Ce 24 novembre aura lieu, à l’appel de personnalités, soutenues par une quinzaine de responsables syndicaux, une marche contre les violences sexuelles et de genre dans des tribunes publiées dans des médis comme Médiapart et France Inter.
Cette mobilisation se veut une continuation du mouvement #metoo et des dénonciations de comportements violents, d’agressions sexuelles voir de viols comis par des hommes, souvent grâce à leur position de force dans une entreprise ou un milieu particulier, mais aussi par des hommes de l’entourage proche – jusqu’aux conjoints, qui sont souvent eux mêmes les principaux dangers pour les femmes. ;
Pour nous, le mouvement #metoo était un mouvement progressiste que nous aurions dû soutenir bien plus fermement. Il à permis de libérer la parole de nombreuses femmes qui ont pû enfin parler, parfois entre elles (alors qu’elles partagent le même quotidien fait de nombreuses aggressions ou comportements sexistes). Ce mouvement à permis de poser la question du patriarcat dans le débat public et renforcer les organisations féministes.
La marche du 24 novembre, continuation de #metoo, est donc également, à nos yeux, une bonne chose. Malgrès les perturbations à Paris qui empêcheront de nombreuses participantes et de participants de venir, ou du moins les dissuaderons, cette marche risque d’être un succès.
Dans cette marche, le mouvement #NousAussi a émergé, en opposition à l’organisation de la marche #NousToutes, jugée incapable d’intégrer les questions intersectionnelles aux revendications politique de ce mouvement de femmes.
De manière générale, le mouvement #metoo n’a pas posé la question de classe. La division sexiste des rôles dans la société est une question de classe. Une femme ouvrière n’a pas le même rôle social qu’une femme bourgeoise. Une femme prolétaire peut partager certains intérêts immédiats avec les femmes bourgeoises sur des revendications limitées et parcellaires, mais c’est également la position de prolétaire qui renforce le patriarcat, qui oblige des femmes à abandonner leur travail pour s’occuper des enfants, pour s’occuper du ménage, qui met les mères célibataires dans une position extrêmement difficile. C’est le manque d’argent qui empêche un nombre immense de femmes de divorcer. Et, en dernière analyse, c’est la position de classe qui détermine si les femmes peuvent ou non participer au renversement du système qui produit l’oppression spécifique : le capitalisme.
Les femmes bourgeoises n’ont pas intérêt au relâchement de l’exploitation des femmes prolétaires, renforçant ainsi l’emprise du patriarcat sur ces dernières. La précarité économique renforce de manière universelle la dépendance économique des femmes envers les hommes et donc les comportements violents et destructeurs.
Ainsi, sans poser la question de classe, le mouvement féministe actuel ne peut aider à la libération des femmes. Toutefois, la simple libération de la parole des femmes, la prise de conscience de la capacité à se mobiliser, la volonté de changer sa situation est une étape importante, une étape immense, dans n’importe quelle lutte du peuple et des masses. Nous appelons donc toutes nos sympathisantes et tous nos sympathisants à rejoindre les cortèges, à renforcer la mobilisation et faire germer l’idée d’une différence d’intérêt entre femmes prolétaires et femmes bourgeoises.