Après le stade Georges Abdallah à Solaure, quartier prolétaire de Saint-Etienne, ce fut au tour du city du quartier Viviani à Lyon d’être décoré d’une fresque au nom du combattant pour la Palestine, sous l’impulsion du Comité Populaire d’Entraide et de Solidarité (CPES) du quartier des Etats-Unis/Viviani. Plus de 80 personnes du quartier ont répondu présents à cet événement.
Nouvelle Époque a ainsi été invité par le CPES à couvrir cet évènement ainsi que le rassemblement populaire au cœur du quartier organisé suite à la réalisation de cette fresque. La GALE, Groupe Antifasciste Lyon et Environs, ainsi que la Coordination Antifasciste Lyonnaise Lycéenne étaient présents.
Le CPES des États-Unis/Viviani a donc organisé ce vendredi 29 juillet la réalisation d’une fresque suivie d’un barbecue populaire, afin de visibiliser et mobiliser autour de l’embastillement du prisonnier communiste Georges Abdallah. Cette action se plaçait dans le cadre de la Campagne Unitaire pour la Libération de Georges Abdallah, à laquelle la Ligue de la Jeunesse Révolutionnaire (LJR) appartient.
Nous arrivons au quartier sur le coup des 17 heures pour rejoindre Thibault, membre du CPES. Celui-ci nous dévoile le planning de la soirée, et nous emmène au city-stade sur lequel va être réalisé la fresque.
Après un moment de discussions, nous retrouvons le reste des membres du CPES – quelques membres du CPES de Solaure à Saint-Etienne venus aider à la réalisation de la fresque grâce à leurs talents artistiques – et des jeunes du quartier, ainsi que les militants de la GALE et de la Coordination Antifa Lycéenne. Thibault rappelle le programme, et surtout pourquoi cette fresque et ce barbecue sont organisés. La portée politique de cet évènement est mise en avant, avec comme thème principal l’impérieuse nécessité de se lier avec les masses prolétaires de France.
Pendant que les graffeurs s’attèlent à la tâche, une partie des membres du CPES jouent au foot avec les jeunes du quartier, tandis que d’autres vont discuter des problématiques du quartier avec les adultes présents dans le parc du rassemblement. Chacun est à son poste, la machine est bien huilée.
Une fois la fresque terminée, les activistes et les jeunes se dirigent vers le barbecue populaire. Les familles présentes dans le parc sont averties, et les sandwichs-merguez sont pris d’assaut. Des enfants s’improvisent barman et servent des boissons à tout le monde, tandis que plusieurs habitantes viennent prêter main forte aux activistes sur le barbecue. Les familles discutent du quartier, et nous avons l’occasion à plusieurs reprises d’avoir des retours de satisfaction sur les activités du CPES, de la bataille des caves contre Grand Lyon Habitat jusqu’aux projets en préparation, notamment la « lutte des toboggans », à laquelle nous consacrerons très prochainement un article.
Pendant que les habitants et habitantes mangent, les activistes du CPES distribuent un tract sur le combat de Georges Abdallah et la nécessité de le libérer. N’étant pas la première action de ce style menée au quartier, les habitants sont réceptifs et soutiennent cette juste lutte. Une photo collective est par la suite réalisée.
Malgré les tours incessants d’une patrouille des forces de l’ordre désireuse d’intimider les habitants organisés au sein du CPES, la soirée se termine comme elle a commencé, dans une ambiance festive et combative.
Une fois le barbecue replié, nous avons l’occasion d’avoir de nombreuses discussions au cours desquelles Nabil, habitant du quartier, nous confie : « je travaille tard, donc jusqu’à présent je voyais les tracts du CPES, les banderoles, mais je n’avais jamais pu les croiser. Je suis content de vous avoir croisé, car je peux enfin mettre des visages sur des actions que je soutiens par ailleurs à 100 % ! Vous avez bien vu, les policiers tournent depuis plusieurs heures autour du barbecue et de la fresque alors qu’habituellement ils ne mettent pas les pieds ici, tout ça pour intimider des habitants qui se sont organisés, et qui tentent de faire vivre le quartier abandonné par les pouvoirs publics ! »
A la fin de la soirée, nous prenons congé des activistes du CPES ainsi que des habitants du quartier, avec la hâte de revenir couvrir d’autres évènements.
