Nous reproduisons ici un tract diffusé dans les manifestations qui auront lieu le 8 mars, par les Comités Féminins (contact : comitefeminin @ protonmail.com)
Les femmes sont la moitié de l’Humanité, elles sont aussi la moitié du prolétariat, créateur de toute richesse. Le capitalisme pèse de tout son poids sur nos épaules mais en plus de cela, une autre montagne nous écrase, le patriarcat. Le patriarcat n’est pas un système mais une forme d’organisation sociale. Le patriarcat dans sa forme actuelle est apparu avec la société de classe, il ne pourra donc disparaître que par le dépassement de ce mode de production, le capitalisme. C’est un poids millénaire qu’il faut détruire.
Notre époque est un tournant pour l’Humanité. Le système économique mondial, l’impérialisme, est entré dans sa phase de pourrissement. La crise va être durable et va s’étendre. Dans cette période, le système subjugue toujours plus les masses économiquement, mais aussi politiquement, socialement et culturellement. Les femmes du prolétariat (et par extension les enfants) sont les premières à souffrir du poids toujours plus lourd de cette machine à exproprier la richesse collective.
Dans le monde, et ici en France, elles sont celles qui payent le plus cher la crise. Selon l’INSEE, les femmes seules, avec ou sans enfants, sont surexposées à la pauvreté. Les familles monoparentales les plus exposés à la pauvreté sont très souvent des femmes. Les femmes représentaient, en 2013, 62,4 % des salariés rémunérés sur la base du SMIC. Elles sont donc surreprésentées, étant donné qu’elles ne sont au contraire que 40% de l’ensemble des salariés. Les métiers les plus mal payés ont une importance grandissante dans la production de richesse, et de ce fait les femmes sont donc au cœur des masses les plus profondes, les plus opprimées. De plus, ce sont les femmes qui assurent l’essentiel du travail reproductif, qui est essentiel au travail productif, mais bien souvent invisible ! Nous élevons nos enfants, nous nous occupons des tâches ménagères, administratives, etc. Ces tâches sont un poids de plus pour les femmes prolétaires, qui à l’inverse des femmes bourgeoises ne peuvent s’en dispenser en les faisant reposer sur des femmes prolétaires. C’est donc pour cela que nous devons rappeler que le 8 mars est la journée de la femme prolétaire en lutte, et non la journée de la femme ! Nous ne sommes pas de la même classe que la bourgeoisie, et n’en partageons pas les mêmes intérêts !
Comme nous l’avons dit, l’impérialisme en crise écrase socialement et culturellement le prolétariat. Les femmes sont les premières touchées par l’effondrement culturel et la réactionnarisation, l’hypersexualisation de leur corps, les injonctions à être telle ou telle chose (belle ou rebelle, mère ou femme, femme au foyer ou travailleuse, etc), ou les agressions sexistes et sexuelles. Ces situations, de tout temps intolérables, deviennent des pôles d’intérêts et d’action majeurs chez les femmes du pays, ce qui nous indique que nous sommes à l’orée de grandes transformations historiques. Les consciences se sont éveillées, les actions pratiques se développent de plus en plus, et beaucoup cherchent la voie politique pour s’émanciper dans un monde devenu de plus en plus insoutenable.
La bourgeoisie et la petite-bourgeoisie se sont emparées de la question féminine quand elles ont vu qu’elles pouvaient attaquer au travers de cela le marxisme, la seule idéologie pouvant émanciper le prolétariat, et donc les femmes. Toutes les nouvelles théories des années 60-70 ont ouvert le chemin à une négation de la lutte des classes, puis dans sa phase de pourrissement actuelle au développement de la multiplicité de théories idéalistes, basées par exemple sur une soi-disant déconstruction personnelle, pour lutter contre le problème social qu’est le patriarcat. Les théories “radicales” sont dans le monde le cheval de bataille de l’impérialisme. Macron a lui-même fait de la question des femmes la bataille phare de son quinquennat. Ce gouvernement se drape d’un progressisme de façade, s’empare du féminisme, dénature la lutte des femmes. Mais nous ne sommes pas dupes, aucune loi, aucun discours, ne peut décréter notre émancipation. Cette émancipation nous devons la conquérir et nous la conquerrons !
