personnes en situation de détresse respiratoire ou d’arrêts cardiaque. Et forcément quand nous intervenons sans aucune protection il y a un risque de contamination dans un sens où un autre, on appréhende surtout pour les gens qu’on vient aider.
Dans ces conditions forcément, de nombreux collègues et moi-même avons été contaminés par le virus, notre caserne se retrouve en sous-effectif tandis que nous continuons d’assurer toutes les interventions que nous faisions déjà avant, au même rythme. En plus, on devrait logiquement laver nos vêtements tous les jours mais il n’y a pas le budget lessive qui va avec, ce problème de manque de lessive c’est toute l’année, mais là c’est encore pire, il faut savoir que malgré toutes les interventions d’incendies, malgré la toxicité des fumées, nos tenues et nos cagoules ne sont lavés qu’une à deux fois par an, la faute aux restrictions budgétaire.
Dans cette situation irresponsable on a gueulé évidement mais rien n’a bougé, c’est presque comme si on nous avait oublié, d’ailleurs le gouvernement dans ces discours n’a pas prononcé un mot pour les pompiers, pour moi c’est encore une fois une preuve du mépris pour notre travail, pour notre sécurité, notre santé, de la part de ce même gouvernement qui a réprimé notre mobilisation et celles des personnels soignants il y a quelques mois. Car rappelons le, les problèmes de manque de moyens et d’effectifs, ce n’est pas d’aujourd’hui qu’on le dénonce. Le mouvement de grève chez les pompiers a duré plusieurs mois pour faire reconnaître notre métier comme un métier à risque, en plus des mobilisations locales très déterminées menés sur plusieurs mois, on est même montés à Paris crier notre colère aux 2 manifestations nationales et là on a eu le droit aux gazs et aux flashballs !
Alors là on a pas reculé, on s’est battus, ces chiens de gardes du capital ne se sont retenus ni dans leurs violences, ni dans leurs insultes. Les pompiers, il en faut beaucoup pour les énerver, mais là, ce mépris, après plusieurs mois de grève, toute la colère accumulée depuis des années avec les restrictions budgétaires, la stagnation des embauches… ça pouvait que péter ! Et puis les syndicats réformistes ont collaboré avec l’Etat, ils ont vendu la lutte et le métier de pompier en négociant des fausses promesses, avec par exemple la revalorisation de la prime de feu, revalorisation dont l’application dépend de la volonté de chaque département, en sachant qu’ils sont majoritairement à droite : contre nos revendications ! Et donc rien n’a changé, nos problèmes restent les mêmes et notre métier n’a toujours pas été reconnu comme un métier à risque.
Je suis pompier par passion, c’est ce que je veux faire, aider les gens, servir le peuple, comme tous les pompiers c’est un rêve de gosse, un métier avec des valeurs fortes qui se retrouvent également dans mon engagement politique communiste, c’est comme ça que je vois mon métier, je tente de me rendre utile aux miens, à ma classe, la plus touchée aujourd’hui par l’épidémie, mais comment fait on pour rester efficace si on tombe les uns après les autres ? Prendre des risques c’est notre métier mais on appréhende pour nos collègues, pour la population qu’on peut potentiellement exposer au virus, malgré nous, par manque de masques et qu’on aide avec toujours plus de difficultés. On appréhende également pour nos familles qu’on a peur d’exposer aussi, alors oui, c’est notre métier mais il faut nous donner les moyens de nous protéger pour pouvoir protéger la population.