En France, la répression des mobilisations populaires n’est pas nouvelle. Rien qu’en 2023, la bataille des retraites et la grande révolte de juin n’ont trouvé aucune réponse politique de la part de la bourgeoisie. Les seules réponses étaient celles des matraques, des gaz lacrymogènes et surtout des arrestations et condamnations à tour de bras. Pas de doute, l’État français est expert dans ce domaine, si bien que même des institutions internationales de la bourgeoisie comme la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) enquêtent à ce sujet et accusent la France.
Ce qui a été nouveau dans le cas de la Palestine, c’est la répression ciblée sur un mouvement de solidarité internationale qui, contrairement à ce qui a été affirmé dés octobre 2023, n’a en réalité engendré aucun « trouble à l’ordre public ». Dans les grandes villes comme Paris, les mobilisations internationales, qu’elles soient celles des diasporas ou de collectifs, ont toujours existé. Les rassemblements et événements pour la Palestine, eux aussi, ne datent pas d’hier et n’inquiétaient pas l’État. Mais voilà que depuis un an, la répression est montée d’un cran.
Pourtant, il n’y a pas eu de casse ni d’émeutes pour la Palestine. Ce qu’il y a eu par contre, c’est une mobilisation de centaines de milliers de personnes touchées au vif par la défense de la Palestine. Beaucoup d’entre eux n’étaient pas des militants, pas des adhérents des associations de défense de la Palestine, mais spontanément ils se sont joints ou ont initié des mobilisations sous mille formes différentes. Qu’ils viennent des quartiers populaires, des lycées, de petites villes ou même de l’université, cette politisation accélérée contre l’impérialisme a été jugée dangereuse par l’État bourgeois.
De la même manière, l’État a voulu tuer le mouvement dans l’œuf dés le 08 octobre, en interdisant les rassemblements via les préfets et les maires de certaines grandes villes comme Toulouse. C’est également à ce moment là que Darmanin faisait planer la menace de la dissolution sur toutes les organisations qui avaient osé parler de la libération du peuple palestinien. Leur tactique était d’assimiler les manifestations à des actes antisémites pour neutraliser une partie importante du soutien populaire à la Palestine. C’est que, pour les impérialistes, il est inconcevable de se mobiliser et de défendre la lutte d’un peuple pour sa libération. Petit à petit, à mesure que l’ampleur du massacre à Gaza et en Cisjordanie devenait claire pour tout le monde, l’État a changé de tactique, préférant à la répression directe le pari de l’isolement des collectifs par rapport aux masses et de l’inertie de la mobilisation pour que « ça se tasse ».
Toujours est-il que dans chaque ville, une génération de courageuses et courageux défenseurs de la Palestine ont connu les pressions policières dans leurs rassemblements, les convocations au poste de police pour des partages sur les réseaux sociaux, voire les arrestations, comme les étudiants des universités lors du printemps 2024. L’État croyait écraser le mouvement, il a en réalité convaincu un grand nombre de ces nouveaux activistes de la légitimité de la lutte anti-impérialiste et de la nécessité de sortir des carcans mous et opportunistes qui l’emprisonnent, notamment dans le cas de la Palestine.
Des milliers de personnes ont été verbalisées pour avoir porté des drapeaux, des syndicalistes comme Timothée Esprit ou Jean-Paul Delescaut de la CGT ont été respectivement viré et condamné à de la prison avec sursis pour « apologie du terrorisme » en réaction à leur soutien à la Palestine. Des responsables de collectifs, des soutiens vocaux à la Palestine et même des politiciens ont été convoqué au poste de police pour des paroles rapportées. Toutes ces tentatives d’intimidation n’ont pas éteint la flamme qui brûle dans le cœur des défenseurs de la Palestine. Cela prouve qu’il y a, en France, un terrain particulièrement fertile pour développer une défense combative et anti-impérialiste de la libération de la Palestine.