Vive les grandes révoltes actuelles !

Depuis l’utilisation de l’outil anti-démocratique par excellence qu’est le 49.3 par Emmanuel Macron, le mouvement contre la réforme des retraites a clairement pris un tournant. On peut diviser ce mouvement en deux phases : la première, une phase « tranquille » (relativement bien sûr), dirigée par les directions des centrales syndicales dans la quasi-totalité, avec des manifestations monstres (jusqu’à 3,5 millions de personnes dans les rues) et de nombreuses journées de grève. Le but de cette phase, pour les directions syndicales, c’est d’épuiser le « cheminement démocratique » dont a pu parler Elisabeth Borne ; et effectivement, nous sommes bien allés au bout de celui-ci – seulement, cela n’a rien donné.

Maintenant, nous sommes entrés dans la phase la plus intéressante, la phase « dure ». Les personnes mobilisées, se rendant compte de l’inefficacité manifeste des directions syndicales et de leur stratégie, redoublent d’effort pour pousser tout de même le mouvement vers la victoire. Les actions de blocages, de sabotages et les manifestations sauvages fleurissent partout et sont de plus en plus nombreuses. Les grèves se durcissent dans de nombreux secteurs, la frange la plus avancée du peuple se met en branle. Les actions interprofessionnelles éclatent de partout, montrant la solidarité de classe, et on comprend par l’expérience directe, par empirisme, que se contenter des actions légales ne peut suffire. Les directions syndicales, de leur côté, tentent de freiner, mais rien n’y fait, elles sont dépassées à chaque fois par leur propre base, combative et anti-opportuniste, qui veut lutter quoi qu’il en coûte.

Qu’est-ce qui distingue ces deux phases l’une de l’autre, au fond ? Ce n’est pas l’implication de la classe – dans les deux cas, elle est pied au plancher dans la lutte. La différence, c’est l’utilisation de la violence révolutionnaire par les masses. La violence révolutionnaire, c’est la violence au service du peuple, celle qui est utilisée pour s’opposer à la violence de la bourgeoisie, de l’Etat, des flics. Depuis le tournant, les masses montrent une combativité extrêmement élevée, et les révolutionnaires sincères sont à l’avant-garde de celle-ci, il ne peut en être autrement car c’est leur rôle. Il n’y a que les marxistes et révolutionnaires de salon qui osent rester bien au chaud et critiquer de loin pendant que des travailleurs et des étudiants montent au front face à des hordes de CRS et de BRAV-M surarmés et surentraînés.

Affrontements lors d’une manifestation à Paris.

La seule ligne juste dans le mouvement en cours, c’est donc de participer à toutes les initiatives qui sortent du « cadre », qui tentent de s’autonomiser de l’Etat et du giron des directions syndicales qui lui sont soumises. La tendance forte depuis la loi travail, c’est ce mouvement de fond d’embryon d’ « autonomisation », que nous devons transformer en véritable « autonomie » au fur et à mesure des luttes, en organisant les éléments les plus avancés, les plus combatifs, les plus présents. Nous ne pourrons rien gagner de durable tant que nous n’aurons pas une organisation puissante, massive, qui puisse diriger nos luttes de manière franche. Avec une direction comme celle de la CGT actuelle, nous ne pouvons pas gagner, et beaucoup de camarades syndiqués le savent – les remous du Congrès le montrent bien. Alors il faut se battre pour le syndicat de classe, refaire l’unité à la base et critiquer plus fort, plus souvent les directions qui nous lâchent. Au contraire, il faut de l’autre côté pousser vers l’avant les dirigeants syndicaux sincères qui se forgent dans les luttes, car ils peuvent et doivent porter cette lutte de conception au plus haut dans le syndicat. Ce n’est que comme cela que nous rebâtirons un syndicat unique pour la classe, au service de nos luttes et non d’un agenda politique rabougri et défaitiste ; inspirons nous des camarades de la CGT/CGT-U historique, ils nous ont montré la voie du vrai syndicat.

Tous les événements actuels nous rappellent que nous sommes décidément bien entrés dans une nouvelle période de Révolutions : en quelques années, la France a connu 3 grands soulèvements violents. Nous pouvons observer la défaite de l’opportunisme et du révisionnisme, qui nie la violence et se contente de négocier dans le cadre de l’Etat et de s’y soumettre. En faisant cela, il trahit coup après coup, et s’éloigne des masses manif après manif, blocage après blocage, année après année. Notre génération va connaître la banqueroute de ces mouvements qui ont brisé l’organisation révolutionnaire de la classe pendant des dizaines d’années, car la situation pour la classe exige la reconstitution d’un mouvement prolétarien offensif. Elle exige la reconstitution d’un Parti Communiste authentique, opposé à tous les partis actuels. Dans ce long chemin, nous aurons dès aujourd’hui à affronter les milices de la bourgeoisie et leurs armes, leurs tactiques impitoyables. Nous allons pleurer et prendre des mauvais coups, avoir peur pour soi et nos camarades ; certains y laisseront des yeux, des doigts… Cette répression déchaînée, c’est l’aveu de faiblesse du système contre lequel nous sommes en guerre. Nous devons donc lui opposer la seule chose qui vaille la peine : la lutte sans concession et sans pas en arrière, pour montrer au reste de notre classe et du monde que les masses de France ne se laissent pas faire et connaissent leur force titanesque ! Faire autre chose que cela, ce serait rater notre rendez-vous avec l’histoire ; et de toute façon, le peuple ne le rate jamais.

Nous sommes tout, alors ensemble nous pouvons tout !

Allons au combat sans trembler, nous sommes condamnés à gagner !