La réforme de l’allocation chômage, nouvelle déclaration de guerre de la bourgeoisie contre le prolétariat

Alors que la bourgeoisie félicite à grand renfort de médailles rouges sa ribambelle d’agents, elle fait la guerre à notre classe, la classe ouvrière. Cette guerre connaît un nouvel épisode avec la réforme de l’allocation chômage entrée intégralement en vigueur depuis le 1er octobre 2021. 

Parlons d’abord de ces fameuses « médailles rouges ». Comme chaque 1er janvier, le Journal Officiel a communiqué la nouvelle promotion de la légion d’honneur, et comme d’habitude, ce sont toujours les mêmes profils issus de la bourgeoisie qui y sont nominés :

• Agnès Buzyn, ancienne ministre de la Santé sous Macron, ayant démissionné en février 2020 pour se présenter aux élections de la Mairie de Paris, mise en examen depuis septembre 2021 pour sa gestion catastrophique de la crise du Covid-19.

• Gérard Collomb, ex-ministre de l’Intérieur, et son bilan plus que discutable :
– Loi «asile-immigration» qui permet d’augmenter le nombre d’expulsions de migrants irréguliers et de réduire le nombre de naturalisations
– hausse des migrants morts en mer durant son activité de ministre de l’Intérieur
– évacuation violente de l’occupation de Notre-Dame-Des-Landes contre le megaprojet d’aéroport
– répression du mouvement lycéen et étudiant contre Parcoursup
– « Police de Sécurité du Quotidien » déployée dans les quartiers populaires dits « sensibles » afin de continuer le harcèlement policier quotidien des jeunes de notre classe
– protection d’Alexandre Benalla lorsqu’il était accusé de s’être déguisé en policier afin de pouvoir jouer du tonfa sur des manifestants

Passons sur son bilan en tant que maire de Lyon où pendant plus de 10 ans il a protégé le milieu et les exactions fascistes lyonnais, et s’est aussi prononcé contre le mariage pour tous.

• Pierre Gattaz, à la tête du MEDEF (grand syndicat patronal) pendant 5 ans. Ces 5 ans ont été 5 ans de mensonges :
– en promettant la création d’un million d’emplois (en réalité seulement 600 000, dont une majorité d’emplois précaires)
– en portant un « pacte responsabilité » négocié avec François Hollande afin de réduire les dépenses des patrons en cotisations patronales, pacte dont le coût annuel est d’environ 40 milliards d’euros
– en affichant un soutien sans faille à la célèbre Loi travail (qui fût adoptée suite au triple recours au 49-3), période pendant laquelle il ne put se retenir de comparer les syndiqués CGT à des « terroristes » et des « voyous »
– en répétant sa haine affichée de l’ISF (Impôt Sur la Fortune), exigeant durant ses années à la tête du syndicat des patrons la suppression de ce « poison », comme il aime le nommer, victoire qu’il obtiendra finalement avec l’élection de Macron. 

La réforme de l’allocation chômage, c’est quoi ?

Deux fois suspendue par le conseil d’Etat en raison de la crise du Covid-19, cette réforme a un seul but : diminuer les droits des chômeurs, que la bourgeoisie présente encore et toujours comme responsables de leur situation.

Cette allocation est bien maigre en comparaison de ce que l’Etat a donné aux entreprises : 910 € en moyenne par travailleur sans-emploi, contre 140 milliards rien que sur l’année 2020 (il s’agit d’une estimation, car les rapports concernant les dons de l’État aux entreprises sont très flous). Ces 140 milliards grassement alloués n’ont pour autant pas empêchés les entreprises de licencier, voir de fermer, comme ce fût le cas de Bridgestone qui a fermé son usine de Bethune après avoir reçu 1,8 millions d’euros. Ce fut le cas aussi avec l’entreprise de sous-traitant automobile SAM à Viviez en Aveyron, placée en liquidation judiciaire après que Renault, son principal client, ait refusé d’accompagner un projet de reprise, prétextant que l’entreprise coûterait trop cher. Les 350 employés ont été condamnés au chômage alors même que l’Etat français, premier actionnaire de Renault, leur accordait un prêt de 5 milliards d’euros d’aide. Néanmoins, cette annonce n’a pas calmé les luttes des salariés mobilisés depuis des mois contre Renault et l’Etat français, qui considèrent cette décision de justice comme politique et prédisent que leur entreprise sera délocalisée par Renault afin de réduire les coûts. A l’inverse, bien que maigre, l’allocation chômage assure à un grand nombre de travailleurs privés d’emploi une sauvegarde relative de la déchéance qui vient avec le manque total de revenu.

