Le mercredi 6 janvier, à Washington DC, des milliers de partisans de Donald Trump ont envahi le Capitole. Des affrontements à l’intérieur et autour du bâtiment ont duré plusieurs heures et coûté la vie à au moins quatre personnes. Cet événement intervient dans un climat économique, social, politique extrêmement tendu au sein de la première puissance impérialiste mondiale. Cet événement illustre le pourrissement profond que connait le système impérialiste mondial.
Ce mercredi 6 janvier était un jour particulièrement important pour les États-Unis : les résultats des élections sénatoriales en Géorgie ont fait basculer le Sénat du côté démocrate, et le Congrès devait certifier l’élection de Joe Biden, pour permettre son investiture à la présidence du pays le 20 janvier prochain. C’est donc cette date du 6 janvier qui a été choisie par Donald Trump pour organiser un grand rassemblement à Washington DC afin de tenter de bloquer le processus. Des dizaines de milliers de ses partisans se sont rassemblés dans la capitale fédérale des États-Unis pour revendiquer la victoire et écouter un discours de leur leader. Dans ce discours, Donald Trump, fidèle à sa position depuis plus de deux mois, a revendiqué la victoire à l’élection présidentielle et affirmé « nous ne concèderons jamais la défaite » tout en demandant à Mike Pence, son Vice-Président, de refuser de certifier l’élection de Joe Biden. À la fin de ce discours, Donald Trump a appelé ses partisans à marcher « pacifiquement » en direction du Capitole. Suite à ça, des milliers de personnes se sont donc mises en marche et ont envahi la bâtiment, allant jusqu’à provoquer des affrontements avec la sécurité du Capitole. Après quatre heures d’occupation, plusieurs dizaines de blessés et quatre morts, les lieux ont finalement été évacués.
Bien que surprenant car venant des USA, tout cela reste dans le cadre de la politique spectaculaire de la vielle « démocratie » réactionnaire US. Tribune of the People nous explique bien l’enjeu de ce simulacre « Il ne s’agit pas d’une insurrection mais d’une émeute alimentée par Trump et ses partisans réactionnaires, qui cherchent eux-mêmes à défendre le système impérialiste américain, en s’opposant simplement à l’aile de l’impérialisme dirigée par les démocrates et ses représentants rivaux du capital financier ». C’est, à peu de choses prêt, blanc bonnet et bonnet blanc comme le dit l’adage.
Il suffisait d’observer le faible niveau de violence, comparativement avec celui déployé pour écraser les révoltes du printemps dernier (Black Live Matter), pour montrer que contrairement à ce que prétendent les partisans de Trump, ce dernier ne représente en aucun cas une « menace pour le système ». Trump a, au contraire, gouverné pendant quatre ans au profit direct du système impérialiste US, l’unique super-puissance hégémonique dans le monde.
Néanmoins, ce simulacre a pu servir l’impérialisme US, il a clairement renforcé le bon vieux système réactionnaire qui se pare de la toge de la démocratie. Députés démocrates, comme républicains, médias monopolistes et bien sur ses propres monopoles, ont massivement condamné l’action de Trump. Il faut saisir que l’état bourgeois en période de crise va éviter à tout prix la voie fasciste. La bourgeoisie monopoliste aux US, comme en France, désir garder au maximum les oripeaux du système démocratique bourgeois tant que son pouvoir n’est pas directement menacé. Les USA continueront à s’appuyer sur la Constitutions de 1787 et ici sur la Révolution de 1789. C’est le sens du pathétique soutien de Macron face à l’émeute Trumpiste, c’est bien sur aussi la peut des élites face au pourrissement généralisé. Mais, au fond, quelle bourgeoisie impérialiste, alors qu’elle domine totalement la situation, serait assez folle pour se lancer dans l’aventurisme fasciste. Au demeurant même si Trump le voulait il ne le pourrait pas. La bourgeoisie se souvient de 1945, de l’URSS, des pays de l’est et de la Chine.
Bien entendu la forme de cette démocratie bourgeoisie va se reactionnariser, c’est le processus actuel que nous connaissons. Dans l’Etat français cela va prendre de plus en plus la forme du Bonapartisme. C’est à dire un exécutif très puissant, un parlement de plus en plus croupion, le développement du culte du chef au dessus des Partis, l’état soutenant les monopoles à bout de bras, le poids croissant de l’armée dans la société, le patriotisme au service de la politique impérialiste.
C’est le phénomène que nous connaissons et qui va s’accentuer. Macron en ce sens est le premier président se plaçant dans cette nouvelle phase. En 2020, il saluait De Gaulle, en 2021 il salue Mitterrand, il nous signifie qu’il faut une politique au dessus des Partis, un Chef qui rassemble, que l’Etat français sera ce qu’il a toujours été, social et libéral avec comme base les idéaux de 1789. L’Etat sera là pour soutenir les monopoles et restera avec son vieux fond social pour le « bon peuple »
Cette évolution n’est pas nouvelle mais, de fait, s’accélère avec la crise gigantesque se profilant. L’enjeu va être de l’analyser finement et d’y répondre avec justesse.