Au matin du mardi 27 juin, un jeune homme de 17 ans au volant d’une voiture fait l’objet d’un « banal » contrôle policier, il s’appelle Nahel. Depuis le début de l’altercation, les flics sont virulents et n’hésitent pas à mettre des coups de crosse au conducteur ; pourtant, la fenêtre est baissée et Nahel est à l’arrêt. Le ton monte chez les policiers, ils crient à plusieurs reprises qu’ils vont « tirer » et lui « mettre une balle dans la tête ». Les chiens tirent. Nahel, 17 ans, jeune de quartier prolétaire, est assassiné de sang-froid.
Les médias se sont alors emparés directement du drame pour faire de l’audience, invitant comme toujours les pires crapules sur leurs sales plateaux. En boucle sur toutes les télés et radios, on nous explique que Nahel a mérité sa mort, qu’il était un « délinquant multirécidiviste », qu’il essayait de « rouler sur le policier ». Mais cette fois, le manège bien huilé a rencontré un problème : la scène a été intégralement filmée, sous plusieurs angles, par des témoins. Et tous les mensonges policiers, que leurs larbins ont repartagé partout, tombent à l’eau. Tout est faux, sans exception… même le casier judiciaire qu’ils ont inventé à ce jeune.
Alors la colère explose. Encore des mensonges. Encore des pourritures qui se couvrent entre elles. Encore des politiciens qui récupèrent les drames. Encore un jeune qu’on perd. C’est trop et depuis trop longtemps dans nos quartiers prolétaires, qui subissent le traitement de la matraque et du flashball au jour le jour.
Dans une grande partie des quartiers d’Ile-de-France et même dans le reste de la France en soutien, des révoltes s’organisent : tirs de mortiers et de feux d’artifices, barricades, cocktails molotov, tout est utilisé pour combattre et résister face à la police. Les affrontements durent toute la nuit et sont particulièrement violents, parsemés d’arrestations, de blessures graves et de lynchages en règle ; contrairement aux mensonges déversés par les propagandistes de l’État, personne ne se révolte pour s’amuser, et là rien ne saurait être plus sérieux. Surtout, on a pu observer quelque chose de mémorable : les masses se sont organisées pour mener la lutte. Tandis que les jeunes descendent au contact et attaquent, d’autres plus âgés restent derrière pour ravitailler en munitions ; les mamans se postent aux fenêtres pour avertir des mouvements de la police et tout un quartier se met en branle contre son ennemi de tous les jours. Des habitants d’autres quartiers de la banlieue parisienne vont même venir apporter leur aide à Nanterre, convergeant vers le centre des émeutes. Les forces policières, pourtant surarmées et surentraînées, ont dû battre en retraite à plusieurs reprises, reculant sous l’assaut des masses. Toute la haine de classe justifiée qui anime ces masses en lutte, nous pouvons la ressentir à la vue des images.
Les réactions politiciennes ne se sont pas fait attendre, les habituels chiens de garde du système appellent au « calme » et à la « vérité », tandis qu’ils propagent le chaos et le mensonge. La fausse « opposition » « de gauche » elle, essaye de se placer en pole position pour récupérer l’affaire, et n’appelle pas ouvertement à se révolter ; ils sont pour une « bonne police », ils défendent l’ordre de la bourgeoisie qui massacre. Et d’ailleurs, ils sont complètement déconnectés des masses des quartiers, car nous le voyons chaque jour de nos propres yeux en vivant, travaillant et luttant avec elles : elles ont soif de révolte, elles n’attendent que l’étincelle et le plan pour retourner le pays.
C’est pourquoi Nouvelle Epoque, en tant que média indépendant présent au quotidien dans les quartiers pour suivre leurs luttes, se place entièrement au côté des révoltes en cours. Nous appelons à nous organiser plus en avant, à développer la résistance par tous les moyens possibles et à tout faire pour obtenir la justice. Il n’y aura pas de changement sans rébellion, montrons au vieux monde que le nouveau se trouve dans les quartiers ! Comme pendant les Grandes Révoltes de 2005 : on a raison de se révolter !