Interview de Thibault, membre du CPES, pour Nouvelle Epoque :
Nouvelle Époque : Bonjour Thibault, pouvez-vous nous redire brièvement pour quelles raisons le CPES organise aujourd’hui la réalisation d’une fresque au nom du combattant communiste Georges Abdallah, et un rassemblement de soutien à la Palestine ?
Thibault : Bonjour. Nous organisons la réalisation de cette fresque pour plusieurs raisons. La première, c’est évidemment de poursuivre le travail de fond que nous menons autour de la lutte pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah depuis déjà plusieurs années dans notre quartier, en lien avec la Campagne Unitaire pour la Libération de Georges Abdallah. Georges est un grand combattant pour la liberté qui nous inspire dans notre activisme au sein du CPES, car il n’a jamais renoncé malgré l’emprisonnement injuste et inhumain dont il est victime : il se bat pour une société meilleure, comme nous à notre échelle, et lutter pour sa libération est un geste politique fort pour le comité de quartier et les luttes qu’il a déjà menées, et celles qu’il entend mener dans le futur. Le CPES est ainsi membre du Collectif ’’69 Palestine’’, il ne s’agit pas de la première action que nous menons pour la lutte pour la libération de Georges.
De plus, une autre raison est liée directement à notre activité de comité de quartier. En effet, nous dénonçons l’abandon de nos quartiers, dans lequel les seuls fonctionnaires de l’État qui mettent les pieds sont les forces de l’ordre pour s’en prendre à nous. Une fresque permet de décorer le quartier, donner aux enfants un espace agréable et convivial pour jouer.
Enfin, je suis personnellement membre de la Ligue de la Jeunesse Révolutionnaire, et notre organisation fait partie de la Campagne Unitaire pour Georges Ibrahim Abdallah, c’est donc une lutte qui me tient particulièrement à cœur.
La lutte pour la Palestine est la lutte des opprimés contre l’impérialisme et le capitalisme, et toutes les injustices qui en découlent, c’est une juste lutte qu’il faut amplifier et qui tient à cœur au prolétariat de France.
Nouvelle Époque : A ceux qui disent que Georges Abdallah est un « terroriste », que répondez-vous ?
Thibault : La juste lutte des masses opposées à l’impérialisme sera toujours dénigrée et traitée comme telle. Je leur réponds que le Colonel Fabien, Danielle Casanova, Yvan Colonna, tous les résistants à l’impérialisme et au fascisme ont un jour été traités de terroristes. C’une accusation fréquente, qui permet au pouvoir politique, et derrière lui à la bourgeoisie, de décrédibiliser une lutte, un combattant, et de le placer au rang de vulgaire criminel. Comme si le vrai criminel n’était pas celui qui impose un système destructeur, inhumain et injuste, qui soutient une entité sioniste criminelle, mais celui qui le combat.
Nouvelle Époque : Dernière question, que dites-vous à ceux qui demandent pourquoi le CPES prend place ici, dans ce quartier des États-Unis et Viviani, et pas à Bellecour (NDLR : place centrale de Lyon, dans un quartier touristique et commerçant) par exemple ?
Thibault : Car Bellecour ne compte que des bourgeois ou des touristes, et que nous sommes engagés dans une lutte pour organiser le prolétariat pour en finir avec le système actuel. Nous prenons donc place aux cotés de notre classe. Car nous habitons de plus dans ces quartiers prolétaires. Nous voulons lutter pour améliorer le quotidien de nos voisins, de nos parents, des amis de nos petits frères, et pour changer les choses en partant du quotidien matériel des masses, de la majorité des Français et même de l’humanité. Ce que fait le CPES n’est pas à destination des quartiers bourgeois, mais bien de notre classe, car c’est celle dont nous venons et celle que nous défendons.
Nouvelle Époque : Merci Thibault pour ces quelques minutes, à bientôt !
Thibault : Avec plaisir ! Merci à vous de documenter nos luttes et nos activités pour qu’elles se popularisent et qu’elles inspirent d’autres quartiers à s’organiser pour lutter, car on a raison de se révolter ! A bientôt !