La légalité bourgeoise ne peut pas contenir le mouvement des masses

Ca y est : la réforme des retraites portée par le gouvernement Macron-Borne a été adoptée par le Conseil Constitutionnel, la dernière étape du « cheminement démocratique » dans le cadre de la Ve République. Avec cet événement, tous les espoirs que certains pouvaient placer dans les institutions pourries de la bourgeoisie s’évaporent, car de toute manière, tout a été essayé par les politiciens de « gauche » pour tenter d’enrayer la réforme, dans le cadre de l’Etat. Et ça n’a pas marché.

La période démontre donc parfaitement la réalité de la société capitaliste dans laquelle nous vivons, et le rôle de l’Etat tel qu’il existe aujourd’hui n’a jamais été aussi clair. Nous le voyons bien : plus rien de positif et de bon ne peut sortir du vieux cadre poussiéreux de la République bourgeoise, qui n’a pas servi notre lutte contre cette réforme injuste, car cela était impossible. L’Etat bourgeois n’est qu’un outil au service des puissants monopoles économiques pour asseoir leur domination sur le prolétariat et les masses populaires, et cette caractéristique s’est développé avec le temps, jusqu’à nos jours ou le système est complètement verrouillé, le mécanisme étant maintenant bien huilé.

Si nous avons compris ça, alors nous ne pouvions rien attendre du « cheminement démocratique » dès le départ ! L’Assemblée, pourtant souveraine, allait être enjambée par l’exécutif via le 49.3 et autres mesures, et le Conseil Constitutionnel, que personne ne connaît et qui est une véritable farce composée de vieux croulants biberonnés au système, allait bien sûr valider la réforme. Personne n’est surpris par le déroulé des événements. La France Insoumise, les révisionnistes du Parti « Communiste » Français et tous les autres politiciens qui ont fait espérer une partie du peuple pour leurs intérêts sont coupables d’avoir propagé cette idée fausse selon laquelle nous pouvions « compter » sur nos élus, la République, et sur la « lutte politicienne » pour vaincre. Ce faisant, ils acceptent de jouer sur le même plateau que Macron ou le RN, avec les mêmes règles – et ensuite se plaignent sur les plateaux télés d’à quel point la démocratie est bafouée en France.

Ce courant, dans le cadre du mouvement actuel comme en dehors, joue le rôle de conciliateur et tente d’emporter avec lui une partie des masses pour les détourner de la lutte collective à la base, pour les tourner vers les élections, les postes et la « lutte » parlementaire. Mais rien n’y fait : la tendance objective en France comme dans le monde est à la révolte, contre le vieil Etat et ses institutions mais aussi contre les opportunistes de divers bords qui ont trahi tellement de fois nos luttes qu’on ne les compte plus. Une part de plus en plus grandissante du peuple a compris que le véritable enjeu n’était pas dans les élections et dans un choix entre deux grandes figures ; les choses se jouent dans la lutte ! C’est-à-dire dans les rues, dans les lycées, dans les usines et entrepôts, dans les facs, etc. Les révoltes des banlieues de 2005, la loi Travail, les Gilets Jaunes, les méga-bassines… Tout montre que la période précédente marquée par l’attentisme et dominée par les grands partis bourgeois est terminée. Le prolétariat et la lutte combative font leur grand retour sur la scène, et les partis opportunistes font déjà partie du passé.

Le Parlement, le Sénat, les ministres et consorts – tous représentent un monde en train de s’écrouler. Partout, les gens se lèvent contre cet ordre injuste et ses jours sont dorénavant comptés : la France va connaître révolte sur révolte, il n’y aura plus de stabilité tant que l’ordre capitaliste n’aura pas été détruit et remplacé par une société juste. C’est un fait objectif : l’Etat et ses tentacules, c’est l’ancien ; la lutte et l’organisation de notre classe, c’est le nouveau.

C’est pourquoi la décision du Conseil Constitutionnel ne change rien, car elle ne peut rien changer. La bourgeoisie n’a aucune prise sur le réel, elle regarde son château de sable être lentement détruit sans pouvoir faire autre chose que d’user de flics baveux et d’armes de guerre. Cette réforme, elle en a besoin pour financer la militarisation du pays et continuer à assister les monopoles, qui ont besoin de l’aide constante de l’Etat pour tenir le coup face à la crise. Elle est donc passée, c’est-à-dire que la République l’a adoubée, c’est comme ça et ça ne pouvait être autrement. La seule manière d’être en capacité d’empêcher ce gouvernement ultra-réactionnaire de continuer ses sales besognes, c’est de s’organiser. Nous avons besoin d’organisations combatives, anti-opportunistes, qui portent la voix de notre classe de manière indépendante de l’Etat et des politiciens. Notre salut ne se trouve pas dans les élections, mais dans une grande Révolution pour transformer de fond en comble la société, et balayer les toiles d’araignées qui nous empêchent d’avancer.