[Tribune des lecteurs] Mouvement contre la réforme des retraites et critique des syndicats

Si vous suivez l’actualité des luttes, vous savez certainement que la prochaine date de mobilisation contre la réforme des retraites est le 31 Janvier. Cette date peut paraître bien lointaine par rapport à l’ampleur du mouvement (plus de 1,8 million de manifestants dans les rues) et à l’agressivité du gouvernement, qui compte sur l’inflation pour stopper la grève (à tort d’ailleurs, car comme l’a rappelé le président Gonzalo, la misère est le foyer de la révolte). Nous vient alors l’idée d’accuser l’entièreté de l’intersyndicale.

Cependant, c’est une erreur de considérer que c’est : 1) de la faute de tous les syndicats, 2) que c’est parce que les syndicats sont à la botte du gouvernement.

Pour le premier point, penser cela serait ignorer que, comme dans toutes les choses, dans la vie et dans la matière il existe des contradictions et les syndicats ne font pas exception. On peut résumer les contradictions entre les syndicats en une ligne de droite, caricaturalement celle de la CFDT, qui est plus dans la négociation et la modération du « dialogue social », avec une ligne de gauche, la CGT, syndicat historique des masses Françaises, syndicat de lutte. Il est souvent à l’initiative des mouvements de grève comme l’automne dernier chez les raffineurs.

Cependant même au sein de la CGT il y a des contradictions internes, et Phillipe Martinez, qui représente un courant droitier au sein de la CGT le montre bien, étant actuellement frileux à l’annonce d’une grève générale, et négociant tout de même avec le gouvernement. C’est sous sa direction que la CGT, bien que très implantée dans les masses, a refusée en 2018 de participer aux Gilets Jaunes.

Pour le second point, c’est la suite logique du premier. En premier lieu, c’est historiquement faux, la CGT était très liée au Parti Communiste et aux anarchistes avant la Seconde Guerre Mondiale. Elle a massivement participé aux grèves de 1936, 1948 ou de mai 68 et représentait l’opposition radicale dans la tête de tous les Français. Ce n’est que récemment, à travers FO, le syndicat financé par la CIA, ou par la CFTC/CFDT, syndicat chrétien qui voulait prendre le contre-pied de la CGT, que les syndicats de « négociation » avec le gouvernement sont réellement nés. Et avec la trahison post-guerre du PCF et la désorganisation du mouvement prolétarien, la CGT a perdu de sa radicalité.

La vérité, c’est que même si les syndicats ne remplissent pas un rôle complet dans la lutte des classes, à cause de la Charte d’Amiens qui leur retire leur aspect politique, ils restent des outils de lutte desquels il ne faut surtout pas se couper. Ils entretiennent la tradition de lutte, réclament des conditions de vie dignes pour le prolétariat, et rassemblent des masses combatives et prêtes à tout ; les raffineurs sont un exemple, mais encore plus récemment, les CGTistes ayant assumés être prêts à couper le courant aux élus étant pour la réforme des retraites sont le meilleur exemple que non, le syndicat n’est pas une centrale réactionnaire, mais c’est l’un des outils d’expression du prolétariat.

C’est parce que la crise générale du capitalisme-impérialisme s’étend que de nouveaux syndicats voient le jour, comme le SNJ, syndicat de journalistes, ou le modèle SELA, syndicats de jeunesse liés à la CGT. Et c’est pourquoi chaque militant sérieux se doit d’y être et y participer.

Car ne pas avoir une analyse matérialiste de la situation c’est tomber dans l’idéalisme et ne rien comprendre à ce qui se passe. C’est se couper des masses et au mieux, être inutile à la Révolution et au pire, être réactionnaire.

En effet, ces critiques émanent surtout de certains milieux trotskystes et autonomes. Afin de se donner une pseudo-radicalité ils préfèrent critiquer sans construire réellement quelque chose. Cela donne des choses absurdes, comme des ’’Black Blocs’’ attaquant les cortèges syndicaux car pas assez radicaux. La réalité c’est que la radicalité ça se construit, et c’est les masses qui s’en emparent. Ce n’est pas en séparant les forces progressistes que notre classe va gagner.

Donc oui, le 31 peut paraître loin et à raison, mais c’est aussi une occasion de massifier le mouvement et de renforcer les syndicats, comités de lutte et de mobilisation et organisations révolutionnaires afin de faire de cette date une date historique et nous l’espérons le départ d’une grève générale. La date peut paraître lointaine et nous nous devons de critiquer l’intersyndicale quant à sa mollesse par rapport à la situation sociale en France, mais ça n’est pas une excuse pour diviser notre classe, ni pour faire n’importe quoi.