Le lundi 1er mars, le procès de l’ancien Président génocidaire du Pérou, Alberto Fujimori, s’est ouvert à Lima, capitale du pays. Déjà en prison pour avoir orchestré plusieurs massacres, notamment de militants communistes au début des années 1990, Alberto Fujimori est cette fois jugé pour avoir mis en place une politique de stérilisation forcée systématique de centaines de milliers de femmes indigènes entre 1996 et 2000.
Alberto Fujimori, c’est celui qui est considéré par la bourgeoisie péruvienne, mais aussi par les puissances impérialistes, comme ayant « mis fin à la guerre populaire » menée par le Parti Communiste du Pérou. Bien-sûr, cela est faux : si la répression extrême a permis au vieil État péruvien d’infliger des coups au mouvement révolutionnaire, la guerre populaire au Pérou n’est pas terminée, et le reflux qu’elle a connu dans les années 1990 n’était que temporaire, puisque le mouvement gagne à nouveau en influence depuis quelques années.
Fujimori, c’est l’incarnation du Président ultra réactionnaire, gouvernant pour le compte d’une puissance impérialiste, en l’occurence les États-Unis. Arrivé au pouvoir en 1990, alors que le Parti Communiste du Pérou contrôlait des pans entiers du territoire et s’approchait de plus en plus du pouvoir, Fujimori a contribué à intensifier la violence répressive qui s’est abattue sur les révolutionnaires péruviens. C’est dans ce contexte qu’il a orchestré de nombreux massacres contre des militants révolutionnaires, mais aussi contre des civils simplement soupçonnés d’être favorables au Parti Communiste. C’est pour ces massacres qu’il a été condamné à 25 ans de prison en 2009. Cependant, il semble évident que cette condamnation n’a eu lieu que dans le but de calmer la colère des masses populaires péruviennes à l’encontre de celui qui incarne la politique génocidaire menée par l’État dans les années 1990. En effet, depuis déjà plus de 20 ans, l’État péruvien travaille à une « réconciliation nationale » afin de travailler à « l’unité du pays » suite à la période 1980 – 1995 au cours de laquelle la guerre populaire a été particulièrement intense. Bien-sûr, cette volonté « d’unité nationale » vise en premier lieu à discréditer les révolutionnaires péruviens. Ainsi, si la « Commission de la vérité et de la réconciliation » créée par l’État péruvien dans le but de réunifier le pays en discréditant les révolutionnaires a établi que ces dernier étaient responsables de 54% des décès du conflit entre 1980 et 2000, ce chiffre est évidemment faux, et une étude universitaire datant de 2019 est venue démontrer qu’en réalité, la majorité des décès sont imputables aux actions du vieil État péruvien.
Ainsi, si l’État péruvien a mis Alberto Fujimori en prison, ce n’est pas pour les crimes horribles qu’il a commis mais dans l’espoir de tirer un trait sur la guerre révolutionnaire qui a secoué le pays tout au long des années 1980 et 1990. En effet, l’État réactionnaire péruvien n’a en soit rien contre le génocidaire Fujimori, mais ce même État n’a pas longtemps hésité à le mettre en prison avec l’espoir que cela laisse penser aux masses péruviennes que l’État est désormais neutre dans ce conflit et qu’il ne fait pas de différence entre les crimes commis par les forces armées aux ordres du Fujimori et ceux imputés au Parti Communiste. Bien évidemment, cela est faux, et le simple fait que Fujimori ait été incarcéré dans une prison dont 10 000 mètres carré lui étaient réservés, avec un immense jardin, une clinique, un atelier de peinture et une salle de réception dans laquelle il pouvait recevoir des invités quand il le souhaité, suffit à le prouver. La grâce présidentielle dont il a bénéficié en 2017 – avant d’être à nouveau incarcéré après l’annulation de celle-ci – démontre également cela. Dans le même temps, le Président Gonzalo, Président du Parti Communiste du Pérou, est en prison depuis 1992 et est incarcéré dans des conditions particulièrement difficiles. En effet, l’État péruvien cherche à le faire mourir, notamment par ses conditions de détention, enfermé dans un sous-sol, à plusieurs mètres de profondeur, et ce malgré son vieil âge.
Aujourd’hui, c’est pour la stérilisation forcée de près de 300 000 femmes, principalement indigènes, qu’Alberto Fujimori est jugé. En effet, entre 1996 et 2000, l’État péruvien, sur ordre de Fujimori, a organisé une vaste campagne de stérilisation forcée. Le but était d’empêcher les femmes indigènes de faire des enfants, car, dans l’esprit du gouvernement péruvien, les enfants indigènes seraient des communistes en puissance. Il s’agit ni plus ni moins d’une politique génocidaire, puisqu’elle vise à éradiquer les populations indigènes en les empêchant de se reproduire. Cela montre jusqu’où les États capitalistes sont prêts à aller pour défendre les interêts de la bourgeoisie, au détriment des intérêts des masses populaires. Cela démontre que la révolution est forcément un processus violent, car les ennemis, les contre-révolutionnaires, sont et ont toujours été d’une violence extrême. Cette campagne de stérilisation forcée des femmes indigènes est une illustration parfaite – si il en fallait encore une – de la légitimité du combat mené par le Parti Communiste du Pérou, et elle permet également de démontrer à quel point les populations indigènes sont maltraitées par ce vieil État réactionnaire. Cela explique bien évidemment pourquoi autant de péruviens se sont engagés dans le Parti Communiste et ont participé activement à la guerre populaire : ils avaient tout à gagner à la révolution, ils ont vite compris que face à l’oppression qu’ils subissaient de la part du vieil État péruvien, seule la révolution pouvait les émanciper.
Pour autant, les révolutionnaires péruviens ne font aucune confiance à la justice de l’État péruvien, car c’est celle-là même qui a mis en prison des milliers de révolutionnaires qui avaient commis comme seul crime le fait de lutter pour une vie meilleure, pour un système plus juste.