Ces deux dernières semaines, l’Irlande du Nord a été secouée par d’importants troubles. Des émeutes d’une rare ampleur ont éclaté dans plusieurs quartiers de Belfast et Derry. Ces incidents sont le fait de groupuscules unionistes, favorables à l’occupation du territoire irlandais par l’impérialisme britannique, et inquiets des conséquences du Brexit. À plusieurs reprises, ces collaborateurs de l’impérialisme ont essayé d’attaquer les quartiers républicains, dans lesquels vivent les masses révolutionnaires, en lutte depuis des décennies contre l’occupation illégitime du Nord de l’Irlande par le Royaume-Uni et sa monarchie corrompue.
Géographiquement et culturellement, l’Irlande du Nord fait partie intégrante de l’Irlande. Pourtant, ce territoire reste sous domination de l’impérialisme britannique. En effet alors que l’Irlande a obtenu son indépendance en 1921, suite à une guerre de libération menée contre le Royaume-Uni, le Nord de l’île est aujourd’hui encore occupé par les britanniques, et le territoire de l’Irlande du Nord fait donc partie du Royaume-Uni, alors qu’il devrait pourtant légitimement être rattaché à la République d’Irlande.
De 1968 à 1998, le territoire nord-irlandais a été secoué par un violent conflit militaire ayant fait plus de 3500 morts. Cette guerre a opposé les militants révolutionnaires des forces républicaines, organisés dans différents groupes tels que l’IRA provisoire (Armée Républicaine Irlandaise – Provisoire) ou l’INLA (Armée Irlandaise de Libération Nationale) aux forces loyalistes, favorables à l’impérialisme britannique. Tout au long du conflit, l’armée britannique a été déployée sur le territoire nord-irlandais dans le but d’écraser le mouvement révolutionnaire, et y a commis de nombreux crimes, dont le plus célèbre est le massacre de 14 manifestants lors du « Bloody Sunday », le 30 janvier 1972. Dans cet objectif, le Royaume-Uni a pu compter sur le soutien de divers groupes terroristes unionistes ayant commis de nombreux crimes contre les forces républicaines, mais aussi contre des civils. Ces groupes, dont les deux plus célèbres sont l’Ulster Defence Association et l’Ulster Volunteer Force, ont laissé une empreinte durable au sein du mouvement loyaliste nord irlandais. Aujourd’hui, les émeutes menées par des jeunes issus des quartiers loyalistes, s’inscrivent dans la continuité de la violence terroriste des collaborateurs de l’impérialisme britannique que sont l’Ulster Defence Association et l’Ulster Volunteer Force. En effet, si le niveau de violence est aujourd’hui inférieur à ce qu’il était entre 1968 et 1998, du fait principalement des accords du vendredi saint, les misérables attaques des terroristes unionistes ont le même objectif qu’à l’époque : terroriser les républicains et soutenir la domination impérialiste du Royaume-Uni sur l’Irlande. Ainsi, en 1971, l’Ulster Defence Association avait fait sauter une bombe dans un bar catholique (les républicains étant majoritairement catholiques et les unionistes majoritairement protestants), tuant 15 personnes. Aujourd’hui, les jeunes terroristes unionistes lancent des cocktails molotovs en direction des quartiers républicains, dans le but de blesser, voire de tuer des habitants de ces quartiers.
Ces jeunes unionistes justifient leurs crimes en disant qu’ils se sentent trahis par les accords du Brexit. En effet, ils refusent le principe d’une barrière douanière entre l’Irlande du Nord et le reste du Royaume-Uni. Eux revendiquent la fermeture de la frontière entre l’Irlande du Nord et le reste de l’Irlande et le maintien du libre échange entre l’Irlande du Nord et le reste du Royaume-Uni. En un mot, ils revendiquent d’encore un peu plus séparer le territoire irlandais afin de briser l’unité du peuple irlandais, dominé depuis bien trop longtemps par l’impérialisme britannique, mais en lutte depuis plus de 100 ans pour sa libération. Bien-sûr, c’est aussi cela que l’impérialisme britannique aurait souhaité. Si ce n’est pas arrivé, c’est car l’impérialisme britannique est un tigre de papier, effrayé à l’idée que le peuple irlandais ne se laisse pas faire face à une telle décision. Et les britanniques ont bien raison d’avoir peur, car au fil des années, les forces républicaines se réorganisent et se préparent à relancer la lutte révolutionnaire armée pour la libération totale du territoire irlandais.
Les évènements de ces dernières semaines nous démontrent une fois de plus que le Brexit a ouvert, pour l’impérialisme britannique, une période d’instabilité pouvant aboutir à la réunification de l’Irlande et à un affaiblissement important de l’impérialisme britannique.
Ainsi, face aux violentes attaques de la part des collaborateurs de l’occupation britannique, les masses révolutionnaires républicaines se sont défendues, ont défendu leurs quartiers. Chaque soir, des dizaines de jeunes républicains étaient mobilisés, sur le terrain, pour repousser toute tentative d’attaque ou d’incursion dans leurs quartiers.
À ce propos, les militants révolutionnaires de l’Action Anti-Impérialiste d’Irlande ont affirmé avoir été mobilisés sur le terrain tout au long de ces évènements, et saluer la mobilisation de la jeunesse des quartiers républicains. Ils dénoncent également les odieuses attaques commises contre les catholiques républicains vivant dans des quartiers majoritairement protestants et unionistes. En effet, plusieurs maisons appartenant à des républicains mais situées dans des quartiers unionistes ont été violemment attaquées par des terroristes unionistes, qui ont notamment brisé des vitres et proféré des menaces. Il s’agit là de véritables pogroms de la part des collaborateurs de l’impérialisme britannique. Heureusement, la jeunesse républicaine est prête à se défendre et à reprendre le flambeau du mouvement révolutionnaire qui secoué l’Irlande du Nord de 1968 à 1998.
La lutte du peuple irlandais est une véritable lutte de libération nationale. À une époque où l’impérialisme est ce qui structure tout le fonctionnement du monde, à une époque où combattre l’impérialisme signifie ébranler tout le vieux monde, la lutte de libération du peuple irlandais constitue encore aujourd’hui un des points chauds du mouvement révolutionnaire en Europe. Loin des républicains opportunistes, qui ont abandonné la lutte révolutionnaire pour obtenir des places au chaud dans les parlements, la détermination de la jeunesse des quartiers républicains à lutter pour balayer le vieux monde montre le chemin à suivre à la jeunesse de toute l’Europe.