Cet article est un témoignage envoyé par un camarade, concernant la résistance quotidienne, la lutte des classes dans les petits gestes inconscients du prolétariat. Nous avons décidé de le publier.
Nous pouvons régulièrement lire ou entendre, au travail en particulier, des choses comme « les gens sont trop bêtes, ce sont des moutons », « je vous suivrais si jamais les autres se bougeaient », ou encore « de toute façon, c’est desespéré ». Pourtant, les masses montrent au quotidien une résistance infatigable, sans quoi beaucoup de choses qui nous semblent « naturelles » ne le seraient plus.
Souvent, on entend des syndicalistes, généralement embauchés, parler des intérimaires avec ce type de discours : « les interimaires ne veulent pas se bouger », « ils prennent leur argent, cassent les grèves, et on les voit jamais ». Pourtant, dans cette résistance quotidienne, les intérimaires sont en première ligne.
Je me souviens de plusieurs exemples ; une jeune femme menaçant de foutre en l’air les étagères de clopes électroniques en cas de non-reconduction du contrat, suivie par ses collègues. Ou encore, les livreurs micro-entrepreneurs ayant reçu un préavi de fin de contrat commercial (ce qui reviens à se faire virer) voler systématiquement toutes les commandes. Dans mon usine, un cadre nous a carrément raconté, lors de la liquidation d’une équipe de nuit, la violence de la réaction : destruction de pièces, besoins réalisés à même la production, sabotage…. plusieurs jours de production ont été perdus. Dans une autre usine où j’ai pû travailler, un petit chef particulièrement con s’était fait casser la gueule un soir, après le boulot. Il y avait visiblement un lien avec les jeunes excédés par les cadences et les braillement dudit personnage.
Cette résistance existe partout, dans tous les domaines. Mauvais volonté et refus de se plier aux règles, fraude, refus de « balancer », refus de lâcher cinq minutes au patron… on retrouve aussi cette volonté de regagner son temps dans les petites choses du travail : temps gratté entre deux pièces, chantier volontairement alongé… je me souviens même de collègues faisant leur sieste sur le temps de travail dans l’utilitaire de l’entreprise.
C’est cela qu’il faut comprendre. La résistance ouvrière existe. Elle n’est pas consciente. Elle ne parviens pas à s’abaisser au niveau des revendications de pourcentage syndicaux, mais pour autant, elle est là. Il ne faut pas partir de rien, puis rassembler pacifiquement, et « mécaniquement », faire augmenter le niveau de conflictualité. C’est cette résistance quotidienne qui a, d’un coup, explosé le 27 octobre 2005 à Clichy-sous-Bois, ou bien le 17 novembre 2018. C’est cette résistance individuelle qui se mue en résistance collective, qui a fait mai 68.
Les communistes ne doivent pas « inventer » des méthodes de lutte. Ils doivent les organiser, les systématiser, les rendre collectives, fesant éclater tout leur potentiel. Pour un communiste, il est bien plus utile de comprendre pourquoi les travailleurs ruraux refusent les 80km/h, pour tenter de gagner 5 petites minutes de temps, plutôt que de connaitre les coeficiens de grille de salaire. La classe ouvrière lutte, la classe ouvrière cherche son Parti !