Depuis de nombreuses années, Grand Lyon Habitat, principal bailleur social de Lyon, prélève des frais abusifs aux habitants de nombreuses résidences de la ville. Initiée par les membres du Comité Prolétarien d’Entraide et de Solidarité (CPES) du quartier des États-Unis (Lyon 8ème), la lutte des habitants du quartier pour l’arrêt et le remboursement de ces frais se poursuit.
Le dimanche 25 avril, une assemblée générale organisée dans le quartier a débouché sur le lancement d’une pétition avec trois revendications principales :
1 – Arrêt du prélèvement et remboursement des frais de câble numérique pour tous les habitants n’ayant pas de contrat chez SFR (ces câbles numériques ne servent qu’aux habitants ayant un contrat chez SFR, et qui peuvent donc se les faire rembourser par SFR).
2 – Pose de serrures neuves sur la porte de chaque cave individuelle et sur la porte d’accès aux caves de chaque bâtiment.
3 – Nettoyage des caves de la résidence au moins une fois par mois aux frais de Grand Lyon Habitat. Rénovation des caves inutilisables et remboursement des frais de cave compris dans les charges locatives pour tous les habitants concernés.
Depuis le lancement de cette pétition, plusieurs actions ont été menées par le CPES, avec le soutien de nombreux habitants du quartier. Sur le marché des États-Unis, un des plus gros marchés de la métropole lyonnaise, une table a été tenue pour faire signer la pétition à un maximum de monde. Devant une banderole sur laquelle on pouvait lire « Grand Lyon Habitat nous vole, stop à l’injustice ! », les membres du CPES ont pu distribuer des dizaines de tracts et discuter avec des habitants qui faisaient leur marché. Plusieurs dizaines de signatures ont été récoltées, et de nombreux habitants ont confirmé avoir eu de multiples problèmes avec Grand Lyon Habitat, qui traite systématiquement les locataires avec mépris.
La même semaine, une grande affiche dénonçant le racket organisé par Grand Lyon Habitat a été collée dans le quartier. La semaine précédant l’assemblée générale, les murs du quartier avaient déjà été tapissés de plusieurs dizaines d’affiches dénonçant Grand Lyon Habitat. Si la métropole lyonnaise est habituellement peu réactive pour nettoyer le quartier des États-Unis, les affiches contre Grand Lyon Habitat ont très vite été arrachées. Cela montre que la métropole de Lyon, à qui appartient Grand Lyon Habitat, a peur de voir les habitants du quartier se révolter contre l’injustice que constituent ces frais abusifs prélevés depuis des années.
Le samedi 1er mai, les membres du CPES ont mené plusieurs actions dans le quartier des États-Unis : pendant qu’un groupe tenait une table sur la principale place du quartier, deux autres petits groupes ont participé à une session de porte à porte dans plusieurs bâtiments, afin de faire signer la pétition. L’opération a été un franc succès : malgré la météo pluvieuse, plus de 30 personnes ont signé la pétition sur la table, et une quinzaine d’autres l’ont signée lors du porte à porte. Que ce soit sur la table ou lors du porte à porte, de nombreux habitants ont témoigné de leurs problèmes avec Grand Lyon Habitat, et plusieurs ont affirmé être prêts à participer dans le futur aux actions organisées par le CPES. Plusieurs habitants vivant dans des résidences qui n’appartiennent pas à Grand Lyon Habitat ont également signé la pétition par solidarité avec leurs voisins.
Lors de la session de porte à porte, un rédacteur de La Cause du Peuple était présent pour suivre les membres du CPES dans leur action. Cela a permis à ce rédacteur de visiter les caves d’un immeuble afin de constater le niveau de délabrement. La cave visitée est dans un état alarmant : elle est remplie d’encombrants, dont certains sont là depuis les années 1980 (en témoigne un prospectus datant de 1985 qui y a été trouvé) et la quasi totalité des portes sont fracturées. Pire que tout : une des canalisations de l’immeuble fuit en continu directement dans la cave, et l’eau s’évacue tant bien que mal dans les fondations du bâtiment. Le toit d’où sort le tuyau est gondolé et comporte ce qui semble être le trou d’un ancien tuyau.
Malgré tout cela, les habitants continuent de payer tous les mois des frais de cave compris dans leurs charges locatives. Si le montant des frais spécifiques aux caves n’est pas spécifié sur la quittance de loyer, un habitant a témoigné au CPES qu’il est de 2,50€ par mois. En effet, lorsque cet habitant s’est plaint auprès de Grand Lyon Habitat de l’état de sa cave et des frais payés, une employée lui a répondu avec mépris « vous vous plaignez vraiment pour 2,50€ par mois ? ». Cet habitant a également raconté aux membres du CPES que Grand Lyon Habitat a refusé de rénover sa cave au motif que cela coûterait 7000€, et que le bailleur n’en aurait ainsi pas les moyens. Pourtant, la métropole de Lyon a, pour l’année 2021, un budget de 3,97 milliards d’euros. Grand Lyon Habitat, qui appartient à la métropole, a ainsi bien évidemment les moyens d’investir pour améliorer les conditions de vie des locataires. Par ailleurs, si des frais de cave sont compris dans les charges locatives, c’est précisément pour entretenir les caves, il est alors totalement malhonnête de la part de Grand Lyon Habitat d’affirmer que cela n’est pas possible financièrement.
Face à toutes ces injustices, les habitants du quartier des États-Unis, emmenés par le CPES, ne semblent pas près d’arrêter la lutte. En effet, dans un discours prononcé lors de l’assemblée générale du 25 avril, un membre du CPES a affirmé qu’il est nécessaire d’aller jusqu’au bout, de lutter jusqu’à la victoire.