L’accélération de la crise du logement en France

Le logement est un besoin de base pour les êtres humains. Avoir un toit sur la tête, être à l’abri, passe pour une revendication évidente dans un pays comme la France. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’existent un certain nombres d’associations comme le D.A.L (Droit Au Logement) qui revendiquent, justement, le droit à bénéficier d’un logement convenable.

Et pourtant, la crise du logement est là. Elle n’est pas arrivée par hasard ou il y a peu : c’est une constante de la vie quotidienne en France pour les prolétaires depuis longtemps. Il y a eu notamment une aggravation il y a 15 ans, avec la crise financière de 2008. Le nombre de propriétaires stagne, tandis que le secteur locatif privé explose, avec tous les problèmes que cela peut engendrer.

Portrait de la crise du logement

L’augmentation des coûts de construction après la crise COVID et la difficulté à l’accès au crédit rendent difficile les constructions neuves, et le marché de l’immobilier se resserre donc. Aujourd’hui en France, on compte 330 000 personnes sans-domicile. Une partie d’entre elles sont contraintes à l’errance, à la mendicité et aux conditions de vie les plus difficiles dans les rues de nos villes. Macron a beau avoir promis qu’il n’y aurait plus de SDF sous son premier quinquennat, c’est encore une promesse qu’il n’a pas tenu !

Pour les locataires, les logements sociaux sont aussi rares que l’or. Alors que le nombre de logement public baisse avec des logements fermés, jamais retapés ou bien carrément détruits, le nombre de demandes ne fait qu’augmenter. A l’heure actuelle, ce serait 2,42 millions de personnes qui seraient en attente, c’est-à-dire plus que la population de Paris. Dans certaines villes en France, notamment les grandes mais pas que (Bretagne, Pays Basque), trouver une location est devenu infernal. Alors que plusieurs centaines de milliers de logements restent vides dans les grandes agglomérations, deux formes de logement précaires explosent : les sous-locations (louer à un locataire) et les colocations. Ces formes de logement, traditionnellement réservées aux étudiants dans le cliché qu’on en a, accueillent en fait depuis 2019 une majorité de salariés et de familles mono-parentales.

Il faut comprendre, pour synthétiser, que la crise du logement n’est pas simplement la crise d’un marché comme les autres. C’est le profit de quelques promoteurs, magnats de l’immobilier et multi-propriétaires qui engendre une crise pour un besoin vital pour des millions de personnes. Le rêve de l’accès à la propriété devient un lointain souvenir pour beaucoup de ménages, y compris des couples avec deux salaires corrects. La mise en coupe réglée du logement par le capitalisme engendre la crise.

Zoom : en région parisienne, les J.O. vont aggraver la situation

Quiconque a vécu en région parisienne le sait : le logement est un enfer. Arnaques, logements insalubres, concurrence énorme entre locataires, prix ahurissants, voilà avec quoi les locataires composent. Louer à Paris, c’est littéralement livrer sa vie sur un plateau à des dizaines d’agences qui, bien souvent, nous refusent avant la moindre visite.

Il faut accepter d’aller vivre à 1h, 1h30 ou même 2h de transport de son travail ou de sa famille pour espérer avoir un logement. Les attentes pour les HLM sont longues, et ceux-ci sont souvent en mauvais état et imposent des pressions à leurs locataires comme beaucoup de bailleurs sociaux véreux.

Et comme si ça ne suffisait pas, avec les J.O., la tension du logement va augmenter ! Le gouvernement a annoncé qu’il réquisitionnerait 3 000 logements étudiants pour les J.O., ce qui va mettre dans la précarité des milliers d’étudiants qui vivent au CROUS. Ce sera notamment le cas des étudiants étrangers qui doivent rester en cité étudiante l’été car leur famille vit loin.

Sur AirBNB, qui a considérablement impacté le marché locatif de région parisienne depuis 10 ans, on prévoit 600 000 touristes, pour 1 milliard de chiffre d’affaires potentiel sur la durée des J.O. Un pactole qui sera partagé entre les riches propriétaires et l’application, tandis que pour les prolétaires de région parisienne, une inflation sensationnelle des prix sera à attendre sur cette période. En plein été, alors que de nombreuses personnes arrivent sur la capitale pour du travail ou une formation, il sera impossible de se loger pour un prix honnête.

Dans le même temps, l’État bourgeois a commencé une opération de déplacement des migrants de la région, après les avoir repoussé hors de Paris depuis 2015. En envoyant des groupes en province, l’État espère « vider » Paris de sa population la plus précaire pour, comme toujours dans ces grands événements internationaux, cacher la misère qui est réellement le quotidien de milliers de personnes.

En résumé, Paris illustre bien la folie de la crise du logement : une crise capitaliste sur un besoin vital.