Nous pourrions croire à une blague. Pourtant, plusieurs prises de position des deux candidats à l’élection présidentielle Philippe Poutou et Jean Lassalle expriment clairement le désarroi de l’époque et la justesse de nos positions, en rupture avec le vieux système d’oppression. Les “petits” candidats se rendent compte comme personne de la mascarade d’une élection présidentielle, qui n’est qu’un plébiscite pour légitimer tout le système en place et bien en place.
Philippe Poutou, candidat du NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste) a exprimé il y a quelques jours sur la chaîne télévisuelle LCI que « la Révolution n’était pas dans les urnes mais dans la rue ». Cela signifie que le changement ne peut passer que par la lutte des classes et non pas par un dispositif électoral qui ne sert qu’a légitimer, ad vidam eternam, le système en place. Mangés par leur opportunisme historique, les trotskystes ratent systématiquement les époques : la seule politique juste aurait été de boycotter activement ces élections, qui sont pour beaucoup “les élections de trop”. En effet, aujourd’hui, la mascarade électorale n’arrive plus à masquer la grossièreté du dispositif du maintien de l’ordre capitaliste, et le côté plébiscitaire de l’élection présidentielle renforce une tendance à la dépolitisation. Malgré la justesse de leur analyse sur le fait que la Révolution ne se trouve pas dans les urnes, ces soi-disant révolutionnaires s’y présentent tout de même ! Ils tentent à chaque fois d’être « connus » des masses qui le reste de l’année les ignorent totalement, et permettent ainsi d’accentuer la confusion au sein de notre classe, et de dévoyer par la même occasion la portée et l’importance du mot communiste ou révolutionnaire.
Jean Lassalle, le tonitruant et fantasque député d’origine paysanne, est parti en guerre contre le système, et ce n’est pas la première fois. Cela pourrait prêter à sourire, lui qui est un politicien professionnel (et caricatural), mais qui a encore un lien avec le monde réel et donc une certaine sincérité. Sa colère exprime tout de même un changement de période, où même les serviteurs de l’ordre commencent à douter de la tournure des évènements. Il se rend bien compte que le pays va mal, que la colère gronde. Il connait très bien l’autre côté du décor, celui des parlements et des politiciens, de l’argent qui corrompt et soumet même les plus sincères ; sa dénonciation n’en est donc que plus authentique.
Il dénonce la domination de l’argent sur les médias, ce que tout le monde sait. De la même façon que Poutou, il exprime le fait que cette présidentielle révèle pleinement l’aspect anti-démocratique des élections, et ce encore plus que les années précédentes.
Nous avons là un marqueur de toute une époque qui part à la dérive, et où se mêlent réactionnarisation, délégitimation du pouvoir, affaiblissement de la confiance dans l’Etat et de ses capacités à gérer le pays. En réponse, nous assistons à une crispation du pouvoir qui s’arqueboute et insiste sur l’importance des élections pour légitimer son aspect “démocratique”, au milieu de la plus violente crise qu’ait vécu le capitalisme, et qui le conduira inévitablement à sa perte.
Poutou et Lasalle donnent une légitimité supplémentaire au boycott actif des élections car, pour l’un, l’argent corrompt l’information nécessaire à un débat démocratique, les médias étant dans les mains du capital et, pour l’autre, aucun changement ne peut venir des urnes, sous-entendu que cela ne sert à rien de voter.
Le vote est biaisé, il ne sert à rien, la seule option est donc d’utiliser notre voix pour boycotter activement cette mascarade honteuse et construire ainsi le seul réel camp d’opposition.