L’assassinat barbare du professeur d’histoire-géographie Samuel Paty à provoqué une émotion légitime dans l’Etat Français. Un acte politique aussi violent, celui de décapiter au nom de Dieu et du djihad, ne peut que choquer. Et, tout le monde en fait le constat, ce genre d’actes ne peut que se reproduire. Il n’est pas le fait de déséquilibrés mais de nihilistes, produit par la décomposition de la société, se justifiant par l’Islam ici mais pouvant se justifier autrement (comme Anders Breivik ou les tueurs de masse des universités américaines). Ces gens, d’une façon où d’une autre, se rattachent à la montée du fascisme et à la violence nihiliste et cannibale au sein du peuple.
Toutefois, ce n’est pas ainsi que le gouvernement a vu les choses. Pour lui, l’occasion est trop belle. Son objectif, c’est de marginaliser, d’isoler, de détruire moralement la classe ouvrière immigrée d’origine arabe ou africaine, souvent musulmane et vue comme telle par la population. Ainsi, on voit Jean Michel Blanquer s’attaquer à « l’islamo-gauchisme », Gérald Darmanin annoncer des perquisitions chez des musulmans « sans rapport avec l’enquête mais pour envoyer un message », ou encore proposer de dissoudre le CCIF et l’association Barakacity, qui n’ont absolument rien à voir avec l’idéologie des takfiristes prêts à mourir pour le califat.
Un média parasyndical raconte comment les ouvriers et ouvrières de Roissy, généralement meneurs dans les luttes, sont discriminés et parfois virés car musulmans, donc soupçonnés au niveau de la sécurité de l’aéroport. Voilà l’objectif du pouvoir. Isoler ceux et celles les plus à même de diriger l’explosion sociale à venir dans un sens prolétarien car issus souvent des couches les plus précaires du prolétariat.
Les fascistes, eux, haussent le ton et leur idéologie se diffuse. Le 18 octobre, dans l’indifférence totale des médias, deux femmes sont poignardées sous la tour Eiffel, un des lieux les plus touristiques et avec la plus forte présence policière de l’Etat Français. Selon Kenza, une des victimes : «On marchait et il y avait des chiens qui s’approchaient de nous. Ma sœur a demandé à l’une des propriétaires, deux femmes, si elle pouvait faire en sorte que les chiens ne s’approchent pas des enfants». «Elle nous a dit ‘nous faites pas chier, ça fait depuis 16h qu’on est là. Il a fallu que vous les sales arabes vous veniez nous faire chier’». «Elle s’approchait de ma sœur, c’est moi qui me suis interposée. Elle m’a mis un coup sur le dessus du crâne au niveau de l’oreille, je ne sais pas si c’était avec le couteau, puis elle m’a mis un coup de couteau au niveau de l’abdomen».
C’est un crime raciste, pur et dur. Des gens se sentent permis de mettre des coups de couteaux, si, lors d’une altercation, ils ont affaire à un musulman – ou une personne vue comme tel. Il est à craindre que cet acte ne reste pas isolé mais qu’il soit le prélude à une immense vague raciste.