Mais malgré tous les beaux discours et nouvelles théories, rien de tout cela ne mène les femmes vers leur émancipation mais, au contraire, la retarde. Nous avons donc besoin d’une rupture franche et sincère avec toutes les pratiques idéalistes et au combien écartées des femmes prolétaires. Nous voulons, lors de ce 8 mars, rendre hommage à nos sœurs du prolétariat mondial qui luttent chaque jour la tête haute pour arracher des mains des classes dominantes leurs émancipation. Nous avons soupé des discours victimaires des organisations bourgeoises et petites-bourgeoises ! Nous, femmes du prolétariat, ne sommes pas des victimes ! Comme nos camarades Clara Zetkin, la grande résistante Danielle Casanova, ou nos camarades turques, philippines et brésiliennes qui mènent la lutte armée quotidiennement, nous allons, épaulées de nos camarades hommes et armées du marxisme, lutter de toute notre force pour reconstituer un réel mouvement féminin révolutionnaire et ainsi paver le chemin de notre émancipation !
Nous, organisées dans les Comités Féminins, pensons que les femmes prolétaires doivent être à l’avant-garde des grands changements du 21e siècle. Les problèmes que rencontrent les femmes ne doivent pas être instrumentalisés par les opportunistes et les révisionnistes, par les réactionnaires de tout bord. Faire sécession avec le féminisme radical et bourgeois est une nécessité pour reconstruire le puissant mouvement d’émancipation de classe qui en finira avec le système qui nous écrase, et permettra ainsi notre émancipation.
En ce sens, les élections servent à légitimer le vieux système de classe, qui est donc patriarcal. Elles servent de cache-sexe pour masquer tout le système de domination d’une minorité sur la majorité. Elles servent à renouveler les politiques qui ont la gestion des affaires courantes de l’oligarchie financière qui domine la vie économique, politique et culturelle du pays. Le capitalisme en crise va devoir se restructurer violemment, et les femmes prolétaires seront les premières touchées. La réactionnarisation de toute la société va en premier lieu revenir sur les droits des femmes durement acquis. En France, plus qu’ailleurs, la réactionnarisation est décuplée par le régime de la Ve République : le Président de la République est tout-puissant et l’Assemblée Nationale est devenue un parlement croupion qui ne sert plus qu’à enregistrer les décisions de l’Exécutif. Les intérêts des femmes du prolétariat ne peuvent être représentés dans les instances de l’Etat bourgeois. Qui parmi vous se sent représentée par la bourgeoise Marlène Schiappa ? Dans le même sens, nous femmes du prolétariat, nous ne pouvons compter sur les opportunistes de gauche, soi-disant révolutionnaires, qui n’offrent pas de stratégie pour arriver à notre émancipation. Mélenchon propose 1 milliard d’euros contre les violences sexuelles dans son programme, compte-t-il acheter la fin du patriarcat et du capitalisme avec cette somme ? Nous pourrions aussi voter pour des candidats « révolutionnaires » se présentant depuis 70 ans et n’ayant jamais rien arrangé à notre condition, utilisant nos luttes à des fins électoralistes. NON !
L’émancipation des femmes du prolétariat, et donc de toutes les femmes, ne peut arriver que par la Révolution prolétarienne. C’est à dire par un changement total de société. Ce programme politique à long terme prend forme aujourd’hui dans la lutte acharnée des femmes pour reconstruire un mouvement féminin authentiquement prolétarien. Une des premières pierres à poser est, dès aujourd’hui, le boycott actif de la mascarade électorale, pour s’organiser consciemment et de façon déterminée contre le capitalisme et donc le patriarcat.
Nous n’avons que nos chaînes à perdre, nous portons en nous le nouveau monde. Les femmes sont opprimées depuis des millénaires, il est temps de réveiller leur furie révolutionnaire !
Ainsi camarade, ne craignons pas de dire haut et fort, en cette journée du 8 mars initiée par Clara Zetkin, une des plus grandes communistes que le monde ait connu, que seule la Révolution prolétarienne nous émancipera !
Vive le 8 mars, jour de lutte international de la femme prolétaire !
Vive le boycott actif de la mascarade électorale !
Comités Féminin
Mail: comitefeminin@protonmail.com