Ainsi, avec la réforme, il faut maintenant avoir travaillé 130 jours ou 910 heures (soit environ 6 mois) sur une période de 24 mois (ou 36 mois pour les 53 ans et plus) pour pouvoir ouvrir ou recharger des droits à l’assurance chômage, contre 4 mois avant cette réforme. Les nouvelles mesures s’appliquent aux personnes qui ont perdu leur emploi depuis le 1er décembre 2021.

De plus, le calcul de l’indemnisation a été revu : le nouveau calcul se base sur la moyenne des salaires perçus entre le premier et dernier jour d’emploi dans les 24 derniers mois et prend en compte les jours non travaillés en plus des jours travaillés, ce qui va résulter en une baisse évidente du montant de l’allocation chômage qui peut atteindre jusqu’à 43 % de réduction dans certains cas.

En résumé, 1 million d’indemnisés (soit 40 % des bénéficiaires) vont être concernés par le changement de la règle du calcul du salaire journalier de référence afin de minimiser leur allocation chômage. De plus, avec le durcissement des règles, près de 500 000 travailleurs privés d’emplois pourraient tout simplement ne plus ouvrir de droits ou être indemnisés bien plus tard.

Les raisons ?

Selon la bourgeoisie, le patronat et la ministre du travail Élisabeth Borne, c’est parce que les chômeurs (appellation méprisante de la bourgeoisie à laquelle nous préférons le terme « travailleur privé d’emploi ») gagneraient plus lorsqu’ils sont au chômage que lorsqu’ils travaillent. Factuellement, c’est tout simplement faux. L’allocation de l’assurance-chômage représentant entre 57 % et 75 % du salaire journalier de référence, elle ne peut donc être supérieure au salaire perçu lorsque le travailleur a été employé. En cas de reprise d’une activité réduite, le salaire perçu et l’allocation chômage cumulés ne peuvent être supérieurs au salaire antérieur, sinon l’indemnisation est toute bonnement suspendue. De plus, seuls 40 % des demandeurs d’emploi perçoivent une allocation-chômage, car la réalité est que les travailleurs privés d’emplois connaissent peu leurs droits et les méthodes de calcul de leur indemnité chômage.

De plus, toujours selon Élisabeth Borne, le système de cumul de l’allocation chômage et d’un salaire dans le cadre de reprise d’une activité inciterait les chômeurs à accepter des contrats courts, et cela pousserait les employeurs à utiliser massivement les alternances et les CDD. Cette assertion est fausse. Ce sont eux, ces criminels issus de la bourgeoisie qui nous servent de patrons, d’élus et de ministres qui ont encouragé la « flexibilité de l’emploi ». C’est leur nouveau système de calcul accompagné de 500 000 contrôles supplémentaires par Pole-Emploi qui va nous pousser à arrêter de chercher un contrat en CDI, et donc un emploi pérenne, et à accepter tous les contrats qui nous passent sous le nez sans faire attention aux conditions de travail et aux salaires misérables, afin de préserver les droits ouverts à l’indemnisation. Cette pression sur les travailleurs majore ainsi les risques de multiplication des burn-outs, les dépressions causées par le travail, des accidents du travail, des morts sur les chantiers, et de la hausse de la consommation de drogue et d’alcool au sein du prolétariat afin d’oublier la vie minable dans laquelle les bourgeois veulent encore plus nous plonger.

Si leur but est de nous protéger des contrats précaires, de la réutilisation continuelle des CDD, pourquoi ne pas simplement faire une loi qui interdit le fait d’embaucher deux fois le même employé en CDD et d’obliger la transformation de tout CDD en CDI ?

Car le chômage est voulu par la bourgeoisie afin de faire pression sur ceux qui travaillent.

En effet, Pôle Emploi comptabilise 300 000 offres d’emploi non pourvues, or il y a en France 6,7 millions de travailleurs privés d’emplois, et en 2019 on comptait 3,7 millions de salariés précaires. Pas besoin d’être diplômé en mathématiques ou en économie pour comprendre que même si tous les emplois était pourvus, il resterait au bas mot 10 millions de travailleurs dans des situations précaires en France, dont 6,3 millions toujours sans emplois.  

La seule justification de la mise en œuvre de cette réforme est la volonté de faire des économies sur notre dos, estimées à plus de 2 milliards d’euros, alors que la fraude fiscale des entreprises et des privés est estimée entre 80 et 100 milliards d’euros chaque année et que l’optimisation fiscale coûte 18 milliards au budget français chaque année.

En bref, la bourgeoisie pousse notre classe vers encore plus de pauvreté et de précarité, à accepter des miettes, car elle préfère nous faire une guerre économique plutôt que d’aller chercher l’argent dans ses poches.