Le 13 janvier 2021, la députée et ancienne ministre des affaires européennes Marielle de Sarnez est décédée à Paris d’une leucémie. Dès l’annonce de sa mort, tous les partis du régime, y compris ceux se revendiquant « de gauche », lui ont immédiatement rendu hommage, sans mentionner bien évidemment sa mise en examen pour détournement de fonds publics, sans mentionner non plus le fait que, en tant que députée et ministre, elle a soutenu la politique antisociale menée par Macron.
Ainsi, Jean-Luc Mélenchon, qui affirme pourtant défendre les intérêts des travailleurs, a affirmé sur Twitter « Honneur à une adversaire exemplaire de loyauté, de respect des autres et de créativité. Le service du pays perd une utile influence discrète. » Du côté du Parti « Communiste » Français également, l’opportuniste Fabien Roussel, secrétaire national de ce parti qui n’a plus de communiste que le nom, a écrit sur Twitter « Je salue la mémoire d’une femme sincère profondément attachée aux valeurs de la République. » Même son de cloche du côté du Rassemblement National où Marine Le Pen, la fille de millionnaire qui a grandi dans un château à Saint-Cloud et ose se revendiquer représentante du « peuple d’en bas » a dit de Marielle de Sarnez qu’elle « était une Présidente de commission investie, respectueuse et attentive à tous les députés. »
Cette unanimité de la classe politique est le reflet de ce qu’est la politique institutionnelle dans le cadre de l’État capitaliste français : les grands partis politiques, qui se présentent aux élections et dont les cadres espèrent obtenir des postes au chaud et bien payés, sont tous les représentants d’une même classe sociale, la bourgeoisie. Tous ces partis défendent, en fin de compte, l’intégrité du régime. Bien-sûr, la bourgeoisie n’est pas une classe unie, c’est une classe divisée, en témoigne l’existence de nombreux partis bourgeois aux idées divergentes. Néanmoins, il existe au sein de cette classe bourgeoise, au sein de cette caste de politiciens du régime, une solidarité de classe, un sentiment d’appartenance à un groupe social aux intérêts communs et une volonté commune de défendre l’intégrité de l’État bourgeois. C’est pourquoi, même les politiciens se revendiquant le plus « de gauche », seront toujours plus enclin à rendre hommage à une Marielle de Sarnez qui piquait dans les caisses de l’État qu’à un ouvrier mort d’accident du travail. Et pour cause, l’opportuniste Fabien Roussel a beau se revendiquer communiste, il a beau affirmer défendre les intérêts des travailleurs, avec son poste de député payé 7000€ par mois, son quotidien ressemble bien plus à celui d’un DRH de grande entreprise qu’à celui d’un ouvrier du bâtiment ou d’un livreur Uber Eats.
Nous voyons donc ici que même les politiciens se revendiquant de gauche ou communistes sont des opportunistes qui n’hésitent pas à rendre hommage aux pires vermines, à l’image de Ian Brossat, membre du Parti « Communiste » Français, qui en mars dernier avait rendu hommage à Patrick Devedjian, ancien ministre et surtout ancien membre du groupe néo-fasciste Occident. Cette unité des politiciens face à la mort des leurs s’explique par le fait que ce qui les unit est plus fort que ce qui les divise. En effet, ils sont certes divisés du fait de leur appartenance à différents partis, à différentes tendances de la politique bourgeoise, mais ils sont avant tout unis par leur appartenance à une même classe et par leur intérêt fondamental à la préservation du système capitaliste et de l’État bourgeois. En effet, ce qui distingue un politicien bourgeois opportuniste de gauche d’un vrai révolutionnaire, c’est que là où le premier souhaite réformer le capitalisme pour donner quelques miettes aux travailleurs, les second souhaite un renversement complet de l’ordre social capitaliste, la prise du pouvoir par le prolétariat et l’expropriation totale de la bourgeoisie. Cela va totalement à l’encontre des intérêts fondamentaux des politiciens bourgeois de gauche qui, quoi qu’ils disent, ne sont que des rouages d’un système mortifère qu’ils ont tout intérêt à préserver. Et si certains militants du PCF affirment que les hommages rendus par leur parti à Patrick Devedjian ou Marielle de Sarnez font partie de l’usage, des traditions, nous, révolutionnaires, considérons justement que ces usages, ces traditions, font partie d’un système que nous combattons et que, par conséquent, nous n’avons en aucun cas à perpétuer ces usages et traditions pour faire plaisir à nos ennemis de classe.
Nous le disons donc haut et fort : nous ne rendrons pas hommage à Marielle de Sarnez, Valery Giscard d’Estaing ou Patrick Devedjian, car ils étaient nos ennemis de classe, car nous les combattions de leur vivant, car nous ne sommes pas des hypocrites et nous ne considérons pas que la mort de nos ennemis efface les horreurs qu’ils ont commises. Nous préférons rendre hommage aux héros du prolétariat qui nous ont quitté, comme récemment le camarade Joselo en Équateur. Nous préférons rendre hommage aux martyrs tombés sous les balles de la bourgeoisie, comme Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht, dont nous commémorions il y a quelques jours les 102 ans de la mort. Nous préférons rendre hommage à ces millions d’ouvriers qui chaque année dans le monde meurent d’accidents du travail ou de maladie professionnelle et dont le décès est considéré cyniquement par la bourgeoisie comme une simple statistique ou comme des dommages collatéraux.